Wednesday, March 13, 2013

Charlie s'est baigné (2)


11 mars. Dunes de Sainte-Marguerite

Charlie Fouchier.

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C’est simple, les chiens... Le petit caniche sur les genoux de la dame (lapdog), d’un gris-noir de la même couleur, tire une langue rose dans le paysage de neige (dans ce paysage où le train a raison d’aller lentement) : hop, « il a soif » (on comprend). Il ne tirerait pas la langue, comprendrait-on ? Aussitôt, la dame, voyant que je constatais ce qu’elle n’avait pas encore vu, sort d’un sac un petit ramequin et une bouteille pour que son chien boive. Le chien peut se rendormir avec elle. Paysage de neige, c’est vrai, qui assèche, même dans le train... Cette démonstration de la relativité des choses. L’effacement est donc possible, le ralentissement des rails. Noyez-moi l’envie et la folie dans l’étonnement, l’époumonement blanc ! La trace qui est sans trace, qui est Dieu perdument... Oui, l’amour était la nature. Et l’amour des hommes ou des femmes était la nature. La preuve en images — blanches — à ma fenêtre. Il faut manger et vivre ; manger son chien ou, son chien, manger moi. Nous vivrons en paix d’un bout à l’autre de l’horizon. Cette femme ressemble à Hélèna, à la mère d’Hélèna, le même regard, les mêmes yeux. Mais le chien a soif encore. Qu’est-ce qu’il a, ce chien ? Soif de quoi ? On dirait qu’il va crever avant sa maîtresse...

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Le travail magnifique de Marcelo Krasilcic.

Livre blanc


« Je regarde le monde entier comme mon livre. »

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Voyage en train (2)


Je suis le fantôme de moi-même. Si j’avoue tout, il me faut bien avouer ça... Je cherche à « faire heureux », mais je ne le suis pas. J’aurais oublié ce texte incessamment sous peu. Je peux bien dire tout. Oui, je ne suis pas heureux, il me manque tout. Il me manque tout ce que les noms promettent. Le nom « cheval », je ne l’ai pas, le nom « châtaignier », je ne l’ai pas (je ne l’ai pas sur moi). Et si je veux graver ton nom et le mien sur l’écorce du châtaignier ou du hêtre — ou si je veux apprivoiser le cheval, le cheval blanc, je ne l’ai pas, je ne peux pas, non, je ne suis pas heureux... Sauf par la neige, je ne suis pas heureux, sauf par la vague de l’eau glacée et transparente qui est la neige à Ouessant, je ne suis pas heureux, sauf par toi et par moi —mais nous sommes des fantômes, des fantômes... éclairés de vide...

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Oui, cet artiste pense comme moi



Expo de Théo Mercier au Lieu Unique.

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Le Fantastique


Hier, je dînais avec Wagner Schwartz, à Paris, sous la neige, pendant que ses amis étaient en train — décalage horaire — de se préparer pour recevoir, à sa place, le Prix du Meilleur Projet Artistique remis par l’association des critiques d’art de São Paulo qui est la plus grande distinction du Brésil et ceci pour son solo intitulé Piranha. Je pensais qu’il serait vraiment dommage que ce travail qui a tant frappé la critique brésilienne ne soit pas visible en France ! J’ai eu la chance de travailler avec Wagner Schwartz la saison dernière pour Chic by Accident à la Ménagerie de verre et je peux dire que c’est l’un des interprètes les plus fantastiques qu’il m’ait été donné de rencontrer, le Chic a d’ailleurs été bâti à partir de cette rencontre (ainsi que de celle de Charles Zevaco). Je ne saurais trop vous encourager à rencontrer cet artiste-miracle qui réunit, par je ne sais quel mystère, les qualités les plus belles de l’humanité — puissance, tendresse, disponibilité, gentillesse, grâce absolue, virtuosité extrême, confiance, amour pour le monde...


Yves-Noël Genod

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Expo de Théo Mercier au Lieu Unique.

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(Dans le train)



Plusieurs personnes m’ont dit qu’elles étaient allées voir ta pièce à cause de ce que j’avais dit ou écrit en parlant de toi, c’était assez agréable de constater que ce « lobbying » portait ses fruits... Y a un frémissement, plus qu’un frémissement, en France, tu dois le constater (l’écoute était si belle, hier, dans la salle). Je n’ai entendu aucune méchanceté, hier soir, au contraire une « grande émotion inconnue ». Une estime à ton égard. Une admiration de la qualité de cette dernière pièce dont la réussite, je t’ai dit, m’a surpris (puisque arrivée « magiquement ») (comme la « vraie » vie qui n’arrive, toujours, que surprise, mais qui peut aussi se laisser désirer). Sébastien Roux veut que nous fassions un stage ensemble, il t’en a  parlé, mais je me demande comment il va pouvoir articuler ça parce que tu es tellement secret, tellement sorcier, moi, je suis la transparence et l’ouverture à côté de toi qui travailles précisément à construire cette ouverture, à la définir, presque comme Mallarmé voulait définir le monde par un livre, intellectuellement. De plus, je crois que Sébastien n’a vu aucune de tes pièces et ne se rend pas très bien compte. (En parler, même avec mon enthousiasme, ne peut certes pas rendre compte des choses.) Bref, tu restes le chorégraphe avec qui j’ai le plus envie d’ « échanger », mais réunir des stagiaires pour ça me semble un peu effrayant. (Je pourrais être ton stagiaire.) Martina m’a parlé d’une pièce de toi qui était sa préférée, Paysage sous surveillance, d’Heiner Muller, et Mikael a dit qu’elle allait être redonnée à Brême, tu me diras quand ?
Je t’aime et t’embrasse, ému par ton amour paradoxal — et la beauté des interprètes inconnus à eux-mêmes que tu réunis et qui ne sont que contours de vide (matière, certes, mais si délayée dans l’Ouvert...) Envoie-moi le texte sur le dressage, si tu le retrouves... (même en allemand). Je t’embrasse du paysage neige et Bretagne,
Yves-Noël 

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Voyage en train

La Vie cernée de néant


« C’est la destination de la vie que livrés au néant nous soyons cernés de néant. »

La Bretagne, voyez-vous, est un néant de blancheur. Aujourd’hui, il neige et le train avance à une vitesse légère et infinie. Il s’agit de remonter le temp, de Brest à ... Landerneau sous la neige, plus loin un château, une ruine, sur un pic et sous la neige. Et puis Morlaix sous la neige, Morlaix-le viaduc, Morlaix assoupie. Le train est silencieux. Tout le monde dort. Le petit bruit des touches de l’ordinateur est presque grossier et me rappelle le bruit que faisait Hélèna — Hélèna Villovitch, l’écrivain — qui tapait comme une forcenée (avec 2 doigts) quand nous étions à Ouessant... J’ai pensé à elle, j’ai pensé à mes maitresses (Anne...) quand je suis retourné à Ouessant, il y a qq jours. A Rémy Héritier et à Audrey aussi. La ville de Morlaix sous la neige, vue du viaduc, ressemble à ces tableaux du Moyen Âge, Brueghel, les tableaux flamands qui ont été peints pour toujours, en tout cas pour toujours tant qu’il y aura des villes avec des toits pointus — paysage sous la neige mon amour.

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Brest, dernier message à la gare restante




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