Saturday, December 05, 2020

Ç a recommence au Carreau (11h-15h samedi 12 et dimanche 13)


Yves-Noël,

Je t’aime Yves-Noël,  je me suis réveillée en pensant — et réjouie et inquiète — voir un spectacle encore de toi.

Quand je pense au théâtre, je pense à toi. Comment sont tes plateaux légers et lourds. Limpides et obscurs, violets et inviolables…

Ne sais pas si tu as mon email (celui-ci) pour me dire, mets-le là où c'est bien.

Je t'embrasse

Juliette


C’est gentil, chère Juliette. Y a quelque chose qui recommence samedi prochain (et dimanche) au Carreau du Temple. Tu peux participer. Il faut s’inscrire sur leur site ou venir directement, mais s’inscrire sur place pour avoir les infos… Ça s’appelle : Sur le Carreau

Des bises, 

Yves-Noël


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S ortie à la mer, une de plus (en hiver)










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Cher Yves-Noël

Je suis au contraire, moi, très heureux que nous puissions avoir des discussions comme celle que nous avons eue malgré les maladresses qu'elles peuvent comporter. C'est justement ce type de discussion qui m'amuse et les moins enflammées m'ennuient, ce qui est peut-être l'un des désaccords de fond entre nous. Malheureusement je n'ai en ce moment pas la tête à te répondre, d'autant que je suis maladroit à l'écrit. J'espère que tu ne m'en voudras pas trop et que ma réponse ne te semblera pas réchauffée si je le fais avec du retard. Pour l'instant, l'heure est à la tristesse et je préfère m’y abandonner pendant un temps.

Amicalement, en espérant te revoir.

Gabin


Oh, mon bon Gabin, oui, comme tu dois être malheureux ! (on est tous passés par là). Moi aussi, je suis intéressé par le débat — si c’est avec toi. Et je comprends que, quand on a vingt ans, il faut débattre, il faut se démener, se débattre… Et, deuxièmement, j’ai peu d’espoir, je suis très pessimiste (j’ai honte de l’avouer), mais ce que j’espère, c’est l’arrivée d’une jeunesse qui contredirait ma vision noire, qui bâtirait le monde de par son énergie pure, natale… Dans mon presque désespoir, j’attends LE sauveur ou LES sauveurs, ceux, déjà là, qui dessineront autrement à partir de leur énergie (« ne pas se faire avoir ») et de l’état du monde dans lequel ils le trouvent. Tel quel. Et j’ai raison d’espérer. Une phrase me fait penser à toi ce matin : « Il était seul. Il était abandonné, heureux, près du cœur sauvage de la vie ». Elle est de James Joyce, c’est une phrase placée par Clarice Lispector en épigraphe de son roman intitulé Près du cœur sauvage. Une autre phrase me fait encore penser à toi aujourd’hui, ou à moi à travers toi (et il y en a tant d’autres) : « Le vrai pessimiste sait qu’il est déjà trop tard pour l’être », cette fois en exergue de L’Anomalie (le prix Goncourt)…

T’embrasse, tu verras, l’horrible tristesse est aussi (malheureusement) un long pays… 

Yves-Noël


« Quitte à désespérer de tout, autant le faire en terrasse à Paris. »

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 « De feuilleter les pages c'est un exercice qui est malsain pour moi, c'est malsain. Il faut que je pense à mon prochain film pas aux films passés. »

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S o Quick to Criticize


« You know, we are living in a world in which everyone is so quick to criticize, so quick to say : No that's no good or Is that no good, you know, everyone does it, I mean, if I tell an idea to my wife right away she says : Well I don't know, and you know, who needs to have criticism, I would rather... whether I'm right or wrong isn't important to me, what's important is that I enjoy to follow an idea all the way through and very often if you're permitted to follow your idea all the way through, you find that it is right, you know, you find that your instinct is usually good — and so… I think entertainment and movies and art had been too much like sports where there’s a winner and a loser, I think the press really hide the wishes they were sports writers or art-sports writers, you know, and they look at things always from this point of view of who won who lost : art is not like that, everyone wins with art, you know, because you do something that has life, you can enjoy it, that’s all, that's all that matters it's not that one is better or has a higher… That’s what they do now with the grocers of the movies : they publish the money that each movie makes as the way it was the score of the olympics, you know, it’s become a game… »

