Friday, July 30, 2010

Musique d'humanité

Belle de l'aube

"The still, sad music of humanity."

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Péplum

Demain je joue la dernière de ce spectacle qui m'a tant donné. C'est peut-être ça qui me retient de dormir. C'est émouvant, une dernière. Vingt-cinq représentations. Ça ne m'était jamais arrivé comme ça, seul, seul avec la sensation, seul avec tous les autres. On m'a demandé si j'étais crevé... Crevé ? Mais j'ai tant reçu. Au contraire, je suis en pleine forme. On peut jouer tous les jours, y a pas besoin de relâches ; les relâches, c'est quand c'est chiant, mais quand c'est respirer... La nature aux portes de la ville, à l'extérieur des remparts, j'y pense comme à une sœur. Elle est toute près. Elle non plus ne me manque pas : elle donne tant. L'expo Barcelo m'a plus marqué que je ne le croyais en la visitant : tant de pâte, tant de matière, la terre... Mais mélangé avec ce que disait Pierre citant Bachelard... La dernière fois que je suis allé au pont du Gard, tout récemment, j'ai nagé dans l'eau très calme (le "lac" du pont du Gard) jusqu'à la falaise qui était belle comme une sculpture de Barcelo, plus belle, j'ai pensé (mais donc aussi belle). Et il y avait dans la matière de pierre, la pâte à peine arrêtée, une tête de poisson, une immense tête, un œil (je sais où). Alors il y avait le feu dans le ciel, le feu rose, dans l'air, il y avait l'eau qui était ma matière et il y avait la rive sculptée qui était Pierre. Plus loin, il y avait aussi le pont construit. L'harmonie. Et aussi les amis : Raphaël et Lætitia. Nous nous baignions nus et il y avait encore des canots d'enfants qui descendaient encore de Collias, muets et silencieux. A chaque fois que nous sommes passés sous le pont, il y avait le grand vent, mais pas avant, pas après. Et nous nous sommes même arrêtés pour voir le son et lumière (sans le son, heureusement) que bien sûr nous avons trouvé toc. Mais après tout... Péplum.

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Une poésie qui coule de source

Belles de nuit d'insomnie (mangé pas frais tout à l'heure)

"La liquidité est, d'après nous, le désir même du langage. Le langage veut couler. Il coule naturellement. Ses soubresauts, ses rocailles, ses duretés sont des essais plus factices, plus difficile à naturaliser."

"Alors combien la forme est peu de choses ! Combien la matière commande ! Quel grand maître que le ruisseau !"

"On comprendra que le mot rivière est le plus français de tous les mots. C'est un mot qui est fait avec l'image visuelle de la rive immobile et qui cependant n'en fini pas de couler..."

"Lèvres et dents produisent alors des spectacles différents."

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Belle de nuit

"La vie réelle se porte mieux si on lui donne ses justes vacances d'irréalité."

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Belle de nuit

"Alors Narcisse ne dit plus : "Je m’aime tel que je suis", il dit : "Je suis tel que je m’aime.""

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Réponses

(Je n'ai pas pu répondre sur Facebook, ma connexion ici pas très bonne - et puis, j'ai pris le temps et les messages avaient déjà fuités dans d'autres tuyauteries...)



