Saturday, May 01, 2021

S ommet de Bretagne




 

W hich Ending


Je n’aime pas Belmondo, je n’aime pas ses films, mais on m’a prêté Netflix où il n’y a pas toujours grand chose à se mettre sous la dent, mais où il y a, en ce moment, la série entière, alors je me les fade négligemment. Eh bien, à force de taper là-dedans, dans le genre, dans les variations de la série, ça devient — et pas seulement un docu sur une époque à la papa (certes fort sympathique). En tout cas, hier, j’en ai vu un qui m’a plu, Le Professionnel. Il est plus noir, plus complexe ; les seconds rôles qui, bien sûr, servent de faire-valoir sont tout de même bien joués, mieux joués, ambiguës, plus intelligents. Et, à la fin, Belmondo se fait descendre (au début aussi, en quelque sorte : le film est comme entre deux morts). Il y avait deux fins prévues et les producteurs préféraient (pensaient que le public préférerait) celle où Belmondo était sauvé (montait dans l’hélico sans qu’on lui tire dessus), mais le film justement joue là-dessus comme en s’adressant directement au spectateur : « And now, which ending ? Do we have both in shop, do we shoot him or does he get away ? » Comme si le spectateur pouvait voter. En tout cas, je me suis posé la question sur toute la durée de toute cette merveilleuse scène d'avant la mort : j’avais envie qu’il s’échappe, mais je trouvais plus beau qu’il meure. Et sans doute que le personnage aussi se posait la question (de l’esthétique). Le château très beau, la pelouse verte, le sang… l’Afrique tourné en Camargue, Paris comme-chez-nous, etc. Et les ingrédients habituels du « film de Bébel », filles, voitures, bastons, mais, là, avec la mort noire au programme. Que Belmondo accepte ici cette mort (au début, à un Africain en train de mourir qui dit qu’il n’a pas peur, il répond que, lui, il aura peur) le rend plus stoïcien, plus premier, plus animal (les animaux qui ne rechignent ni à mordre ni à manger ni à mourir assument sans doute plus radicalement le fait, la condition d’être mortels). La mort n'est rien : quand elle est là, je n'y suis plus. Pas de drame, le seul présent (tissé du passé nécessaire) — et la vie tant qu'on est vivant.