Saturday, December 09, 2017

Yvno,
Je  lis ton txt « L’Amitié »  sur ton blog
Merci
Ça m’aide à vivre (Faire du théâtre)
Gwen

Ah, ça me va au cœur que ce texte t’ai touché ! 
Bon courage, très cher Gwenaël. Tu es le meilleur ! De loin. Et si tu arrêtais ce serait pire que la mort de Johnny : planétaire !
Je regrette toujours d’être enfermé à Paris et de ne pas descendre illico voir tes spectacles. Tu le mériterais. C’est très beau, le récit en images de Marie-Claire…
Yvno

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L es Obsèques d’une vedette


« Les obsèques d’une vedette donnent généralement lieu à un défilé de vedettes : proches du défunt, collègues de travail, veuves noires, maîtresses éplorées, enfants des trois derniers mariages. Familles pas comme les autres. Le signe distinctif, et plus précisément la tenue réglementaire de la cérémonie, se réduit le plus souvent à la paire de lunettes noires dont la fonction consiste moins à dissimuler le visage qu’à montrer qu’on le dissimule, pour éviter d’être reconnu, selon le syllogisme suivant : seuls les gens célèbres se cachent, or des gens se cachent, donc ces gens sont célèbres. Le désir de n’être pas reconnu s’accompagne du désir de montrer son désir de n’être pas reconnu. Cette façon d’exhiber qu’elles n’exhibent pas leur peine, de faire remarquer qu’elles souhaitent ne pas se faire remarquer suggère que, finalement, comme tout le monde, les vedettes ont un cœur, des faiblesses, des failles bourrées d’humanité. Pourtant leur souffrance est double. Victimes du deuil qui les affecte elles le sont tout autant des voyeurs (nous) qui les traquent et les harcèlent dans leur douleur (victimes d’être victimes, en quelque sorte). Contenue derrière de solides barrières anti-émeutes, la « foule des anonymes venue rendre un dernier hommage » (nous) est parcourue de frissons qu’écrase un silence à reniflements. Qu’il est triste de voir souffrir des demi-dieux ! Qu’il est touchant d’être témoin de tant de tristesse, de tant de tristesse quand même. L’émotion funèbre (voir passer un corbillard ne fait jamais de bien) s’accompagne d’une émotion mondaine (voir passer un plateau télé ne fait jamais de mal). Mais revenons à leurs lunettes noires. L’accessoire est investi d’une mission comparable à celle que l’on attribue aux piolets que les guides de haute montagne brandissent solennellement lors des obsèques d’un des leurs. Le piolet représente la profession exercée par l’outil. Mais alors que le piolet est un véritable outil qui prolonge le véritable « travail » du véritable guide chamoniard et l’aide dans sa véritable ascension, la paire de lunettes noires est un outil qui dissimule l'outil (la célébrité) et indique que l’ascension est terminée. C’est un outil censé diluer l’une des fonctions capitales de la célébrité, fonction qui, comme chacun sait, consiste pour une bonne part à être reconnu. La paire de lunettes noires est donc un outil de reconnaissance et d’identité parce qu’il est censé annuler l’une et l’autre (on reconnaît une vedette à ce qu’elle ne veut pas être reconnue). »  

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« Découverte d’un désert 
Où la lumière est timide »

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