Je veux contrôler la parole ? Comme c’est curieux… Les artistes veulent contrôler la parole ? Comme c’est curieux… Tadeusz Kantor avait fait un spectacle sur ce thème, intitulé : Qu’ils crèvent, les artistes ! Venir voir un spectacle de bonne humeur est une demande inacceptable ? Comme c’est curieux… On n’évolue, je crois bien, pas dans le même monde, Monsieur Bély et ses nounous. Heureusement le mien est vaste, il date de l’antiquité, il dit : un spectacle, ça se fait à deux. Quand je parais devant les spectateurs, je le fais de ma meilleure humeur - pour donner du bonheur. Voilà où j’en suis. Mais si on me met un type renfrogné en face de moi, je serai comme Vénus, je n’y arriverai pas (à donner du bonheur). C’est comme pour tout. Vous pouvez voir une expo de mauvaise humeur, vous pouvez lire un livre de mauvaise humeur, vous pouvez écouter de la musique de mauvaise humeur et vous en apprendrez quoi ? Rien. A moins que vous n’imaginiez que l’art peut vous soigner… Mais, là non plus, nous ne sommes pas du même monde, je ne le pense pas, moi. C’est ce que Borgès, Stevens, Duras, Sarraute, Shakespeare… et moi-même disons pendant une heure quinze : on ne peut que faire allusion, "la vision d’un homme ne prête pas ses ailes à un autre homme". Et voilà pourquoi il faut être deux. Deux en forme. Vous dites que les artistes doivent être des citoyens comme les autres (ce sont les mêmes mots de la curée contre Roman Polanski) – mais vous les placez où, les artistes, s’ils n’ont pas le droit de critiquer vos critiques ou vos humeurs ? Fais ton spectacle et tais-toi ? Pas le même, pas le même monde... Je le redis : mes spectacles ne s’adressent pas à vous. Ils s’adressent à ceux qui le veulent bien (et non pas le valent bien…), c’est-à-dire à tout le monde. Vraiment exactement.



Des fois, c'est bien écrit... Je te cite, cher Jérôme, dans mon spectacle d'Avignon (la phrase de Van Gogh que tu avais placée en exergue de ta critique de Vénus & Adonis) - mais pourquoi Gilles Jobin n'aurait pas le droit de dire qu'il aime Marie-Christine Vernay et qu'il n'aime pas d'autres blogs... ? Ça m'échappe, là. Et puis personne n'est obligé d'acheter un billet pour voir un spectacle, y compris (et d'autant plus) quand c'est subventionné ! Y en a tellement, de spectacles, y a la télé, y a les livres (les bibliothèques), les expos, la musique et les films qu'on peut télécharger, etc. Y a la vie. Personne ne doit rien à personne ni les artistes aux spectateurs. On dirait que vous faites une association d'usagers de la SNCF, là... Les abonnés... Tout ça est plus léger.

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Demain, pour la première fois depuis vingt jours, il restait des places (tout à l'heure en sortant du théâtre)... L'occasion de tracter avec plus d'enthousiasme encore un dernier soir avec les cartes qu'ils me restaient. J'aurais ADORE ÇA, tracter, tous les jours, avec ces cartes merveilleuses (qui vont maintenant s'échanger sur eBay) de François Olislaeger et Ronan Le Régent, rencontrer les gens...

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Un mot américain

Kate Moran :
You are the ultimate shakespearian rockstar

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Encore demain

MERCREDI 28 JUILLET 2010

Avignon - Yves-Noël Genod
Le Parc intérieur

Variations sur Vénus et Adonis de Shakespeare

d'Yves-Noël Genod



Voici un spectacle bien singulier et personnel, qui ressemble tellement à son performeur.

Nous sommes accueillis par du champagne et cela c’est la gentillesse et la générosité d’Yves-Noël Genod, qui ne manque pas de culot non plus, dans la société ou l’argent fait tout et dans un festival au In si cher, il s’offre le luxe de nous inviter. Le b.a. ba du théâtre, la gratuité, et si l’on a aimé, on peut donner à la fin, dans le chapeau. La beauté du geste. Le geste commun, celui de l’artiste et celui du spectateur ravi (ou pas ?) Impossible de ne pas l’être ! Tout le monde a aimé et encensé ce spectacle. La presse en a parlé partout, et, tant mieux, Yves-Noël a fait salle comble et c’est une bonne chose. Car il faut tirer son épingle de l’écheveau inouï des 1000 spectacles du Off d’Avignon… Pari réussi pour cet instant en tête à tête avec ce brillant comédien, metteur en scène qui nous raconte tel un conteur des anciens temps, ou tel un prof passionné par l’œuvre, l’histoire de Vénus et Adonis. J’avais déjà chroniqué la version plus courte qu’il en avait fait à Gennevilliers, et j’ai retrouvé le plaisir d’écouter le texte, rentrer totalement à l’intérieur, et observer les milliers d’images qu’Yves-Noël réussi à faire surgir sous nos yeux. Véritable vie qui se prend dans les mots, du poème écrit, soudain l’oiseau se fait entendre, Adonis est étendu devant nous, le cheval s’échappe… Tout est là.

