Monday, December 29, 2008

Voyage spécial

La perfection est dans l’imperfection. Les petites erreurs que nous faisons peuvent parfois être magnifiques. Il ne faut pas forcer les choses... Bien manger, c’est le début du bonheur.

Choisis ! Chute de neige ou rocher absent…

Les îles Vierges. Le soleil, la mer, le sable – et le sexe. Pour Robinson, un clou est un clou. (Nous sommes le vendredi saint.) Une carte à Joël puis à maman. Rien n’est plus magique qu’un acteur. On s’y laisse prendre. C’est insensé, cette végétation tropicale, hein ?

Un voyage débile.

La mer entoure une île vierge. Tant de talents, partout disséminés. Cette transparence nacrée... « Nacrée » vient à la place du mot pour dire l’or, l’incomestibilité, inedibility – français : dissipation – unpalatable. Molletonnée, pelotonnée. Je n’ai visionné que quarante minutes de ce film infini. Et la neige est déjà passée – et la mer et la montagne ont fusionné. Tout s’est passé si vite, on n’en a nulle trace. Les enfants poussent, de toute façon, ça vaut mieux. Bien sûr, c’est très elliptique. Un mois d’vacances, un peu de r’cul, la cassure. Je touche le papier peint, le mur de plâtre. C’est cela la sensation : elle n’est pas « du moment ». Les dégoulinants paysages. L’échancrure du tee-shirt. Le film ne va nulle part. (À la lenteur avec laquelle je le diffuse.)

La nourriture reprend sa pureté car elle est donnée par les maîtres. On a toujours faim. Toujours sommeil. Sur la couchette du bateau, je m’endors dans la nuit verte.

...La Fureur en attendant ; Gravir la route ; Flandres innommables ; Le Bavard mauve ; Vierges falaises

Les vides et les pleins réapparaissent. Souvent, autour d’ces îles, y a des courants très forts. Comme le sommeil devenant lent comme une drogue ou un poison. Cette fois, l’obscurité allait nous envelopper et la crainte m’envahissait. Le feu est de la même couleur que le couchant. De la même couleur réelle. Et le livre est ouvert. Il n’a pas d’sens. Une femme et un homme mal assortis, sur une île. C’était plus facile de le dire que de le faire… Une très belle fille dans des couleurs chatoyantes.

Une image affreuse surgit en moi.

Dans la nuit de la végétation, éclairée en plein jour. (Comme en plein jour – nuit américaine.) L’île n’était pas déserte. (Ellipse.) Le chien sur la plage. Son tee-shirt de plus en plus déchiré, aux yeux bleus. Déguisé en mon père. On est comme des animaux domestiques de ma mère. (Pour être clair.) Un instant de faiblesse. Solal dit les « libres » (pour les livres). Les enfants sont si souples. L’usure du blanc sur blanc. Il aurait fallu faire un discours par noix de coco, alors… La méthode, c’est qu’y en a pas ! Vraiment. Il croit toujours que – à raison d’ailleurs – qu’il va y avoir quelque chose qui est la dernière seconde.

(Non publié.)






27, 28, 29 déc. 08

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Primum vivere, deinde philosophari

Découvre le film à mesure…
Deux amis discutent.
Un homme à qui il n’arrive rien, ou très peu…

Bon, virtuosité de Pierre C. Je ne peux que lui tresser des fleurs… comment dit-on ? des lauriers… Je pourrais, si je lui envoyais un mail (qui de toute façon ne serait discret que le temps de n’être pas ramasser par le fourgon du blog), lui dire : « T’es trop mignon, j’t’adore. » En tout cas, il dit c’que j’pense. Ce n’est pas seulement que je peux voyager dans ses sensations comme si c’était les miennes, ça, après tout, comme le fait remarquer Salman Rushdie (voir en amont), c’est un phénomène connu de la littérature qui montre souvent des passions (entre les lecteurs et l'écrivain) qui nous semblent à nous, acteurs, plus fortes que celles que nous vivons avec les fans – c’est que, maintenant, il me ramasse sur le bas-côté, comme un bon Samaritain, pour me relever de son amour, de sa clarté, de sa pénétration – il connaît les risques de l’écriture, les risques de se confier, les risques de l’amour, les risques de la religion, de la philosophie (d’abord vivre, ensuite philosopher, me dit mon père pour lancer la conversation à table), il connaît tous les risques, il voit très bien (et s’en amuse), les risques de la neige (la glissade), de la glace (la fissure, la chute), de la disparition (la tentation), les risques de la solitude (la sainteté) et de la mer (l’infini) – ou alors, c’est que « le dispariteur », le personnage un peu pesant dont je voudrais me débarrasser – d’où thérapie –, a donné plus d’indices sur son état délabré qu’il ne le pense, assez d’indices pour permettre rapidement à un esprit habile, agile, sexy, à la folie minuscule, d’achever le tableau (au sens de Picasso : « Achever un tableau, c’est l’achever !») Hélèna m’envoie : « Ah, au fait, le petit livre de Christophe Pellet que j’ai trouvé dans l’entrée de mon immeuble, il est pas tombé de ta valise ? » Si ! Je découvre tous les jours les choses manquantes qui me sont tombées de la valise qui n’était fermée qu’à demi quand je suis parti en courant de chez Hélèna le 25 décembre. A priori, rien d’essentiel. Crème solaire, fil dentaire, cordon de reliement de l’appareil photo à l’ordinateur, des DVD (de Sophie Laly) des trois derniers spectacles... et, donc, le petit livre de Christophe Pellet s’est aussi faufilé par la béance, par l’échancrure, mais il a eu la bonne idée de le faire sur le palier d’Hélèna. Ce qui fait qu’Hélèna l’a lu. Hélèna a un point commun avec Pierre, c’est qu’elle lit. Pas les mêmes livres, bien sûr. Y a le choix de lire un peu c'qu’on veut. J’ai toujours pensé qu’il n’y avait pas le choix (quand on fréquente Duras, on lit les livres que lit Marguerite Duras et surtout pas les autres), mais Hélèna pense qu’il y a le choix. Elle lit, par exemple, la littérature contemporaine (les best-sellers) anglaise et américaine et uniquement en traduction et elle lit vite. Hélèna peut donc me dire deux mots sur cette pièce de Christophe Pellet que j’avais commencée sans rien comprendre (il faut dire qu'entre le moment où j’ai rencontré Christophe et où il m’a offert son petit livre – « Ça s’lit en deux heures. » – et le moment où j’ai commencé à le lire, j'étais déjà tombé sur l'écriture de Pierre qui a – comment dit-on ? (se référer à Barthes, Fragments d’un discours amoureux et, franchement, à tout ce que j’ai écrit récemment) – fait le vide tout d’un coup et ôté la possibilité à Christophe). « Si, on comprend très bien. », me dit Hélèna. « Trois personnages. » « C’est genre universel, y en a un qui s’appelle L’un et l’autre qui s’appelle L’autre. » Et encore : « Ça m’a fait comprendre un truc sur le théâtre, c’est que le théâtre, c’est universel, et puis voilà ! » (Hélèna, tant qu’elle me fréquente – cela durera-t-il ? – songe à écrire pour le théâtre et, comme elle n’y connaît rien de rien, songe même à se renseigner. Elle s’émerveille de tout, s’ennuie quand c’est trop abstrait et se réjouit quand les acteurs sont doués – sauf dans le cas d’une fille trop belle qui pleurerait et qui crierait, ce cocktail l’angoisse, semble-t-il… Elle a découvert un livre qui dit qu’il n’y a que vingt-et-une histoires dans le monde – ou douze, je n’sais plus, avec lesquelles toutes les pièces, tous les romans, tous les films sont bâtis.) J’embrasse Pierre, j’embrasse Hélèna, j’embrasse Christophe, aussi, tiens !

(Et je vais prendre le train…)






29 déc. 08.

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