Monday, May 05, 2014

L es Cévennes, exactement




Thomas Lévy-Lasne publie sur FB des photos de ces palettes du moment (photos qui pourraient être déjà des peintures ou des aquarelles à sa manière hyper-réaliste, on peut en douter). Sous l'une d'elles, j'écris : « On dirait les Cévennes… » (puisque j'y suis, j'y pense...) et Thomas répond : « Je t'ai parlé de ce que je faisais, Yves-Noël ? Non ? C'est exactement ce que je peins en ce moment ! »

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L uis de Góngora


« Il faut vaincre, ou violer, une surdité de base : « La mer n’est pas sourde, l’érudition trompe. » Le soleil, les oiseaux, les arbres, la brume, les rochers, tout est tenu par le son.
« Le nombre croît, les voix se multiplient. » Les îles, au loin, sont une « flotte immobile ». Le fleuve « fait de sa blanche écume autant d’oreilles qu’il lave de pierres ». « Il n’est pas de silence auquel l’écho à voix entière ne réponde. » Le désir est aérien, sans cause ni justification : « A batallas de amor, campo de pluma », à batailles d’amour, champ de plume. »

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Un robinet qui s’arrête de couler quand on ne l’écoute pas



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P roche et profond


Je viens de lire un livre inouï, un livre sublime, Essai sur le Lieu Tranquille, de Peter Handke. Ou alors c’est de l’avoir lu en promenade — une promenade sublime, inouïe — qui l’a rendu tel. Je suis allé au Mont Aigoual — le « mont qui pleure » parce qu’il est si haut qu’il reçoit, m’a dit Marc, et les nuages des Pyrénées et ceux de l’Atlantique et qu’il reverse sur ses pentes aussi bien vers l’Atlantique que vers la Méditerranée (l’Hérault, où je me suis baigné l’autre jour, y prend sa source). Parti le matin à 7h, dix heures de marche, je suis revenu le soir (à 21h), et j’avais lu le livre certes écrit gros, certes court, mais quel livre ! Juste avant, pendant ce voyage, j’avais lu Don Juan (raconté par lui-même), du même auteur, et c’est sublime aussi, mais je n’avais pas compris autant qu’avec celui-ci ce que voulait l’auteur — même pas « voulait dire », voulait —, ce qui m’a vraiment ému de le découvrir avec ce livre (encore une fois, peut-être ds les conditions idéales). Ds le snack au sommet du Mont Aigoual, 2 personnes m’ont interrompu, une vieille dame à cheveux blanc et, ensuite, l’un des 2 randonneurs mâles qui s’étaient mis à ma table : « C’est quoi, le Lieu Tranquille ? » ou « C’est pas si tranquille, ici… » Bon, à part ces 2 grotesques, ces 2 dérangeants, j’étais, j’ai été, moi aussi, dans le Lieu Tranquille (allez leur dire qu’il s’agit de l’écriture…) J’ouvre ce matin cet autre livre de Peter Handke que j’ai emporté avec moi (le troisième), Hier en chemin, et je lis en effet : « Aller signifie (doit, peut signifier) : Je m’en vais savoir ». Et aussi : « L’œuvre d’art, la gifle de vie douce (« claque » vers la vie) (il ne faut pas toujours que ce soit « la hache qui brise la mer gelée en nous »). » C’est très clair, ce que veut Peter Handke, il en parle tellement, tout le temps, il l’exprime. Pourquoi ne puis-je pas plus souvent (partir dans la nature à pied) suivre son enseignement que je comprends ? On voudrait plusieurs vies et aussi la sienne, la sienne qu’on croit ne pas connaître. Mais, c’est idiot, elle est là, sa vie propre, elle est la même pour tous, simplement, l’œuvre, ce serait de la découvrir, l’« œuvre d’art », et nous ne pouvons alors être séparé. Mais, cette vie, il ne faut pas seulement la lire, il faut la vivre. D’où la marche. Il faudrait qu’enfin je comprenne que je n’ai que ça à faire. Il me faut le temps, il me faut le temps pour partir (les mois prochains vont être bien pleins…) Marcher, pas d’errance ou, si l’errance arrive encore — forcément —,  pouvoir, comme hier, retrouver le Lieu Tranquille, celui qui fait voir la pierre ou le cheval ou la mousse ou le hêtre comme prochains.

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