Sunday, June 23, 2019

Merci, Matthieu ! 
Tu ne peux pas savoir comme je suis nostalgique de ces trois jours à Santa Teresa. C’est comme un secret que je trimballe avec moi, ici, à Paris. Même lumière qu’à Rio, à peu près, mais atmosphère beaucoup plus polluée… Vous avez la mer et la forêt, vous…
T’embrasse — avec toujours le rêve de revenir bientôt…
Yves-Noël 

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E tre une grande actrice (pour Alain Klinger)


Alain Klinger m’a demandé s’il pouvait imaginer un spectacle avec des textes issus de mon blog, ceux qui peuvent se regrouper autour des réflexions sur le jeu d’acteur, « sorte de Lettres à un jeune intermittent (cela pourrait s’appeler Je veux que tu ne joues pas, par exemple) » et il conclut avec humour : « J’ai envie d’évangéliser les foules avec Genod ». Eh bien, aussi, comme c’est dur pour Ireïna de comprendre qu’il n’y a qu’une chose à faire et pas deux, être bonne et pas mauvaise. C’est ce que dit Michel Houellebecq dans son texte Rester vivant (que je joue mercredi et jeudi au café Pas Si Loin) et que j’ai mis longtemps à comprendre sous cette forme : « Vous êtes riches. Vous connaissez le Bien, vous connaissez le Mal. Ne renoncez jamais à les séparer ; ne vous laissez pas engluer dans la tolérance, ce pauvre stigmate de l’âge. La poésie est en mesure d’établir des vérités morales définitives. Vous devez haïr la liberté de toutes vos forces. » En effet, Ireïna est inégale, un jour géniale et un autre jour on dirait qu’elle a envie d’aller voir ailleurs  : elle devient mauvaise. Non, il n’y a qu’une chose à faire, quand on est artiste : rester du bon côté, du côté du bon. Ce que La Callas (et tant d’autres) appelait : « Ne pas tricher ». C’est ce que dit Houellebecq dans ce texte. Je recopie aussi ici un extrait du dernier entretien d’Alain Delon avec Laure Adler dans « L’Heure bleue ». Ça m’a frappé parce qu’il dit, lui aussi (à sa manière), la même chose que Gérard Depardieu qui a donné son prénom au cours que je donne parfois au café de Kataline : Jouer comme Gérard (ou maintenant comme Alain) :
« lors de mon premier film, il s’appelait Quand la femme s’en mêle, en 1957, mon metteur en scène qui est mort depuis longtemps, mon premier metteur en scène, Yves Allegret, quand j’ai eu accepté de tourner pour lui, un jour m’a pris dans ma loge et m’a dit : « Ecoute, Alain, on va tourner pour le premier jour aujourd’hui, y a qqch que je voudrais te dire et je voudrais simplement que tu notes bien, regarde-moi bien ». Et il me dit : « Tu vois, tu connais ton rôle dans ce film : je ne veux pas que tu joues. Regarde comme tu regardes, bouge comme tu bouges, parle comme tu parles, écoute comme tu écoutes, sois toi. Ne joue pas, sois toi ». Et, ça, je crois que c’était une grande page dans ma carrière, ça m’a tout donné, ça m’a tout appris parce que j’ai jamais oublié ce qu’il m’a dit et, dès mon premier film, je n’ai pas joué, j’ai été moi — et je crois que j’ai été moi dans tous mes films et, ça, je le dois à Yves et si Yves ne m’avait pas dit ça, j’aurais peut-être voulu jouer comme tout le monde. »
« Et, ça, ça m’a donné l’impulsion du départ »
« Je ne joue pas dans mes films, je vis »
Je conseille aussi à Ireïna pour se fortifier dans le bon (le Bien, dit Houellebecq, mais il s’agit du bon) d’écouter des interviews de Robert Bresson. Par hasard, ce soir, je suis retombé sur plusieurs d’entre eux (pour une fois les logiciels m’ont donné ce que je désirais — sans le savoir — entendre : ça s’affine, les robots…) Il ne parle que de ça : ne pas tricher. Au lieu du mot « réel » que j’emploie, il parle, lui, de « nature ». C’est plus beau (mais c’est la même chose). « Pas du naturel, mais du nature. » Il parle de « spontanéité » au lieu du mot « improvisation », c’est plus beau aussi et c’est aussi la même chose. « La spontanéité, c’est le présent ; ce n’est pas le passé ni l’avenir, c’est le présent. » Il dit que la beauté n’est beauté que si elle est neuve. Il dit qu’il veut du neuf tout le temps (et Ireïna sait de quoi je parle). Etre surpris toujours (il parle de lui fabriquant un film, mais c’est pareil) et il dit aussi qu’il croit beaucoup au hasard. Tout cela, c’est ce que nous disons constamment. Aujourd’hui, j’ai dit à Ireïna : « C’est bien simple, plus tu es dans le réel, plus tu es une grande actrice et moins tu es dans le réel, moins tu es une grande actrice. » J’aurais dû dire : « C’est bien simple, plus tu es dans le réel, plus tu es une grande actrice et moins tu es dans le réel, plus tu es une mauvaise actrice. » Mais Ireïna n'était pas mauvaise aujourd'hui, elle était bonne. Assez détendue et confiante pour être dans le réel. Pour laisser passer les choses qu'à elle-même elle se cache (son inconscient). Mais j’insiste beaucoup pour lui faire comprendre qu’elle n’a pas le choix, nom de Dieu ! pas le choix ! (contrairement à ce que pense son inconscient) : elle n’a que le choix — mais c’est un choix — d’être bonne. « Il ne faut absolument pas avoir d’avance », dit encore Bresson, mais tout ce que dit Bresson vaut de l'or :



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S ans


Oui, moi aussi je pense souvent à toi. Et au Brésil. Et, en particulier, je lis L’Ecriture sans écriture (du langage à l’âge numérique), un très bon livre de Kenneth Goldsmith (excellemment traduit par François Bon)… et je pense à nos intuitions et à comme nous devons aller vite avec ce projet parce que le monde change vraiment vraiment vite… Je me repose dans un endroit merveilleux qui m’oblige à décider de ne pas rentrer du tout !
Dis ce que tu fais à Kanal… (Enfin, j’imagine qu’il y a un programme…)
T’embrasse, 
Yvno

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C hic fabuleux


Salut Emmanuel ! 
J’ai pensé à toi, ici, à Rio de Janeiro (je viens d’y donner un spectacle), particulièrement parce que je me suis retrouvé une nuit sur Copacabana dans un immeuble art déco de 1930 «  inspiré des formes de Mae West », c’est-à-dire qu’il y a une ondulation comme de bow windows en forme de seins et où Oscar Niemeyer avait son bureau — et tout d’un coup, j’étais dans le luxe que tu m’as fait connaître au Mexique, le luxe, chic et volupté…
T’embrasse, très cher prince,
Yvno

Mon cher et bel ami... merci... grâce à tes beaux mots et ton attention... à et vers moi... Reviens ! Emmanuel 

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