Saturday, March 17, 2018

« il disait : pourquoi j’écris (en gros), j’écris pour moi, pour quelques amis et pour adoucir le passage du temps. »

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L’idée, ce serait de montrer que le paradis est toujours là à nos cotés, non dévoilé (sens premier de l'Apocalypse, le dévoilement) ? 
Et que Eve en rêve essai de l’invoquer ?
C'est beau !
Ca me fait penser à une Légende hassidique que cite Benjamin
Un rabin demande à Dieu à quoi ressemble le paradis
et Dieu lui répond :
C'est exactement la même chose qu'ici 
à un détail près.
Biz

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P our le Salon de la Mise en Scène à la Ménagerie de verre (proochainement)


Avoir un lieu 

« Rien n’aura eu lieu que le lieu »
Les mises en scènes seront le lieu
Le lieu sera mis en scène 
Nul besoin de « contenu », de « pièces »
ou bien une seule pièce comme on disait de celles de Pina Bausch 
(« Ein Stück von Pina Bausch »)

Le lieu est la mise en scène
C’est-à-dire qu’il s’agit d’environnement
Nous sommes l’environnement
« I am what is around me »
dit le poète Wallace Stevens dans un poème
qui s’appelle Theory
« Les femmes savent cela
On n’est pas duchesse 
A cent mètres de son carrosse.

Soient donc ces portraits : 
Un vestibule sombre ;
Un lit à baldaquin. 

Ce ne sont là que des exemples. »

J’ai eu ce lieu parfois 
cette préfiguration de lieu
A Lyon, Gwenaël Morin m’a prêté son lieu pendant cinq mois
J’ai fait huit spectacles
A Avignon, j’ai joué à La Condition des soies
et j’ai rêvé en faire la programmation toute entière
Mais on s’est fait raflé la mise 
par une plus volontaire et plus intrigante qui a racheté

Aux Bouffes du Nord dont mon appartement 
tout petit, mais tout près 
en est la loge
j’ai eu le sentiment d’entrer dans un lieu
non créé par moi 
mais par l’art infini du maître
mais que je pouvais utiliser

Dans ce lieu : des son-et-lumière
Acteurs si besoin 
Danseurs si besoin
Chanteurs si besoin
Circassiens si besoin
Gens de la rue si besoin
Public si besoin

« L’idéal, ce serait des costumes avec personne dedans »
répétais-je souvent aux Bouffes du Nord pour 1er Avril

Oui, on peut tout jouer 
et c’est vide

C’est cela : c’est vide
Il n’y a personne 
Rien n’aura eu lieu que le lieu
C’est cela qui est émouvant
Le rien, mais avec splendeur

Yves-Noël Genod

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P hotos d'Anne Issermann


Aidan Amore dans Hamlet Unlimited au théâtre de Vanves

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L e Projet Adam&Eve


L’Amour des choses mortelles

Nous sommes un petit groupe d’artistes émus par l’art des commencements, des genèses, des états d’apparition (comme disait Marguerite Duras), de ce qui advient. Pedro Garcia Velasquez, compositeur (dernière œuvre : Inicio), Philippe Gladieux, artiste de la lumière avec qui je travaille depuis des années, notamment à des son-et-lumière, Fabrice Reymond, écrivain (auteur de Anabase, terme qu'il faut entendre comme « remontée, retour aux origines ») pour le livret ; équipe à laquelle j’aimerais associer, pour la scénographie, le peintre Bruno Perramant. Je me charge de la mise en scène. Voilà donc ceux qui se réunissent depuis deux ans à Paris ou à Vézelay (résidences à la Maison de la Voix) autour d’un projet opéradique (comme l'écrit Arthur Rimbaud) intitulé (titre de travail) : Adam&Eve. Nous cherchons actuellement un (ou une) producteur (trice) délégué (e) (il y en avait un, mais qui nous a lâché). Le projet se définit sous une forme relativement légère, soit six-sept musiciens au plateau (dont un chef), quatre soprano, un ténor et un baryton.  Régisseur général...

L’idée en était venue avec les chanteurs de 1er Avril, aux Bouffes du Nord, pour avoir constaté que le trio formé par la soprano Eve, le ténor Adam et le baryton serpent (celui qui fout la merde) était l’archétype que l’on retrouve dans presque tous les opéras, sans que jusqu’à présent il n’y en ait eu, à notre connaissance, de cette histoire : Adam & Eve 

Ce qui nous intéresse, c’est le temps, c’est la vie unique, l’entrée dans la vie mortelle que connaissent Adam & Eve chassés du jardin d'Eden 
Et ce qui nous intéresse, c’est Eve 
Et, bien sûr, pas Eve, mais la femme réelle, celle qui n’est pas Eve, justement, pas cette image, non, mais la mal connue, respectée par le poète (« Plein de mérites, mais en poète / l’homme habite sur cette terre », écrit Friedrich Hölderlin) pour sa fragilité essentielle, sa non-nécessité, sa mystérieuse douleur, son existence singulière

Plus une Marie-Madeleine, peut-être, qu'une Eve

L’idée est donc de décliner le personnage selon quatre âges. Une adolescente, une jeune femme, une femme mûre et une vieillarde. Pedro Garcia-Velazquez se réjouit d’écrire des partitions adaptées aux possibilités vocales de chaque femme 

Adam et le serpent, ténor et baryton, sont imaginés par Eve, déclinés ; ce sont des rêves d’Eve, des fabrications. Comme dans la nouvelle Les Ruines circulaires de Jose Luis Borges. Ou comme Sylvie Vartan qui chante, après sa mort, en duo avec l'hologramme de Johnny. Après tout, Eve est au centre de l’histoire biblique. Et, après tout, Dieu n’est pas marié. C’est un ensemble sur la beauté, l’apparition de la beauté qui n’est pas un idéal, mais une incarnation dans l’existence terrestre, mortelle (et renouvelée) et c’est un opéra aussi sur la naissance de la musique, son apparition. Comme disait Stephen Hawking récemment décédé : avant, il n’y a pas d’avant puisqu’il n’y a pas de temps. C’est depuis que nous y apparaissons, dans le temps, qu’il y a l'avant, l'après et qu’il y a aussi ce présent qui est peut-être bien notre paradis perdu 

Comme l’écrit Franz Kafka avec une visée très gnostique, (c’est-à-dire proche de la parole de Jésus) : « Il est parfaitement concevable que la splendeur de la vie se tienne prête à côté de chaque être et toujours dans sa plénitude, mais qu'elle soit voilée, enfouie dans les profondeurs, invisible, lointaine. Elle est pourtant là, ni hostile ni malveillante, ni sourde ; qu'on l'invoque par le mot juste, par son nom juste, et elle vient. C'est là l'essence de la magie qui ne crée pas, mais invoque. » Dans l’évangile de Philippe retrouvé enfoui dans le désert, Jésus dit : « Ceux qui disent qu’on va d’abord mourir et ressusciter ensuite sont dans l’erreur. Celui qui n’est pas ressuscité avant de mourir ne connaît rien, il mourra. » Très justement


Yves-Noël Genod

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