Dans cette Condition des soies, scène circulaire qui fait penser au cylindre de Beckett du Dépeupleur, verre de champagne à la main et éventail dans l’autre, on ri beaucoup aux dizaines de digressions qu’Yves-Noël fait ici ou là au gré de ce que le texte lui rappelle… Un souvenir de Marguerite Duras, un coup de fil avec Régy, des anciens spectacles, des films, des recherches sur internet… Avec son humour ironique et un brin moqueur, mais souvent aussi plein d’enthousiasme pour tout ce qui l’entoure, il nous emmène dans son monde. Et on s’y sent bien… Voilà ce que je préfère dans Genod, c’est Genod ! Un voyage dans le regard d’un artiste, c’est un moment rare, et c’est ce qui le rend précieux, lorsque quelqu’un tente de nous changer les yeux. Ici la découverte d’un texte magnifique, du mot à mot parfois et l’ampleur de l’émotion qui s’y cache est débusquée par un fouilleur professionnel, qui sait montrer derrière chaque image, la tragédie d’une Vénus, désirant sans retour. Et l’on s’y voit, et le poème résonne en nous, comme autant de souvenirs à notre tour, un joli tour de passe-passe, entre les lignes d’humour, la douleur…

Encore jusqu’au 31 juillet à la Condition des Soies, à 18h.

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Belle de nuit

"Vous priez en votre détresse et en votre besoin ; puissiez-vous prier aussi dans la plénitude de votre joie et en vos jours d'abondance."

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Changer le ciel

(Belle de nuit)

"La cosmologie n'est pas étrangère à l'humain. D'abord c'est une représentation de notre esprit, elle n'est pas détachée de nous, la nature c'est le couple que vous faites, que je fais avec le ciel, donc, en cosmologie la révolution c'est changer le ciel uniquement et il nous appartient de partager la beauté du ciel…"

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The Photographer




Un photographe qui s'appelle Louis, mais que j'appelle Julien, je ne sais pas pourquoi, ce que je rectifie ici, vient pour me photographier. Au bout d'un certain temps, je lui dis que je suis aussi metteur en scène et que je me suis mis, moi aussi, à le regarder. Il travaille en argentique, mais, moi, je suis moderne (ça va plus vite).
Lætitia, que j'héberge, arrive à l'instant et me parle du gardien du jardin suspendu (au dessus du palais des Papes, je ne sais plus comment on l'appelle) qui possède des pythons. Il l'a invitée à passer les voir ce soir à son domicile.
Du coup, en écrivant cette note, à l'heure de la sieste, je me demande qui de Louis-Julien ou de moi va manger l'autre parce que me revient cette histoire d'un type qui vivait avec un python en liberté dans son appartement et qui s'est inquiété quand il a vu plusieurs fois son python s'allonger et se raidir comme une règle le long de lui dans le lit. Alors (je reprends le cours, Thomas Lebrun qui fait l'invité tout à l'heure m'a appelé : il faut qu'il se trouve une perruque...) le type, il est allé voir le vétérinaire et le vétérinaire lui a dit : "Oh, là, là, il faut vous en séparer tout de suite, de votre python, parce qu'il est en train de vous mesurer pour savoir s'il pourra vous avaler !" Bon, si je dormais un peu, moi, au lieu de raconter des bêtises...

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