Saturday, November 17, 2018

L e photographe Yang Wang m'envoie ses photos de Racine et Fleurs, la pièce présentée à Versailles le 23 septembre (2)


Avec, sur ces photos, les danseurs Baptiste Ménard, Liam Warren, Hugo Fernández

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L e Chevalier de la barre


A Boris

Il faut que je lise les maximes de La Rochefoucauld. Evidemment, je ne recopierai rien ici — ou tout — ça n’aurait pas de sens, c’est déjà une collection. Mais puisqu’hier l’une d’elles, dans ce livre encore non lu, m’a frappé, rue du Chevalier de la Barre : « Il semble que c'est le diable qui a tout exprès placé la paresse à la frontière de plusieurs vertus. »

Il y a un jeu que m’a appris Boris, c’est le jeu des titres de film porno. Quand, dans la conversation, on en entend un, on ajoute « tilt » pour le faire remarquer. Si on y pense, ça vient assez facilement. (C’est un jeu pour jouer en Corse, par exemple (en parler à Nathalie).) Exemple, je ne sais pas, il y en a eu plusieurs dans la soirée, mais celui-ci, puisque je l’ai noté : « L’Ancien Client Prend Sa Revanche ».

Ensuite, il y a eu cette espèce de partouze où je ne vais que parce que c’est à côté de chez moi, je dis « espèce » parce que c’est à chaque fois différent. Ce n’est pas que j’y fasse grand chose, je n’intéresse personne (et c’est réciproque). Je ne fais rien que discuter avec des amis ou des déjà connaissances que j’y rencontre, tout en m’émerveillant de l’absolue routine de voir autour de moi des singes en érection (majorité d’homos, mais pas queue). « C’est incroyable comme on s’habitue à tout », dit, à un moment, Jean-Charles, lui-même dans un degré d’excitation assez faible (à l’heure où je suis parti, il avait quand même réussi à en sucer une belle, de queue, celle d'un Thomas assis à côté de lui sur un canapé (avec des amis) qui à un moment s’est présenté à moi : je ne le connaissais plus ou moins que de FesseBook, mais lui avait bien vu plusieurs de mes spectacles, très belle pour ceux qui les aime (sa queue) (ce n’est malheureusement pas mon cas) (mais ce matin, je lui écris quand même un petit mot aimable : « Trop touchant de te voir hier EN ENTIER. J’ai admiré ta beauté »)). Ultra moderne solitude. Ou éternelle, allez savoir. En tout cas, pas idéale, c’est sûr. Ou peut-être idéale, allez savoir. De temps en temps, un couple plus animal, plus singe, plus amoureux, plus enthousiaste, c’est-à-dire moins mélancolique nous fait envie, j’en fais remarquer un à Jean-Charles « pas dans le mood ». L’amitié : regarder ensemble dans la même direction. A un moment, tout le monde de la masse agglutinée comme des abeilles se met à applaudir parce que, me rapporte-t-on ensuite, une fille a joui alors qu'elle est dans le sling (ça s’appelle comme ça, le truc suspendu ?) (pour dire comme c’est rare) (une jolie fille, sans doute) (applaudie par les pédés, c’est beau) (mais je ne l’ai pas vue). J'y croise, dans la mêlée, entre autres, Arthur Dreyfus, repérable parce qu’il garde, en plus de ses chaussures comme tout le monde, sa casquette, ce qui le rend unique, ça, c’est les stars, le petit détail qui suffit à les détacher de la foule. La deuxième fois (la première il se présente : « Bonjour, c’est Arthur… — Arthur ? — Dreyfus. — Ah-d’accord » (toute la journée, j’entends ce « Ah-d’accord » sans virgule que je prononce comme une citation de ma mère)), il vient vers moi et me dit : « A quoi penses-tu  ? »  « Toujours littéraire... », je réplique. Mais c’est vrai que ne faisant rien, à poil, debout au milieu d’une partouze, avec un vague sourire, mais souvent les bras croisés que, quand je m’en aperçois, je décroise, j’imagine que j’ai l’air — au mieux — de penser. Cette question, dans ce contexte, n’en est pas moins littéraire, n’est-ce pas ? Je n’ai lu encore aucun de ses livres. Il faudra que je lui demande par lequel commencer… J’aime beaucoup Arthur Dreyfus, ses prises de position...




J'ajoute que je le recroise quelques jours plus tard (dans la loge de Gérard Depardieu au Cirque d'Hiver). « On se voit tout le temps ! », me dit-il, et je lui demande alors par quel livre commencer à le lire. « Par le prochain ! — Qui a un titre ?... — C'est mon journal sexuel... — Il sortira quand ? — Dans un an. — Mais avant ? — Histoire de ma sexualité. »

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L es Compliments


Tu es sublime — si réelle — dans ce film sublime que nous venons de voir, Dominique et moi, Cold War (c'est elle qui m'y a amené, je ne connaissais pas). J'arrive même pas à imaginer comment une chose si belle et si précise est possible. Je t'embrasse aussi pour t'avoir entendu chanter 'Naviguer, c'est précis...' dans la reprise à Lausanne de Rester vivant, le spectacle sur Baudelaire où Benoît Pelé, toujours amoureux de toi, réussit encore à faire entendre ta très pure voix parmi toutes mes voix sépulcrales. J'ai vu que vous alliez travailler sur Racine. Hâte de voir ça ! Je viens, moi, d'étudier Phèdre (aussi à Lausanne), c'est très, très beau, mais tu le sais (moi, je l'ai découvert). Des bises, Yvno

