Friday, May 07, 2010

Vous, Anges, race de la lumière...







(Dessin de Sylvie Mélis.)

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Une enquête

(inachevée)



Un drôle de personnage (romanesque) est apparu dans la vie d'Anthony. Une enquête s'impose. Ça commence à Don Quichotte (les adieux de José Van Dam au Théâtre de la Monnaie devant la princesse Mathilde). Anthony, qui n'est pas placé près de moi, me raconte aux entractes tout au long de la soirée qui est très longue puisqu'elle commence aussi avec une heure de retard (devant la princesse !) qu'un homme qu'il me désigne, très beau, grand comme un mannequin, ne cesse de le regarder avec un air sans ambiguïté. Première fiction, excitation. Rebondissement : je recroise cet homme deux jours plus tard dans un théâtre plus underground de Bruxelles (bien qu'également subventionné) et il me parle amicalement, mais j'ai oublié le contexte. Je dîne d'un buffet avant le spectacle et j'essaie aussi de me brancher en wifi sur Internet. Je me souviens soudain de la soirée de l'avant-veille (esprit de l'escalier), ma connexion ne marche pas, j'ai un prétexte, n'importe lequel, pour arracher le beau gosse mystérieux (pléonasme) à son groupe d'amis. Il comprend l'intention. Je lui rappelle la soirée. Il dément absolument. Je n'insiste pas (je me dis qu'Anthony a tout inventé). On parle d'ordinateur. Puis, soudain, il avoue que tout est vrai, qu'il a en effet trouvé Anthony mignon, etc. Je lui demande s'il est homosexuel. Dénégation. Puis : "Ça m'est arrivé, oui, d'aller avec des garçons et même, une fois, d'aimer un garçon." Je lui parle de la soirée que je prévois (pour moi) intitulée Voulez-vous danser français ?, au Métro Valdi. Il murmure qu'il n'aime pas les soirées homosexuelles sauf, en effet (Plus bas, à contre-cœur.), celle-ci, meilleure que les autres. Bon. Voilà pour une première avancée. (C'est plié.) Maintenant : sa beauté. Je lui demande s'il n'est pas mannequin. Je lui dis qu'il devrait l'être, au moins pour l'argent. Furie (contenue). Il ne veut pas s'identifier à une chose si inconsistante, si volatile (la beauté) ; il a vu sa grand-mère, par exemple, qu'on avait trouvée belle toute sa vie, perdre toute contenance quand le temps a été passé, littéralement en perdre la vie. Il parle de profondeur, très moral, très christique, très allumé, en un sens, c'est là que commence le deuxième mystère (après celui de l'apparition), mystère que je nommerai simplement : la profondeur. Deux systèmes d'enquête seront ici utilisés : s'incruster parmi ses connaissances dans les voitures, les soirées, les bars et le laisser développer sa biographie (sachant qu'il sait qu'il parlera non pour elles mais pour moi) ou, sinon, faire du rentre-dedans. Es-tu chrétien ? Pas de réponse. La situation (à l'heure où je vous parle) semble hautement plus compliquée, ça qui est intéressant. Je vois assez vite que c'est un artiste conséquent. (J'en averti illico mon collaborateur (Anthony), par sms.) L'univers est vaste. Les régions du monde. La sensibilité aux coïncidences, aux signes, à l'inconscience de l'Etre, mais développée en réseau (en puissance). Il me donne la définition d'un mot : "métanoïa". Il me parle, par exemple, de ces êtres de compassion qui couchent (selon la pratique tantrique) avec des grands brûlés, des cancéreux. (Tout ça, en un réseau secret, bien entendu, ce serait officiellement (violemment) impossible.) Ici, je ne résiste pas à vous livrer ma réplique (que je lui répète plusieurs fois car j'en suis assez fier) : "Je suis moi-même un grand brûlé affectif." Je souligne "affectif". Il comprend rien. Bon. De toute façon, moi, ça ne donne rien (lui toucher les fesses n'ouvre rien). Il est donc temps de le livrer en relais à Anthony, vingt-deux ans. Après tout, c'est lui qui l'a hameçonné. Donc j'arrive (évidemment) à le ramener vers Anthony, dont la localisation m'est signalée par sms, avec sa propre complicité et sans que ses amis s'en doutent (goût de la dissimulation, plusieurs niveaux de présence, de jeu). Ses amis sont disponibles pour, à la fois, moi, me ramener chez moi déposer mon sac (avec l'ordinateur) puis ensuite nous déposer au KVS (Théâtre Royal Flamand) pour la fête d'ouverture du Kunsten Festival des Arts. C'est d'un bout à l'autre de Bruxelles (qui est petite). Ce couple va partir quatre ans en Afrique, la fille est enceinte de quelques semaines. A un moment, dans la voiture qui glisse les pentes et les côtes sous la pluie légère, ils parlent d'un autre couple qui bosse dans des ONG différentes (séparément), un peu partout dans le monde, Sri Lanka, etc. Fabrice Samyn - il fait attention de bien faire passer l'information de son nom - parle aussi d'une histoire qui lui est arrivée cet hiver dans le Lubéron, on dirait vraiment un début de film (un thriller), puis à New York. Puis de perspectives au Japon. De sa galerie. Donc, au KVS (où je croise Marie Collin, Frédéric Mazelly, Pierre Droulers), je le confie à Anthony à qui j'ordonne de prendre le relais.

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Les choses prennent tournure








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Belle de nuit

"Un acte qui prend tout de soi, surtout de ce qu'on ne connaît pas encore de soi-même."

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"La thématique est sans issue, c'est prendre aucun risque."

La Belgique est une chose éminemment sympathique, mais avec le théâtre belge, on trouve le fond du fond. Ce n'est pas que le théâtre belge ne soit pas lui aussi éminemment sympathique - mais de quoi ça parle ? De l'ennui. Parler de l'ennui au théâtre, on ne s'en sort pas. Mais l'ennui ne semble pas être le problème du théâtre belge. Aller au théâtre, c'est s'emmerder - vivre aussi, c'est s'emmerder -, gracieusement s'emmerder, avec sympathie s'emmerder, avec intelligence s'emmerder. Ce qui est bizarre, c'est qu'avec ce système on peut faire du théâtre au kilomètre. Que faire de tant de théâtres à Bruxelles où il ne se passe rien ? Les transformer en mosquée ? "Rien de ce qui devrait sortir de cet étalage ne sort en définitive", se demande à présent lucidement l'une des comédiennes, "On patauge dans une neutralité flasque. Sans parler du paysage théâtral." (...) est lucide, mais si désespéré, si désespéré.

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Le Torchon de cuisine

Ça, c'est Joseph Chance
Anthony joue qu'il a un bébé

En faisant pivoter (sur l'iPhone) la photo d'un dessin de Sylvie Mélis représentant un champignon atomique, on s'aperçoit, avec Pierre Droulers, qu'il y a un visage







Les visages d'enfants ont disparu des images dans les années 2010. Tout est bon alors pour marquer l'empathie entravée, tête masquée d'un sac en papier, oiseau mort, dessin de bombe, tous - tout procédé - révèlent un visage. Anamorphose. Le spectacle Frankenstein révélera-t-il un visage ? A l'exposition, Arnaud Labelle-Rojoux faisait remarquer que le linge de Véronique où était inscrit le visage du Christ, très nettement peint comme un tatouage kitsch, ressemblait - était, en fait, un torchon de cuisine.

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Belle de nuit

"Penser à quelqu'un c'est l'oublier, cette pensée est vide : je ne te pense pas, mais je te fais revenir à mesure que je t'oublie."

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