Wednesday, February 26, 2025

L e destinataire s'est effacé (3)


Demi-bruit des villes de province, caractère ouaté, presque endormi 

A la vitrine de la pâtisserie de l’Eglise, une clocharde, mais pas « mal » habillée, se met à chialer devant moi pour 1€ pour manger. Un peu plus tard, j’entre dans la pâtisserie, tandis qu’une dame cherche dans ses poches les 1€ demandés et, un peu plus tard encore, je suis rejointe à la caisse par la même clocharde devenue cliente qui me parle sur un tout autre ton (le ton mondain) : « Ils font de très bonnes choses, ici… » Plus tard encore, de nouveau dans la rue, elle me souhaite « Bon appétit » puis encore, descendant la rue pentue avec ma pizza à la bouche, je la vois demander à de nouveaux passants les 1€ éternellement désirables…

Il pleuvait et je regardais vers le bas

Legrand me reproche souvent mon aisance à la mondanité. On rencontre souvent ensemble (prétend-il) des personnes qui me reconnaissent d’avant, du temps où j’étais un peu célèbre, sous un autre nom, où je donnais des spectacles auxquels elles font encore référence avec de l’appétit dans les yeux. Mais il ne se rend pas compte que cette mondanité, cette complaisance qu’il me souligne (« Oh, c’est très gentil, vous êtes adorable, merci… ») fait soupape à la souffrance intense (ou langoureuse) qui est celle d’être à ses côtés et de n’en être aimée pour cela qu’à moitié

Ton Paris adorable 

C’est toi qui marches dans Paris, c’est toi qui connais les caches, les passages secrets du Désir ou de l’hôtel Amour, c’est toi qui t’arrêtes dans les cafés, qui corriges tes copies, c’est à toi que les filles jettent leur numéro de téléphone en passant près de ta table (ça t’est arrivé si souvent)

C’est toi qui as un avenir, c’est toi la vigueur (sexuelle)

Mais c’est moi ta femme japonaise, la femme fantôme de tes rêves qui t’enserre dans ses rets

La politesse de mon village

Je regrette que ma mère soit morte, je préférerais écrire sur ma mère que sur Legrand

« Je t’aime parce que je t’aime »

Pourquoi parfois je déteste les possibilités de la ville ? Parce que je veux que ce soit toi qui les vives, éventuellement avec moi qui te suive (dans ton sillage)

Le reste du temps la négation du dehors, le tassement dans mon terrier

La fin du monde

Je ne suis plus de ce monde

Je suis une vieille star

(une étoile déjà morte)

On désire un idéal…

« tu as pour oreiller une malédiction trop profonde » (Paul Verlaine)

« Went to church and while I was kneeling and praying for money a shopping-bag lady came in and asked me for some. She asked for $5 and then upped it to $10 . . . I gave her a nickel. » (Andy Warhol)

Labels: