Thursday, April 25, 2013

21h


Magnifique spectacle d’amour et de narcissisme  — de cabaret, quoi ! — au théâtre La Loge par Edmonde Gogotte (alias Christine Armanger), sorte de peep show entouré de glaces, mais de glaces obscures. La salle est fraîche et hétéro, tant mieux ! on ne peut pas toujours se marier entre same sex. — A propos, j’ai essayé de me réconcilier avec mon ex le jour de la victoire du oui, ça n’a pas marché. Je voulais cette victoire légère (et ailée) ramassant sur le champ de bataille les vaincus tel un ange, ça n’a pas marché. Lui était amer, acide, terreux et noir. Les opposants au mariage gay (même homosexuels) en ont gros sur la patate et la réconciliation de la famille française, c’est pas encore d’actualité. — Sauf chez Edmonde Gogotte. Le cabaret le plus chic : la beauté féminine — et le vide. Comme disait Rodin : « Quel éblouissement : une femme qui se déshabille ! C'est l’effet du soleil perçant les nuages. » C’est somptueux et le fait que le (petit) théâtre soit à moitié vide rajoute à la poésie, à la beauté clandestine de rideau soulevé et de trou de serrure. Dans la salle, quelques jeunes couples très beaux, quelques hommes seuls aussi, très beaux aussi, étranges — l’érotisme relie les hommes mieux que Dieu. Edmonde Gogotte fait trembler un climat comme l’eau d’un lac, un étang. C’est l’étang érotique. L’étang dix-neuvième. Rien de moderne, mais le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui. (Car l’aujourd’hui n’est pas moderne, il est de la chair éternelle.) C’est avec des spectacles comme celui-ci que Paris ressemble enfin à qqch. Une grande capitale étrangère. Ce soir, 77, rue de Charonne. 

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Corp et temp pour toi que j’aime si tu l’acceptais


« 28 mars 2013

Yv-No ne met plus au singulier de s à temp dans ses chroniques. Il avait dit qu'il était pressé d’écrire le mot corp sans s au singulier. Mais cela a dû lui paraitre plus difficile. Ou alors il ne se sert pas du mot en ce moment, ce qui m'étonne...
C'est un jour de neige, Yv-No vient me visiter par surprise. Tandis que nous nous promenons dans ce paysage de rue ordinaire, pour une fois différent, car blanchi à la neige, je lui parle de Diderot qui tentait toujours de glisser dans son Encyclopédie des corrections à la doxa officielle, en fait des transgressions. Je lui dis que j’insère à sa manière dans mes textes des petites phrases qui généralement ne se disent pas. En somme des « corrections » aux clichés et autres croyances.  Et aussi que je m'amuse à injecter de petites corrections d’anomalie de la langue et de sa graphie : « par exemple, j'écris corp et temp sans s au singulier » (puisqu'on dit corporel, temporel, corporation, temporiser etc). Ce qui donne : Le temp, les temps, le corp, les corps... Avouons que ça fait plaisir d’écrire le printemp sans s final, même s'il est en retard cette année. Ça fait plaisir aussi parce que désormais nous sommes au moins deux à le faire ! »

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Cinéma


« Un mot pour finir. Il y a plusieurs façons de demander ce que raconte le cinéma français, de s’insurger lorsqu’il ne raconte rien ou de déplorer ses récits alambiqués et narcissiques. Sans parler de cette pathétique croyance dans le scénario qui revient comme une superstition. S’il fallait prendre ce « mal » à la base, il faudrait dire : ne racontez pas toujours des histoires qui « arrivent » aux personnages. Qui leur arrivent comme des tuiles, un destin, un cancer, des « choses de la vie », fût-elle « chienne ». Racontez plutôt des histoires qui arrivent à des personnes qui portent en eux un désir d’histoire, une soif de récit, un appétit d’aventure. Ce désir-là est le seul fil conducteur. Et ce fil-là ne trompe pas. »

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