Saturday, May 26, 2018

« Sans divertissement, il n’y a point de joie. Avec le divertissement il n’y a point de tristesse, soutenait ainsi le philosophe janséniste. »

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V enez nombreux et généreux



N ous ne sommes pas symétriques


Laurent Chétouane voudrait travailler sur la « pensée de la fin ». Il y a cet opus 131, de Beethoven, une des dernières œuvres, Beethoven est sourd, complètement dans son monde, il détruit lui-même ce qu’il a composé. (Détruire, dit-elle.) Il essaye de trouver autre chose sans proposer autre chose. C’est une pièce de fin de carrière qui ne propose pas un avenir, une énergie qui ne dit pas sur quoi elle est. Laurent Chétouane voudrait travailler sur ce thème : en pensant sa propre fin, s’ouvrir à un avenir possible qu’on ne connaît pas. Dans les silences de la destruction, on entend ce qui va venir après. Comme un courant d’air qui veut circuler. Deux solutions : laisser l’avenir venir ou l’anticiper (ce qui implique des catastrophes, des « révolutions »). Comment s’ouvrir à un avenir sans proposer des solutions concrètes ? Eh bien, c’est sur quoi nous voulons travailler (ce sur quoi nous travaillons déjà). Beethoven amène à son apogée une forme et, à la fin, il la questionne. Le Dispariteur. Les formes peuvent disparaître. Cette énergie de brisures annonce Stravinsky. La musique, dit Jean-Luc Nancy, fait sens pour toi, mais ça n’a pas de sens — peut-être le seul élément qui pourrait faire démocratie (parce qu’elle ne fait pas sens). L’avenir ? comment le vois-tu ? Fin de partie. Beaucoup plus dans l’instant. Dépassé par la globalité. Entraide sur du local en dehors d'une sphère économique qui tournera toute seule. Façon de survivre qui, en même temps, pourrait être une belle forme de vie. La résistance au nouveau, c’est aussi parce qu’on n’est pas capable de penser le nouveau. On n'arrive pas à lire notre époque, on n’arrive pas à « distinguer » (disait César hier soir). Et si on apprenait à écouter notre cœur, à gauche ? 

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V illa « Le Lac »



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L e Chic


Karim Bel Kacem avait invité César Vayssié à visionner le film de Godard dans le studio de montage où il avait été monté, à cinq cents mètres de l’Arsenic, et il m’avait invité aussi, mais je n’avais pas vu le message à temps (pour me joindre vite, c’est l’autre compte, celui qui est sur mon téléphone). A la place, j’étais allé voir un spectacle pour enfant à Bern (très bien) avant de revenir dare-dare au bord du lac pour voir les couilles de Foofwa d’Immobilité ; je dis les couilles car j’ai adoré l’expérience de son spectacle nocturne et onirique et dangereux, mais je m’aperçois aujourd’hui que j’ai quand même bien maté, dans cette backroom (elles m'obsèdent). Et puis, après avoir déposé Foofwa à la gare (avec une tendresse dont je ne me rends compte qu’aujourd’hui qu’elle était finalement sexuelle), j’avais remonté la pente pour participer à la discussion d’après le film de César : UFE. Je ne comprends jamais rien à ces discussions où on emploie le terme « révolution » apparemment avec une connotation positive, légendaire : pour moi c’est comme si on parlait de la Shoah en ces termes. En parler avec des étoiles dans les yeux, je ne trouve pas ça politiquement correct, même pour finir, avec cette nostalgie qui nous anime toujours, par la reconnaître impossible. Tchekhov… Mais, enfin, peu importe. Ce qu’il se passait, c’est qu’on était dehors, on était sous les arbres (qui écoutaient nos voix, pas nos paroles), la journée avait été brûlante, je buvais un spritz (Venise n’est pas en Italie) et je fumais même une cigarette volée à Patrick pour le plaisir de faire les choses « comme les grands », j’aimais mon ennui. Oui, finalement, c’est l’expression qui me vient : quand je ne joue pas sur un plateau, j'aime l'ennui. J’avais écrit cette phrase dans mon carnet : « Je suis un incompris, mais je m'en fiche ». Et j’aimais que ces hommes et ces femmes eussent parlé, parlassent, parlassiassent — quel dommage qu’on ne sache plus parler — de révolution de manière si virile, de passage à l’acte, etc. Et d’art aussi, il faut ajouter, et de la situation en France, en Suisse et puis ensuite tous les cafés avaient été fermés, et alors, chez Anne, on avait même parlé de moi — ce n’était pas ce que j’avais préféré —, pourquoi je n’arrivais pas à trouver un producteur et pourquoi je me morfondais dans mon malheur, comme ça, et pourquoi pas, merde, si ça me plaisait de mourir ! Ça ne vous plaît pas, à vous ? J’aime beaucoup César et j’acceptais de traîner avec lui dans cette fatigue que je n’allais pas pouvoir rattraper, définitive comme une drogue, un nouvel art de vivre, cigarette, spritz et « révolution » impossible.

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C ontre le stress


1) Contre le stress il y a la gemmothérapie qui peut marcher (sur moi, en tout cas) ou, on m’a dit, les fleurs de Bach.
2) « Mes textes existent sur le papier, et je trouve que cela leur va bien, je ne sais pas s’ils y sont plus libres, mais c’est une forme d’écoute qui se crée ainsi et qui me convient. Une écoute me plaçant certes dans une forme de danger, mais un danger bien moins puissant que celui du partage direct, dans le moment, j’en suis consciente, d’ailleurs c’est sûrement pour cela que j’essaye de me convaincre aussi fortement que la juste place de mes textes est le papier, l’écrit, j’ai encore sûrement trop peur des autres formes… » Tu as parfaitement raison. Un comédien joue au théâtre parce que, pour lui, c’est plus facile d’être au monde sur un plateau avec un public, un écrivain écrit pour la même raison : c’est plus facile par l’écriture que sans (sinon il n’écrirait pas, Duras en a bien parlé). Donc tu n’es pas du tout obligée d’être à l’aise sur scène ; en effet, ça n’a rien à voir. Tu peux peut-être imaginer une manière ou tu serais moins exposée, un enregistrement, un film, faire dire tes textes par un autre, je ne sais pas... Gilles a dit que vous aviez toute latitude… La timidité, la fragilité sont de belles choses à montrer sur scène, mais encore faut-il leur survivre !
YN

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