Thursday, December 20, 2012

Gott spricht nur immer Ja



« Vous savez qu’il y a toute une tradition (...) qui (...) disait que Dieu créait tous les matins des anges qui disparaissaient le soir, des anges, vous savez, comme ces insectes qu’on appelle les éphémères : ils brillent, comme ça, quelques heures et ils disparaissent. »

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Porte-parole (Jouer Dieu)



« et au fond l’ange apparaît comme une sorte de principe d’expression comme un lac, un miroir, qqch qui répond à la douceur du langage et dans lequel cette fureur se reconnaît, s’exprime et apprend à se connaître. Et, de ce point de vue, l’ange, chez Jacob Boehme, c’est ce par quoi la fureur, enfin, je dirais, le désir violent, comme ça, qui est l’origine de tout se transforme en langage. L’ange, c’est le principe même du langage. C’est comme, pour nous, comment est-ce qu'un désir passe à l’état de mots. Et, pour Jacob Boehme, l’ange, ça serait l’extase de la fureur divine et non pas la nôtre. Pour Jacob Boehme, il est vrai aussi que d’être le langage de la nature divine, c’est le but de tous les êtres et que, par conséquent, tout homme doit devenir angélique. Et, d’une certaine manière, parce que l’homme est matériel, qu’il a un corps, il peut pourvoir Dieu d’un langage plus réel encore que celui que les anges donnent à Dieu. C’est-à-dire que la matérialité même des hommes permet la fonction angélique, c’est-à-dire la fonction de création de langage, plus encore que les anges, même si, par ailleurs, il y a une purification nécessaire aux hommes pour pouvoir se débarrasser de leur passions propres et devenir le langage objectif, comme la chair langagière, de la fureur ou de la violence ou du désir divin. » 

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Ludwig, Marie




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Gauche molle



Je n'aperçois pas mon rapport avec Gérard Depardieu. Ni avec Catherine Deneuve. Avec Philippe Torreton, j'en aperçois un : il est de gauche.







Sofie Kokaj
Avec Depardieu, tu as Duras en commun. Et aussi Régy.
Avec Deneuve, les cheveux blonds, la classe et la disponibilité high tech.
L'autre, je ne le connais pas, sinon que c'était le copain de la journaliste, beurk !
Moi, je suis pauvre, mais j'ai directement trouvé le texte de l'acteur rangé : dégueulasse.
Et je suis comme toi d'accord pour le luxe pour tous.
(Marxisme > Communisme > Luxe.)
Love
Ton amie vénitienne, pour toujours






Mais, enfin, Depardieu, c'est la droite dure, qu'est-ce que ça peut faire qu'il ait un jour lointain fait des trucs bien ? Autant excuser Bardot d'être à l'extrême-droite ! Je veux dire, tout le monde est excusable et j'adore Bardot et j'adore Depardieu, mais, enfin, la gauche a quand même été élue dans ce pays pour augmenter les impôts des riches ! (Lui, il a soutenu Sarkozy, bien sûr.) Quel rapport j'ai avec ça ? Je me sens du coup plus proche de Torreton qui s'est d'ailleurs séparé de Claire Chazal (que j'adore et je prends des cours de danse avec elle !) quand il a fallu soutenir Ségolène Royal. J'ai survolé le texte de Philippe Torreton, je n'ai peut-être pas vu ce qu'il avait de « dégueulasse » (Catherine Deneuve va nous l'expliquer demain), mais enfin, moi, j'ai trouvé chouette qu'un acteur se désolidarise de son attitude. Moi (moins connu), je m'en désolidarise... (Et c'est pas parce que j'ai des domestiques au Mexique...) Après, Depardieu, c'est quand même un brave type (c’est tout, Depardieu), mais il a tellement les moyens de faire des conneries ! Bisous,
Ton ami mexicain pour toujours






Je t'aime !
J'ai pas pensé t'embêter au Mexique.
J'aime t'imaginer danser avec Claire, c'est joli, ça. 
Je crois, je n'aime pas les insultes ni les délations, mais c'est de manière enfantine sans doute. 
Tout ce que je lis ne m'aide pas encore (ou ne m'aide plus) à comprendre le rapport à l'argent (« Voir le monde sans soi, pur, enfin lavé de son regard »)... 
Parfois, j'ai l'impression de t'espionner.
Mais c'est pas vrai, j'apprends de toi, comme d'un frère ! Nous amis pour toujours






Love

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7 (la fin du monde)










































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Les Ouvriers éparpillés


Chers amis,

On m'apprend de France que le critique Jean-Marc Lalanne — que je ne connais pas personnellement, mais que je vais remercier — nous  a comptés dans son Top 5 des meilleurs spectacles de l'année (dans « Les Inrockuptibles »). C’est drôle comme ce genre de choses fait plaisir ! surtout par les temps qui courent... 

Je vous aurais très volontiers offert le champagne à cette occasion, j'en aurais eu tant de plaisir ! mais nous sommes tous dispersés — n’est-ce pas ? — et, moi, dans un exil merveilleux au pays du « Chic by Accident » : vous vous souvenez que j’avais emprunté le titre à un ami que j’ai ici, au Mexique, Emmanuel Picault, dont c’est le nom de marque ?

Je me contenterai donc de vous souhaiter à tous de classiques très bonnes fêtes ! puisque nous supposerons ce soir que les Mayas se sont trompés — ou l’interprétation de leur prédiction — et que la fin du monde n’aura pas lieu demain !

Bien à vous, je vous embrasse, 

Yves-Noël






Bonjour Jean-Marc Lalanne,


On m'apprend de France — car je suis en ce moment au Mexique — que vous nous avez classés — une fois encore — dans votre Top 5 : ça me va au cœur, vous imaginez bien ! surtout par les temps qui courent...


Et vous avez raison ! Chic by Accident est aussi mon préféré parmi les huit spectacles que j'ai créés la saison passée. A propos, saviez-vous que j'ai emprunté le titre à un très bon ami que j'ai ici, au Mexique, Emmanuel Picault, dont c'est le nom de marque ?


Au plaisir, passez de très bonnes fêtes !


Yves-Noël Genod

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Mexicaine



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La Casa que quieras donde la quieras



Llevaban ellos sendas escopetas, Ils portaient chacun un fusil de chasse, j’apprenais la grammaire espagnole avec un livre en français que j’avais trouvé dans une librairie d’occasion, Nouvelle grammaire espagnole, de chez Nathan, 1985. Bref, je retournais à l’école, mais c’était l’école de la nature : j’étais dans la région de Tepotzlan, au-dessus du studio de cinéma de Carlos Reygadas. Je m’étais déshabillé, j’étais allongé sur les aiguilles d’un bois de pins. L’air était frais et suave comme au bord de la mer, en Bretagne, les belles journées. On entendait les bruits de la journée, les bruits de midi très dilués tellement, en effet, la région était vaste et calme comme au bord de la mer. Cristian devait faire des essais dans ce studio et Eva avait proposé — puisque j’aimais tant le dernier film de Carlos Reygadas (que j’avais déjà vu 2 fois) — que je l’accompagne. J’étais très attiré et intimidé car la région — l’une des plus belles du monde — est sublimement filmée dans Post Tenebras Lux. Les montagnes — volcanique, mais Cristian n’était pas sûr * — me rappelait dans leur formes inédites et miraculeuses, sculptées, celles que j’imaginais du Vietnam. Dans la voiture, on avait d’abord écouté les Swans, puis un très bel exposé de Michel de Certeau sur les anges **. A une phrase qui disait : « le désir violent, comme ça, qui est l’origine de tout », Cristian s’exclamait : « Je le savais ! » et me demandait de noter ce passage. Oui, le désir violent qui est à l’origine de tout et Cristian était l’homme et, moi, j’étais l’ange ! Quant à Carlos Reygadas, il était le plus aimable des dieux, mon nouveau Dieu, mon nouveau départ d’« adoration » (comme l’avait bien remarqué Aurélie Charon). Il faudrait que je réécoute cet enregistrement car ce qui y était dit était magnifique et magique. A un moment, Michel de Certeau parlait des premiers anges qui étaient des anges musiciens : « il dit qu’il y a du dire, musicalement ». Puis était apparu l’ange écrivain. Mais Michel de Certeau disait encore qqch de très beau à propos de cette écriture : « ça s’écrit au fur et à mesure que l’ange disparaît ». C’est ce que je retrouvais maintenant, que j’avais noté dans les soubresauts de la voiture. Carlos Reygadas m’avait parlé de la difficulté d’apprendre l’espagnol, je disais qu’en effet, je ne comprenais pas grand chose à ce qui se passait autour de moi, mais que, justement, j’avais ce plaisir intense, avec le cinéma, de ne pas comprendre. Je lui disais que je ne comprenais même pas qu’il n’y ait pas, à Paris, une salle de projection de copies originales sans sous-titres, tellement, pour moi, le plaisir était intense de voir les films (à l’étranger) sans en comprendre un mot. Il était d’accord, lui aussi disait qu’il aimait ça. A l’étranger, je me précipitais dans les salles. 
...
J’avais changé de coin. Les chiens de la vallée s’étaient inquiétés de ma présence dénudée étrangère (parlant français aux perros). J’avais quitté le bois de pins et j’avais grimpé plus haut, plus haut vers l’Ange, sur la montagne mystique. J’avais remarqué, à Tepotzlan, l’indication d’une « Valle Mistico ». Un village — ou un hôtel — dont Cristian m’avait dit qu’il était pour les touristes. De toute manière, touristes, oui, de la réalité, nous l’étions ; n’avions-nous pas imaginer que Dieu nous avait placé dans son jardin ? Oui, nous ne savions pas trop quoi faire en ce jardin et de notre présence abandonnée, mortelle, individuelle, « consciente », mais, certains le savaient mieux que d’autres : Carlos Reygadas... Et même si « Les Inrocks » m’avaient placé dans le Top 5 des critiques du journal pour l’année 2012 — et avait détruit, saccagé le film de Reygadas (je crois que le mot « navet » avait été prononcé), je ne saurais, vous l’avez compris, trop vous conseiller d’épouser comme moi la cause de ce cinéaste ; le critique qui m’avait placé dans son Top 5, Jean-Marc Lalanne, n’avait-il pas placé avant moi — médaille d’or, j’avais celle de bronze — un spectacle que j’avais détesté au point d’en avoir parlé ici et fait de la peine à son auteur avec qui, je l’avais oublié, j’étais ami sur Facebook ? On n’en finirait jamais de disserter sur les effets pervers et bénéfiques de Facebook. J’avais récemment supprimer de mes « amis » Patrick Sommier, le directeur de la MC93 (de Bobigny) parce qu’il n’en pouvait plus de soutenir Gérard Depardieu, de le défendre bec et ongles et, franchement, je ne voyais pas, là, ce qu’il y avait à défendre de Gérard Depardieu. Philippe Torreton avait peut-être moins de talent, mais, au moins, il était de gauche. Gérard Depardieu, c’était (maintenant) la droite dure. La droite, la gauche, c’était toujours ce problème, et je sentais que, dans l’époque en crise qui allait s’amplifier, cet antagonisme allait s’exacerber. C’était inévitable. Pour le moment, je me plaçais dans la gauche molle et Depardieu dans la droite dure. Il n’y avait ni « lynchage » ni « talent » dans cette histoire, uniquement la guerre.






