Tuesday, July 22, 2014

L es Carnets de Joëlle Gayot


Où l’on entend que j’oublie un vers dans Spleen. Ça m’est arrivé pendant des jours avant que je m’en aperçoive (et aucun jeune professeur pour me dire : « Hep ! là, vous en oubliez un… ») J’oublie : « Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances »

« J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.

Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
Cache moins de secrets que mon triste cerveau. 
[…] »

Je crois que j’ai blêmi quand, dans mon lit, dans l’après-midi je m’en suis aperçu… Charles Baudelaire, il est tellement, tellement précis, on ne peut pas lui faire ça… Au début, quand je me battais encore avec la nécessité de faire ce spectacle, je me disais parfois (faussement, le démon) : ce n’est pas à faire parce que Charles Baudelaire fait tout le travail, il ne laisse pas la place (sens : il ne te laisse pas la place). Mais, maintenant, Charles Baudelaire, c’est mon frère.

Je le vénère comme un voyage limpide dans une île où je ne suis encore jamais parvenu, Bali, Bornéo, Sumatra… où je n’irai peut-être jamais — mais mon île, c’est le noir intense de la Condition des soies...

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Ce soir, sixième représentation (en partant de la fin) de Rester vivant, récital de poèmes de Charles Baudelaire qui se donne dans le noir total de la salle ronde de la Condition des soies. Entrée gratuite / sortie payante. A 19h. 13, rue de la Croix.

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6/12


Image Ronan Le Régent d'après l'œuvre de Bruno Perramant, Rigodon.

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L e Régisseur


« Dans les répétitions, Claude Régy nous disait toujours d’écouter le silence parce qu’il nous donne des informations. Mais le silence chez lui est particulier, ce n’est pas seulement se taire mais écouter ce que l’on n’entend pas. »

« — Comment est Claude Régy en répétition ?
— Il nous dit toujours de ne pas parler trop fort. Un jour, il nous a aussi expliqué que la perfection n’existait pas, mais qu’il fallait tout faire pour se retrouver soir après soir dans le même état. Cela m’a fait penser aux premiers mots d’une pièce japonaise classique : « L’eau de la rivière coule toujours, mais l’eau de maintenant n’est jamais l’eau d’avant ». »

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C ’est tout


« Le Masque et la plume », à partir de 47:35
« — Le Conseil d’Odile [Quirot]...
— C’est un spectacle qui est intéressant parce que parfois on entend beaucoup on voit pas grand chose, là, c’est un acteur très singulier, qui s’appelle Yves-Noël Genod, que les spectateurs notamment de Claude Régy ont pu connaître, et il fait maintenant des spectacles solitaires. Son spectacle s’appelle : Rester vivant, c’est un beau titre, c’est tentant. Il le joue dans un espace circulaire, on est entièrement dans le noir et, en fait, on est dans le noir pour entendre, magnifiquement dit, Les Fleurs du mal, de Baudelaire. Et il le fait avec, mais vraiment, beaucoup de, beaucoup de force. C’est très beau. J’ajoute que on paye à la fin, on met des sous dans le chapeau si on est content. C’est tout. »

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