Sunday, September 02, 2012

Coupable


Photo François Stemmer.

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« Si personne ne m’avait dit que c’était l’amour, j’aurais pensé que c’était une épée nue. »

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Let me present


Christine Armanger. Photo François Stemmer.

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« J'irai rejoindre la littérature sous l'herbe. »



François Stemmer qui est arrivé hier a fait des photos si porno de Baptiste que je ne peux les mettre sur ce blog – des fois que des femmes et des enfants liraient. Benoît raconte qu’il avait une tante qui était carmélite et que, dans son carmel, il y avait une usine d’hosties et que, tandis que les autres à l’école à quatre heures avaient des Choco BN, lui, il avait des sacs d’hosties. On passe dans un lieu-dit qui s’appelle Malaveille. On va au Puy-en-Velay. Dans la voiture, Philippe lit des poésies de Houellebecq à haute voix. « La présence subtile, interstitielle de Dieu a disparu », Philippe commente : « Je pense exactement l’inverse, mais c’est pas grave. » Amour, c’est résonance. Chaque fois que j’entre dans une église, ici la cathédrale du Puy – je pense à Pierre. Ma vie commence avec lui. Bien sûr, il me manque. C’est la dernière – et sans doute la première – fois qu’il m’est arrivé de me baigner dans une âme. Non, je me trompe, bien sûr, cet ami adolescent que j’ai toujours, je suis le parrain d’un de ses fils. Mais, Pierre, sa présence est surnaturelle. C’est la tristesse de vivre. Il y a tout, il n’y a rien d’autre que Dieu au milieu. Et, ça, c’est ce que j’ai pu faire de mieux comme rencontre – résonance au milieu, Dieu, cette prison creuse, d’une douceur incomparable, le plus doux des velours, vous ne pourriez pas comprendre. Dans la cathédrale, immédiatement, Benoît se met à prier. On le voit, il est scotché, une statue, puis l’autre, puis l’autre. Il prie à tous les saints. Dans la voiture au retour, il me dit qu’il a prié Zacharie le père de Baptiste (c’était écrit), il a prié pour que ça se passe bien entre moi et Baptiste. Je suis bouleversé. Ma vie s’illumine. Benoît s’est aussi allongé sur une pierre, très belle, de lave noire. C’est la « pierre des fièvres » dont la légende se rattache au songe de Jacob. Philippe (comme nous nous étions perdus dans la ville sublime) prend mon numéro de téléphone. « Et pour finir, la joie ! » Il m’explique que le 58, c’est la joie dans le Yi-King. A saint Jacques, Benoît a demandé « de ne plus chercher, mais de trouver, d’être le troubadour de (s)a vie. » Lorsqu’il m’a dit qu’il avait prié pour Baptiste et moi : « Pour é-ja-cu-la-tion-fa-ciale ? » ai-je demandé...

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Cathédrale Notre-Dame-de-l'Annonciation du Puy-en-Velay






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Malheureusement les acteurs



« La crainte de Catherine Deneuve n’est pas de se laisser regarder, déclarait François Truffaut, mais de se laisser deviner. »

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« Quel est le vrai don de soi ?
– C’est merveille !
La plus belle mélodie, le parfum le meilleur,
la plus belle lumière,
tout monte jusqu’à SON marchepied.
Mais seulement le plus beau, le plus parfait.
Et non les pleurs, le chagrin, le déchirement de soi,
le vacillement.
Tout cela est fumée qui descend,
qui se dépose sur la terre,
et l’enduit d’une couche noire.
La combustion incomplète est fumée.
Si tu retiens le don de toi, c’est chagrin,
tourment, sacrifice incomplet.
Poussière de charbon et non lumière,
non pas transformation, mais désagrégation.
Suie, gaz, demi-combustion, décomposition. »

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Je dirai aux stagiaires



« C’est votre devoir sacré, d’imiter. »
Il y a une chose que je ne comprends pas tout à fait. Je me demande pourquoi, quand je répète pour un spectacle, les comédiens ou les danseurs « s’imitent » eux-mêmes de manière si sacrée, recueillent de manière si consciencieuse, si parcimonieuse leur propre trésor dont ils ne donneront jamais, généreux et avares à la fois, que des miettes, des fragments, des apparences (des lambeaux…), mais qu’ils garderont inentamé, en un sens, leur immense valeur, leur capital – et pourquoi les stagiaires ont l’air de toujours jeter tout d’eux-mêmes (dans la rivière ou les orties, dans la décharge ou dans les pleurs). C’est interdit de rien jeter de soi-même, ça ne se produit pratiquement jamais, parce que les intuitions de distribution sont en général justes, ça ne se produit pas que quelqu’un ne soit pas à sa place et que quelqu’un jette son inintérêt dans les ornières. Ça s’est produit avec Thomas Scimeca à Bologne, il jetait, se jetait (mais ça ne s’était pas produit pendant des dizaines de spectacles). Sarah a montré hier des photos sublimes de Thomas en travelo pour un film où elle était photographe de plateau, il y avait aussi Mathieu Amalric, Olivier Cadiot, un petit film dirigé par « Mario » qui est la préfiguration d’un long, c’était hier, j’étais bourré, c’est tout ce dont je me souviens, mais les photos (milliers de photos) sont sublimes et j’étais heureux de voir Thomas Scimeca, très beau, visiblement heureux.

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Pontempeyrat, la vérité





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Dimanche, quelle profondeur…



Le matin, je passe dans toutes les caravanes pour voir qui a couché avec qui. Je veux que ça se passe bien ! Je vérifie les petits-déjeuners au lit, la satisfaction des filles ou des amants… Je me glisse dans les lits – les couchettes – de mes préférés. Le soir, je ne tiens pas aussi longtemps que les piliers du bar… Je mens un peu, je ne suis pas le dernier à fermer la maison… La lune nous relie avec le reste du monde. Tout le monde semble remarquer – sur Facebook – la pleine lune. On lit les horoscopes. Tout le monde est gentil. Les femmes sont immenses. Sans gêne. Des Madame Sans-Gêne. Natacha Mendes, Julie Menut sont de sacrés numéros. (Elles travaillent sur « Fais-moi confiance », de Falk Richter, ça me fait hurler de rire.) Christine Armanger compose des personnages gothiques d’une grande délicatesse. Anne Isserman, c’est Kate Moss (à la guitare). Nathalie Kousnetzoff a décidé que Falk avait moins de talent que Büchner et donc elle fait le personnage de Marion dans La Mort de Danton.



Philippe Pommier est fou à lier. Très noir, très destructeur, il dit qu’il a un « non » en lui. Méchant comme Céline. Mais il a le goût de la littérature, de la religion, de la profondeur. J’envoie Leïla Brahimi lui river son clou et elle revient en pleurs. Elle est comme un ange, elle pourrait l’éviter, mais elle ne l’évite pas. Leïla est une jeune femme très audacieuse, très délicate, toujours prête à chanter des lendemains meilleurs. Philippe, c’est les fruits noirs… Tout est moche, tout est noir, je lui ai passé les poésies de Houellebecq, « J’aime pas Houellebecq, c’est athée… » Alors j’ai passé à Leïla un morceau de Dialogues avec l’ange, le morceau qui dit que le vrai don de soi est « merveille ». Au boulot, Philippe ! (Il n’y arrivera pas, on ne peut changer.) Philippe écrit. Des choses que j’imagine assez bonnes. Il a l’audace d’un fils de la noirceur. 

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