Tuesday, February 05, 2013

L'Affiche

Einstein (ou comment lire le blog)


« Vous auriez envie d’indiquer un mode d’emploi pour « lire Duras » ?
— Une lecture non continue, qui aille par sauts, sauts de température, par rapport aux habitudes du lecteur. Contrairement à la linéarité du roman classique, balzacien, il s’agit de livres ouverts, inachevés qui, en dernière instance, visent à un monde en devenir qui ne cesse jamais de bouger. »

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Femelle

Le Principe qui rend toute action individuelle impossible



Je lis un très petit texte de Virginia Woolf sur les classes sociales que je trouve extrêmement puissant. Bien entendu que ces problèmes sont les mêmes partout — et que, si l’on s’occupe du roman, on peut s’étonner que le roman — ici, même spécifiquement anglais ne puisse ni rendre ni dépasser ces cloisonnements infinis. De même, si l’on s’occupe de show business, il n’y a rien de plus intéressant — et même crucial — que de s’intéresser au salaire des acteurs. On est au cœur du monde, là, et on est précis (on parle d’un domaine qu’on ne peut pas nier connaître). Je pense beaucoup à notre petite Audrey, ces temps-ci. On devait aller voir les tigres. Notre petite révolutionnaire. Mais Audrey s’est fait avoir par un journaliste. Elle défend Gérard Depardieu, « On se trompe de cible » et elle défend la Russie, « On ferait mieux de regarder ce que fait Hollande ». C’est ce que j’ai pensé appeler : « le devenir Brigitte Bardot d’Audrey Vernon ». Pourquoi Depardieu, bouffi de fric, serait une mauvaise cible ? Au contraire, on peut bien viser. « Lui, au moins, il n’a jamais exploité personne. » Ah, bon ? Je pensais exactement le contraire. C’est pas Victor Hugo, Depardieu. Et Poutine, c’est pas Hollande. Je ne crois pas... Le texte extraordinaire de Virginia Woolf qui s’intitule : La Nièce d’un comte, commence ainsi : « Il y a un aspect du roman dont la nature est si subtile, que tout ce qu’on en a dit (...) » et se termine par : « L’art d’une époque véritablement démocratique sera — quoi ? » Oui, Audrey, je te pose la question : Depardieu sera-t-il partie de l’art d’une époque véritablement démocratique ? Que dit Marx ? Virginia Woolf dit que l’écrivain, quand il réussit, s’élève dans l’échelle sociale, au lieu de descendre et, mieux encore, de se diffuser. La phrase exacte qui me revient ce matin alors que je me réveille un peu tôt parce que je dois aller au Pôle Emploi est : « Malheureusement, la vie est ainsi faite que le succès littéraire signifie invariablement que l’on s’élève, jamais que l’on chute et rarement, ce qui serait beaucoup plus souhaitable, que l’on se diffuse dans l’échelle sociale. » C’est une phrase vertigineuse.

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« Il est inutile de faire comme si les distinctions sociales avaient disparu. Chacun peut faire comme s’il n’admettait pas ces restrictions, et qu’il vivait dans un compartiment lui permettant d’avoir accès au monde entier. Mais tout cela est illusion. »

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Drame

L’Esclave


« Le dernier homme de l’histoire humaine sera un esclave. Il n’y a pas de course aux armements, il n’y a qu’une course à l’esclave. Et c’est à qui, des politiques, en sera le dernier maître. Le sexe ne m’intéresse pas. Je suis un politique, je traque l’esclave absolu. Le dernier homme, le dernier esclave mourra avec ma langue de fou dans sa gorge. La prostitution, libre ou non, consentante ou non, c’est pour moi toujours et encore de l’esclavage.
Ma folie, c’est cette tentative d’élaboration d’une langue, d’une musique, par laquelle ce dernier homme, ce dernier esclave pourra dire à son maître, à son politique, qu’il les moyens d’obtenir la propriété de son corps et de son organe, mais qu’il n’a pas ceux de se rendre propriétaire de sa pensée. La pensée, ça ne s’achète pas, ça ne se vend pas. Aucun maître ne peut être à la fois propriétaire d’un sexe et de la pensée de ce sexe. »

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La Main (maniérisme)

Gluten free


« Une fable explique que ciel aimait la terre ; en se penchant vers elle, il fit tomber quelques grains de riz de sa poche, et lorsque la terre enfanta les hommes, ceux-ci trouvèrent immédiatement de quoi se nourrir. »

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Lit blanc

Usage

La Phrase


Marie Vachette, au soir du premier jour de visionnage des images me dit qu’on peut faire plusieurs petites œuvres autonomes (plutôt que d’essayer de mettre des choses — d’un matériel très disparate — à la suite). Elle me demande de trouver un titre, comme une phrase dont les fragments permettraient de titrer les séquences et de les relier entre elles (formant au moins l’ensemble de la phrase). Voici une phrase (j’ouvre, ce soir, un livre) : 

« Drusilla printemps de nacre, iris de mer, prison d’émeraude, miel de marécage, magnolia sous la froide neige, domaine du matin, demeure du soir, campagne de sang et de nacre, étang de cris, rosée sur les épaules, haut parage de neige, pluie sur la mer, feuillage de l’eau, aigle de vent, aigle de soleil, brassée de joncs. »

Voilà le portrait d’une femme qui formerait une phrase. Au soir du deuxième jour, on rêve d’une galerie et de ces « plusieurs » œuvres exposées de manière chacune spécifique dans la taille et le support adéquats, vidéos, photos... A l’entrée de la galerie, j’imagine une enseigne au néon, en arc-en-ciel : Avenue Fuck. Et l’ensemble de la galerie présente quelques perles de ce qui a été tourné, photographié, rêvé pendant 2 jours et demi avenue Foch, fin janvier, quelques fantômes de sang.

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Papier peint

« Si vous vous intéressez autant au langage, est-ce parce que, comme le dirait un Wittgenstein « light », si le langage est à peu près clair le monde sera à peu près clair ? »

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Image qu'aime Marie Vachette