Wednesday, June 10, 2020

L e grand Noir (pour Julien)


Comme c'est beau... Cher Yan, quelle générosité tu as, tu sais. Surtout pendant un (long) moment — la fin est dramaturgique, c'est intéressant (et généreux), mais c'est autre chose. Mais, pendant un long moment, c'est une forme. Je trouve que la plus belle forme littéraire est justement celle-ci : lettre avec poèmes dedans. On a tout ce qui compte et rien du reste. Patrick m'a proposé tout à l'heure de donner une performance jeudi prochain dans le bar (ils inaugureront ainsi des « jeudis » sur tout l'été) et j'ai donc, en te lisant, imaginer jouer ta lettre. Il y a aussi les élèves du TNB à qui je voudrais transmettre toute la partie russe, « matière russe ». Leçon de ténèbres, je suis au courant, j'ai donné à Lyon il y a quelques années une série de huit spectacles qui s'est appelée Leçon de théâtre et de ténèbres (l'un des spectacles, le septième s'appelait aussi Leçon de ténèbres, je t'en montrerai un trailer). Mais Leçon de pureté, c'est magnifique aussi. C'est bizarre, Soudaine beauté de l'éphémère m'apparaît déjà démodé. L'idéal, c'est un titre qui ne se pose qu'à la fin d'un travail, au moment de l'offrir, comme un papillon parce qu'il le veut bien. Si les particules réagissent exactement de la même façon au même moment, si on tue l'homme, la femme meurt aussi (etc.). Je ne te crois pas quand tu dis que je t'ai envoyé une photo de moi à poil ! Ce n'est pas possible, je ne te crois pas. Montre-la pour que je te crois et détruis-la pour que tu ne viennes pas dans trente ou quarante ans (quand je serai devenu célèbre) me chouiner sur les réseau sociaux comme quoi tu aurais été traumatisé dans ton être et détruire ma carrière, salaud ! Je vous assure, Monsieur le Procureur, je ne me souviens de rien. Entre nous, chéri, tu n'es pas du tout mon style ; je te le dis parce que tu m'as demandé, n'est-ce pas, d'être sincère. Là, ce soir, par exemple, j'ai rendez-vous avec un grand Noir. Je ne sais d'ailleurs pas du tout ce qu'il me veut, me manger tout cru probablement, il m'a réveillé ce matin, j'ai dit oui. Devant ma confusion (le saut du lit, les poches sous les yeux — il avait mis la visio-conférence pour que je le reconnaisse, son nom ni sa voix ne me disaient rien), il a sorti une belle phrase (je cite de mémoire, elle est peut-être mieux sur mon blog) : « Toi et moi, on est des choses à bousculer, chéri... ». J'avais joué, un jour (il y a deux ans, je crois), un rôle de travelotte dans un bar gay (je n'ai même pas vu le résultat : ça doit être dramatique !) et il était figurant, dans ce faux bar, et je n'arrêtais pas de l'embrasser. Il n'acceptait d'ailleurs seulement, en vrai professionnel, que quand la caméra tournait ; alors, je hurlais constamment (amant) : « Moteur ! Moteur ! On en refait une ! Ça peut être mieux ! » J'étais déchaînée, mais, mon chéri, C'ETAIT DU CINOCHE ! J'ai peur qu'il me fasse venir dans sa « casa » comme il dit, à Pantin, pour venger les Noirs, vu le contexte... Bon, que te dire encore de ta lettre ? Elle est très belle — je me répète — et inaugure quelque chose... Je la relirai. Toute mon amitié, 
Ovni

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T exte remanié pour la Manuf


Si les étudiants...

Si les étudiants pouvaient jouer le jeu : non pas tourner, comme on dit, autour de la piscine ou discuter autour d’une table — ce qui devrait, de toute façon, être très agréable, l’époque délivrant plus de questions qu’elle n’apporte de réponses — ou attendre, méfiants, la délivrance d’un « enseignement » que je serais malheureusement incapable de leur dispenser, mais se passer de tout ça, considérer la chose comme définitivement acquise : ne rien apprendre, alors, qu’on ne sache pas, pas autre chose, comme disait l'enfant Ernesto qui ne voulait plus aller à l’école parce qu’on lui apprenait « des choses que je ne sais pas », mais vivre, vivre au sens de plonger dedans, par les pieds ou par la tête, dans le fleuve océanique, pas avant, pas après, mais tout de suite (avant la mort) ressusciter, jouer Dieu (ou Bouddha). Pablo Picasso, phrase célèbre, « Je ne cherche pas, je trouve ». Assertion qui rappelle celle de Gérard Depardieu : « Je ne joue pas, je vis ». Pas faire semblant. La vie, c’est seulement des rencontres. Dans une mise en scène de Claude Régy, Ivanov, blasé, s’exclamait  : « On se croirait dans un roman ! » et Sacha, l’amoureuse, répondait : « La vie, c’est pareil ». « On est des choses à bousculer, chéri... »

Qu’appelle-t-on être libre (sur un plateau ou devant une caméra) ? Est-ce que « trouver » a à voir avec cette liberté ? Qu’est-ce que la liberté ? N’a-t-elle pas d’autres noms ? (« J’écris ton nom… ».) Qu’est-ce que respirer, vivre, être ? Qu’est-ce qui compte, ne compte pas ? La métamorphose ? Le passage ? Le passage d’un instant à l’autre ? Qu’est-ce qui est facile ou difficile ? Qu’est-ce que s’immerger ? Qu’est-ce que savoir et qu’est-ce que l’ignorance ? La présence, l’absence ? Qu’est-ce que l'« esthétique de la disparition » ? Au profit de quoi ? Qu'est-ce que se perdre ? Gagner ? Perdre ? Est-ce que les anges… ? Les fantômes… ? Se souvenir se perdre. Se souvenir être mort. Sincérité ? Mensonge ? Le théâtre ? Qu’est-ce qu’apparaître, alors ? De tout ce désastre ? Qu’est-ce qu’après la bataille ? Le réel ? Après le réel ? Qu’est-ce que le cœur ? S’adresser avec le cœur, c’est possible ? Avons-nous un cœur ? Qui a un cœur ? Oui, non. Qu’est-ce que la vérité, qu’est-ce que la vérité qui n’est pas ? As-tu un cœur ? Toi, moi ou toi ? Toi ?

YNG

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« On est des choses à bousculer, chéri… »

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V ues de Lausanne



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L e Visage des célébrités


« Le visage des célébrités m’accable comme une information ressassée. C’est bon, c’est bon, on a compris. Ta gueule ! »

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