Il est très fort, ton film, comme objet, très surprenant — et beaucoup de tendresse aussi — et d'inconscient. En plus, il se mélange très bien avec d'autres films (par exemple celui que j'ai vu la veille), il apprend qu'on peut mélanger les films. J'aime beaucoup,  Yvno

Quelle soirée sidérante ! Bouleversante ! Et c’est chez toi que ça se passe. Pour être franc, tout ce que j’ai rêvé de faire à l’Opéra-Comique était là ce soir. Bravo ! J’ai eu beaucoup de chance de vivre ça ! 
Je pourrais t’en parler pendant des heures, mais à quoi bon, tout est juste et limpide, généreux et sublime,
Yves-Noël

Mon Dieu, tu es si beau avec tes grands yeux — et en plus pas méchant ! J’ai été absolument enchanté (touché) de te rencontrer ce soir (dans cette soirée de nouveau monde) !
Toute mon amitié, très cher Paul, j’aimerais bien sûr te connaître (te connaître serait te dévorer des yeux), mais nous nous reverrons, n’est-ce pas ?
Yves-Noël 
(Puisque j'ai ton numéro — dont je n’oserai rien faire —, voici le mien : 06 84 60 94 58)

Merci infiniment, Yang, pour vos photos sublimes ! D’autant plus précieuses qu’elles rendent compte d’un événement rare enfoui dans mon cœur !
Yves-Noël

Quelle merveille, Jean-Paul, grâce à vous, d'avoir pu encore une fois venir téter au génie de Gérard ! Et de Barbara ! C'est comme une drogue, mais qui réconcilie avec le présent, avec le monde tel qu'il est (comme il/elle le dit : horreur et beauté). C'est d'une précision insensée, ce que fait Gérard, c'est une leçon, une ambition s'il peut jamais en exister une. Je viens de travailler Phèdre en Suisse (Dominique l'a vue) et, hier, pour moi, Gérard et Barbara jouaient Phèdre aussi, jouaient ensemble la langue miraculeuse de Racine à la perfection... Merci infiniment pour ce cadeau inouï ! Yves-Noël

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P aris m'enchaîne


Paris est une horrible maîtresse ! J’ai décidé de passer avec elle toute une semaine et la garce ne m’a pas déçu ! Elle m’a envoyé au ciel tous les soirs, je n’y ai vu que des chefs d’œuvre. Dimanche, Olivier Saillard donnait, au CND, à Pantin, l’une des plus belles performances que j’ai jamais vue, une perfection, délicatesse d’amitié, de beauté comme touchée et de conversation. Lundi, dans l’amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne, les Grand Magasin donnait une géniale leçon de grammaire tumultueuse et abyssale (encore lundi prochain, le 19, entrée libre sur inscription). Mardi, le film inoubliable qui colle au cerveau comme un poison, de Pawel Pawlikowski, Cold War (en salle). Mercredi, mon ami César Vayssié présentait en avant-première à la Gaité Lyrique un chef d’œuvre, Ne travaille pas, film très simple, très astucieux (godardien) et très vaste sur le même thème d'ailleurs que celui de la veille : du cinéma éternel de l’amour et du monde (prochainement au Nouvel Odéon). Jeudi était (bien sûr) le jour de Donnerstag aus Licht, à l'Opéra Comique, l’une des parties de cet opéra de Karlheinz Stockhausen de vingt-neuf heures dont les sept parties (indépendantes) sont les jours de la semaine : incroyable spectacle pince-moi-je-rêve mis en scène par mon ami Benjamin Lazar ; je n’ai rien à en dire sauf que c’est la chose la plus généreuse que j’ai jamais vue, proprement inimaginable, comme si l’Opéra Comique était en flammes, une chose inouïe, une splendeur absolue, « quatre ans de travail », me disait Benjamin, et ça ne se joue que trois fois ! et, donc, c’est là que je voulais en venir : PRECIPITEZ-VOUS ce soir toute affaire cessante (attention : à 18h30) : une absolue vérité de l’art se situe là. Vendredi, retour à Depardieu chante Barbara dont c’était la dernière au Cirque d’Hiver (il joue ce soir à Bruxelles) pour retéter le génie de Gérard (et de Barbara), réapprendre la leçon et l’ambition auprès du seul maître en France, drogue liquide du présent et de la mise au monde du monde. Ce soir, j’ai bien sûr encore quelque chose, mais je ne vous en parle pas, je suis superstitieux... 




Samedi : Le Grand sommeil, de Marion Siéfert et Helena de Laurens : sublimissime. Dernière au théâtre de la Commune à Aubervilliers, mais reprise cette semaine à la Ménagerie de Verre. (Donnerstag aus Licht se joue aussi encore lundi.)


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L e photographe Yang Wang m'envoie ses photos de Racine et Fleurs, la pièce présentée à Versailles le 23 septembre


Avec, sur ces photos, les danseurs Hugo Fernández, Matthew Bade, Simon Erin, Pierre Guibault, Liam Warren

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