* En fait, comme l’a expliqué plus tard Carlos Reygadas, c’est de la cendre agglomérée et érodée. C’est d’une beauté infinie, comme des châteaux,  une ville de science-fiction qui entoure la maison de Carlos Reygadas. « Infinie » parce qu’on ne se baigne jamais deux fois dans la lumière qui sculpte — comme les cathédrales de Monet — ces montagnes. Infinie et tragique.

Le jardin (infini) qui entoure cette maison de bois comme suspendue dans le paysage au dessus d’une piscine d’eau de pluie (où je me suis baigné) ferait s’évanouir Gilles Clément (que ne connait pas Carlos Reygadas), « jardin planétaire », « jardin en mouvement », « tiers paysage », « homme symbiotique »...

** On trouve ici cet exposé.

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Origine

Encore une fête !


(Chez Emmanuel Picault, photos Marie Taillefer.)

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L’autre côté du jardin


« De ses premiers moments de liberté, Marc Machin a retenu « le ciel », le fait de « regarder les nuages... voir des fleurs, la nature ». « Chez Josette [sa visiteuse de prison], j'ai mangé quelques framboises. Ce p'tit goût juteux, là (...) Et puis j'ai touché, caressé la rosée du matin. C'est très agréable, ça m'avait manqué », a-t-il raconté. Aujourd'hui, Marc Machin souhaite devenir « palefrenier », pour « allier passion et profession ».
Interrogé sur son quotidien pendant six ans et dix mois passés en prison, il a parlé d'une « survie, pas d'une vie » et s'est « étonné d'avoir tenu le coup ». « Aujourd'hui, je suis fier de ne pas m'être suicidé », a-t-il expliqué, petit crucifix doré bien en vue sur un sweat-shirt blanc, ajoutant : « Dans le mot désespoir, il y a espoir ». Marc Machin a aussi détaillé ses années où « on ne peut pas manger à sa faim », « où il faut l'autorisation pour aller se doucher trois fois par semaine », « où il y a les altercations avec les autres détenus ». »

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