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Titre pour un spectacle :

Yves-Noël Genod chante Anne Sylvestre (en se moquant d’elle)


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 « On se laisse toujours leurrer »

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S ans


 « On ne peut pas s’en sortir sans vivre »

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S cène où c'est moi qui t'encule


Ah, oui, ça doit être bien, ce livre ! C'est drôle que tu me fasses signe, je voulais justement te dire que sans doute je ne te tannerai plus pour que tu m'encules (n'est-ce pas ?) parce que j'ai rêvé de cette scène la nuit dernière  — disons plutôt ce matin — tandis que les ouvriers par la lucarne du toit garantissaient — pourquoi ce verbe ? — leur gracieux babil ensoleillé (de Babel) (ils en sont au deuxième étage dans la construction de l'immeuble voisin, bientôt  on ne les apercevra plus, on les entendra peut-être encore...) — et les sensations que cette scène (ce film) m'a procurées sont maintenant encore si précises et détaillées — de tous les sens — que je ne vois pas la différence qu'il y aurait  avec une scène qui nous serait vraiment arrivée. Il n'y en a pas. Donc, ça, c'est fait. Très sympathique, vraiment, extrêmement agréable, tu étais à ton meilleur... Peut-être que je te tannerai encore pour la scène où c'est moi qui t'encule parce que je ne l'imagine pas encore très bien, celle-ci... 😘


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L es Talents hauts


Comment allez-vous, grand prince de la nuit ?

J'espère que tu arrives à fuir le confinement dans un chalet suisse, et que tu inventes toujours autant de spectacles à la minute.

T'embrasse


Eh bien, non, figure-toi, c'est en effet ce que j'espérais (tu me connais) : au moins la nature. Mais j'ai dû rentrer à Paris après le spectacle de Lausanne — qu'on a eu la grande chance de jouer jusqu'au bout — à cause d'un engagement que j'avais à l'Opéra Comique (ils ont continué les répètes et ont filmé la pièce) qui m'a certes rapporté un peu d'argent. Depuis, je suis confiné dans ta bonne ville de Nantes avec ma coiffeuse qui s'est cassé un poignet et un coude en tombant de vélo (mais que ça n'a pas calmé : elle apprend à couper les cheveux d'une main). Voilà, tu sais (presque) tout... Je pense souvent à vous, les pioupious, à la tristesse de toutes ces fermetures, à la folie gouvernementale (dont vous vous fichez plus que moi heureusement) et à la chance que vous avez de travailler quand même plutôt que rien. J'aimerais vous aider encore, mais c'est aussi, égoïstement, que vous m'aidez beaucoup, que vous m'avez beaucoup apporté, spécialement toi ! Je voudrais, tiens, puisque tu m'en donnes l'occasion, je te le répète, que tu te décides enfin à devenir une vedette et que tu nous emmènes tous dans ton sillage... Bien sûr, une vedette des temps nouveaux, pas des temps anciens. Of course, of course. C'est gentil, ton petit mot…



Non, mais, attends, Romain, moi aussi je veux te tes nouvelles ! Et t'as intérêt à entrer dans les détails, sinon je débarque, nom de Dieu !


Si tu pouvais effectivement débarquer sur un char ailé tiré par des CRS de Noël, par exemple, cela me ravirait. 

Nous, on vient de finir un stage avec Steven Cohen, qui, je crois à été un tournant dans ma façon de faire les choses, sans même que je m'en aperçoive. Je me suis essayé à la nudité, voyez-vous, ça m'a pas déplu, j'étais baigné d'une lumière divine — je crois que la lumière fait tout, dans le déshabillé — et je marchais sur des talons hauts entre skis et sabots japonais. Il y a eu de super beaux cadeaux qu'ont proposé les copains de la classe, des visions vraiment sauvages et offertes. 

Donc pas trop le temps de faire 46 fois le tour de ma chambre. Je viens de découvrir la Grande Bellezza, de Sorrentino, on peut difficilement faire plus beau, je ne sais pas si tu l'as vu ?

Et j'aimerais bien devenir une vedette, l'idée n'est pas conne... Ou alors peut-être devenir une vedette en Italie, ou au Japon (j'avais une amie japonaise qui m'avait dit que j’avais le profil type de la rockstar au Japon) et ensuite revenir auréolé de gloire en France.

J'ai achevé les Démons, de mon Dostoïevski chéri, mais c'est finalement lui qui m'a achevé. On dirait que les personnages parlent pour de vrai, comme s'il avait réussi à les enregistrer en cachette, depuis le 19ème siècle. Rien de nouveau, peut-être, mais ça continue à me fasciner.


Ah ! voilà de vraies nouvelles, mon cher ! Je regrette de ne pas t'avoir vu à poil et en 👠, mais, en même temps, je t'imagines tellement bien dans ce simple appareil avec une touche de sophistication (lovely shoes) que c'est comme si j'y étais. C'est d'ailleurs ce qu'il se passe pour moi avec Steven Cohen, je vois les images et j'imagine trop bien, du coup je ne me déplace pas (mais quelle chance de travailler avec lui !) J'ai été déçu par la Grande Bellezza, mais maintenant que tu l'aimes, il faudra que je le revois. Mais ce n'est quand même pas Pasolini ou Fellini, non ? Si ? Ah, bon. Oui, une vedette à l'étranger, comme je te comprends ! Oui, je pourrais faire ton vieux majordome. Mon Batman, si tu étais une vedette à l'étranger... Vive Dostoïevski ! Je suis dans Pouchkine (Eugène Onéguine)

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D até du 22 juin 1958


« Je ne crois pas qu'il y ait plus de haine aujourd'hui chez nous qu'au bon vieux temps. La guerre civile y a été froide ou chaude selon les époques, mais perpétuelle. Le royaume n'a cessé d'être divisée contre lui-même, et l'intelligence de son peuple ne lui aura servi de rien. C'est la leçon de toutes les batailles électorale : la culture n'aide pas à la bonne foi et peut-être même au contraire » 

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E n effet François Tanguy détestait cette expression : « gagner sa vie »


« Comment faire pour que gagner sa vie soit poétique ! Car si ce n'est pas poétique, ce n'est pas notre vie mais notre mort que nous gagnons. »


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P essimisme


« Une nouvelle vague de populisme pourrait balayer l’Europe, un populisme qui prendra des formes nouvelles, diverses et plus sophistiquées que la dernière fois. Il sera notamment véhiculé par les dirigeants déjà en place, comme les réactions du Président français Macron ou du Chancelier autrichien Kurz, le suggèrent déjà. Il ne sera donc pas dans la rue mais au pouvoir, dans les hémicycles nationaux et européens, un populisme européen cette fois, avec toute la puissance de feu que cela suggère. Comme nous l’avons maintes fois expliqué, l’extrême-droite est déjà bien installée au Parlement européen, son discours est en train de devenir la norme et cette deuxième vague de confinement avec toutes les conséquences dramatiques qu’elle a sur la population ne va rien arranger. »


« Pour Marcuse, « une des réalisations de la civilisation industrielle avancée est la régression non-terroriste et démocratique de la liberté — la non-liberté efficace, lisse, raisonnable qui semble plonger ses racines dans le progrès technique même ». »

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« l ’incompréhensible épaisseur frémissante du monde »


Un ami photographe — et sans doute vieillissant — me dit une chose intéressante : « Ce qu’il y a de bien avec le fait de vieillir, c’est qu’on ne comprend plus son époque, ce qui permet de s’en détacher… » Je lis en quatrième de couverture de L’Anomalie, le prix Goncourt : « Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension. »


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