Tuesday, October 07, 2014

C orps à corps


Un spectacle bouleversant-pénible (mais bouleversant), sublime-fastidieux (mais sublime). Pénible et fastidieux à cause du texte qui lui sert de prétexte, d’argument et dont on aurait peut-être pu se passer (ce n’est pas sûr, mais). Pour le reste : sublime et bouleversant, somptueux même, d’un très haut niveau. Si ce n’était ce texte. On ne dira jamais assez — contre Olivier Py — que la plaie du théâtre français, c’est le texte. Même si, parfois, le texte se fait parole. Comme : « Ce n’est pas du chagrin non plus, c’est de l’embarras d’esprit ». Ou bien : « Vous n’avez qu’à regarder ds cette eau qui coule, mon visage y est ». Etc. Mon ami Charles Zevaco (Chic by Accident) a la chance de jouer ds ce spectacle (au Studio-Théâtre de Vitry) et, moi, j’ai eu la chance, hier au soir, de l’admirer follement car il se laissait voir comme l’eau ds le ruisseau, son beau visage d’apôtre et son corps à aimer… (jusqu'au 13 octobre, de Grégoire Strecker).

Charles Zevaco en répétition de Chic by Accident

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C e n’est pas un rêve


A Avignon, un type me vend sa fille. Il me dit : « Ma fille, une ravissante blonde de 25 ans ! qui va venir vous voir — quel âge vous avez, vous ? » Alors, je dis : « 43-44 », je m’embrouille un petit peu. Il me dit : « Oh, ça, 43-44, c’est pas vieux ! Ça peut aller... ça peut aller... 25-44, ça peut aller… »



Ça a l'air d'être un rêve, mais ce n'en était pas un. J'ai été tellement soufflé que je l'ai pris en note sur le dictaphone de mon téléphone (et j'ai bien fait parce que j'aurais oublié, je viens de le retrouver). Le type me parlait comme si j'étais vraiment qq'un de bien avec qui il aimerait voir sa fille, vraiment comme un homme qui le propose à son meilleur ami. Ces rencontres — ici, dans la rue d'Avignon, à peu près à la hauteur de La Mirande, derrière le palais — sont étranges, vraiment étranges. C'est comme des rêves. Il y en a une aussi, plus récente qui a un très haut niveau onirique. Un type (un autre) a fait le voyage de Paris à Pontempeyrat, 7 heures de bagnole, un dimanche pour venir me parler. Au début, j'ai eu peur, quand même, je ne voulais pas le recevoir, puis peu à peu, j'ai vu qu'il ne disait pas de bêtises, je me suis radouci. Il est venu, il est resté 3 heures, il a repris la route dans l'autre sens, juste pour rien, pour me voir, comme ça, 14 heures de bagnole. Pourquoi pas à Paris ? je ne suis pas sauvage. Non, il sentait que c'était à ce moment-là, que ça aurait eu du sens pour lui comme ça. Autant dire que je ne me sens pas vraiment à la hauteur de ces rencontres... Elles existent, dans ma position. Je reçois aussi des cadeaux, des envois. Ceci dit, moi aussi, je voudrais rencontrer qq'un, je voudrais rencontrer Jean-Philippe Varin et je ne sais pas trop comment m'y prendre. Je voudrais travailler avec des animaux.  

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M adame Soleil


« Le problème n’est plus le chomage. Le problème est le développement du savoir et des capacités dans une société où y a plus besoin d’emplois. […] Avec l’automatisation numérique, l’emploi, c’est fini. […] Nous entrons dans le monde des robots. […] Supermarchés sans caissières ni manutentionnaires, usines sans ouvriers. […] Je pense que, à l’avenir, dans un avenir assez proche, les 20 années dont parle Bill Gates, les intermittents du spectacle, en nombre, seront devenus majoritaires et le nombre actuel des intermittents du spectacle sera les employés. Ce seront devenus des gens à la marge. […] La prospective, c'est pas de la futurologie, c'est pas Madame Soleil donc je me trompe peut-être gravement, mais les tendances sont indubitablement là... »

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L es Nobles

    
Vous voulez que je vous donne la solution ? Il faut rien acheter, rien trop acheter… Le monde va aller à sa perte. Ça vaut pas le coup d’aller à Disneyland, regardez, finalement, ça marche pas, personne n’y va, c’est réjouissant quand même ! Etc. Vous pouvez vous marrer, vous pouvez jubiler de voir la décomposition du monde, comme elle avance à grands pas. Ça va venir plus vite, ça vient plus vite. Ça va disparaître, Coca-Cola. C’est de la merde. Les paquets de clopes, c’est fini. Les mauvais spectacles aussi, les gens n’iront plus. La pub ne sert à rien, elle ne sert plus ! Voyez, moi, mon péché mignon, c’était les fringues. Hedi Slimane, ces dernières années. Chez Dior, puis, après une interruption salutaire, chez Saint Laurent. Bon. Mais, là, qu’est-ce qu’il m’arrive ? Je suis sauvé ! Dieu s’est penché sur mon cas, il a multiplié les prix par 3, par 4. C’est normal que les prix augmentent : les riches sont de plus en plus riches (vous allez voir, ils vont en crever, leur yacht). Il y a quelques années, je pouvais m’acheter une tenue de scène pour 5000 €, un ensemble, c’était déjà pas donné, mais, bon, je l’ai fait, plusieurs fois, je l’ai fait (tant de spectacles), mais, là, je suis sauvé ! je ne pourrai plus : les prix ont été multipliées par 3, par 4, il faut 15 000, 20 000 pour avoir une tenue potable, maintenant, chez Saint Laurent. Dieu soit loué ! Seul Micha Lescot pourra encore s’habiller chez lui, moi, comme pour tout le reste d’ailleurs, tout, il faudra qu’on me prête, qu’on m’invite. Il y avait un 2 pages dans « Libé » sur Alain Ducasse, au Plaza Athénée, la nouvelle carte « naturalité » (sans gluten et tout et tout). Bon, ça m’intéresse (je trouve pas où bouffer, à Paris, ce village de ploucs). Alors je me renseigne sur les prix, au cas où… 120 € l’entrée ! Ça risque pas, alors… C’est possible quand on est journaliste, sinon c’est pas possible. J’adore voir que les riches deviennent de plus en plus riches, ça me fait plaisir, en un sens, c’est « bien ».

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