Tuesday, February 21, 2012

Bologne, il y a une librairie avec des restaurants dedans sur trois étages. C’est pas complètement donné, mais ça s’appelle de la « slow food ». Ce sont les Italiens qui ont inventé ça, en référence aux fast-food. C’est tout le contraire, c’est la qualité, etc. Il y a aussi un vieux café (qui n’a pas bouger depuis…) où on peut apporter son manger – qu’on aura auparavant acheté dans les boutiques multicolores des rues serrées – nous sommes au centre-ville, au plein centre, pas complètement données non plus les boutiques remplies de parmesan, de charcuterie, de légumes magnifiques. Dans la salle du musée où Silvia voudrait que je fasse qqch – qui est une salle monumentale qui tient aussi d’une salle des pas perdus, hall d’aéroport, très Marthaler, comme ça, un mélange –, il y a un garçon qui mange assis sur un banc tandis que la vie passe, vibre autour de lui sans cesse assailli par des portes monumentales ou dérobées, des groupes ou des individus, passants ou fonctionnaires – comme par un coucou suisse ou bien encore l’horloge de la cathédrale de Strasbourg. Il était fixe. Il était le Temps. Je voyais Thomas (Scimeca) faire exactement ce qu’il faisait : rien. Quand il n’y avait personne qui croisait, j’entendais très bien sa mâchoire et aussi très bien le bruit du papier qu’il froissait. A la fin, il a rangé ses papiers du repas et il s’est approché de moi pour me demander de l’argent. Curieusement, pour se faire comprendre, il a fait le geste à son ventre pour dire qu’il avait faim. J’ai été étonné qu’on le laisse comme ça déployer son casse-dalle dans le musée, mais ce n’était pas encore la partie payante et après tout – à l’époque – les escaliers en témoignent – on laissait monter les chevaux jusque là.

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Création




CREATION



« Le pinceau le plus hardi devait trembler de l’audacieuse pensée de rendre, par des traits et des couleurs, l’esprit infini, le Dieu tout puissant qui pénètre et soutient l’univers (...) » Edward Gibbon (traduit par François Guizot).

Qu’est-ce que les images ? Faut-il des images ? Peut-on adorer les images ? Faut-il détruire les images ? Y a-t-il un dieu unique ? « Dior, j’adore » – est-ce vrai ? Dior n’est pas Dieu – est-ce vrai ?
Dior n’est pas Dieu, c’est le titre d’un spectacle contre lequel la maison Dior a menacé d’un procès. Mais c’est aussi une phrase d’une lettre de Claude Régy adressée peu avant : « Ne désespère pas, Dior n’est pas Dieu, etc. »
« Un » créateur d’images peint « le » Créateur, ça a toujours été. Je propose aujourd’hui au public de la Ménagerie de verre, laboratoire par excellence, d’en être avec moi, plus conscient.
Tout artiste ressent, du reste, plus encore quand l’art est représentatif, cette question-là.
Les acteurs n’en seront rien, ils ne sont que tubes et traits de couleurs.

« Quand j’engage Jeanne Balibar, je lui demande pas en plus de faire qqch… »

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Abonné absent, mais je t'envoie quand même à cette adresse la réponse (enfin ! ) de Liliane, elle est très décevante, bon.

Des bises, chaton

YN

Liliane Giraudon
Oui j'ai lu et très attentivement... crayon en main... comme « document » (et le mot n'est pas péjoratif) c'est très intéressant, mais trop long et le « genre » (ça devient un livre qu'il faudrait signer à deux et avec des pb de noms à transformer because droits à la personne etc...), mais nous avons le temps car ce n'est pas pour 2012 et, en ce moment, une version numérique est à l'étude pour cette collection... Je voudrais que tu prennes le temps de retravailler à partir de ton blog en prélevant ce que tu dis de ton quotidien « travail création » inséparable de ta vie... L'histoire de cet amour est belle, il faudrait réduire, travailler avec de nouveaux prélèvements et monter ça. Prendre le temps de le faire. Mais se voir à paris pour en parler. Réfléchis-y. Ecris-moi sur cette boite mail : liliane.giraudon@wanadoo.fr car je ne consulte pas régulièrement mes messages sur Facebook ! Je t'embrasse
lili






Hello,
La réponse de Liliane ne m'étonne pas. Je n'ai pas publié les notes sur mon blog pour former un livre qui tiendrait dans un volume. C'est effectivement un document, et ce n'est pas une mauvaise chose d'avoir rassemblé ces textes sous cette forme-là, aussi bien de mon point de vue que du tien je crois, pour d'hypothétiques lecteurs à l'avenir (qui sait ?) C'est une entreprise frivole et vaine, comme dit Montaigne. (Enfin, la comparaison avec Montaigne ne peut aller bien loin !) Je réfléchis beaucoup à cette drôle d'idée de la mise à nu qui m'a tenu les deux premières années de mon blog. Je repense à certains de mes textes justement, en lisant des poèmes de Bukowski dans L'Amour est un chien de l'enfer. Cette façon de consigner l'expérience proche et intime est touchante, mais elle ne suffit pas, ne se suffit pas. Non, ce qu'il faut, c'est une Comédie humaine !
Je ne suis pas allé te voir au théâtre de la Bastille pour plein de raisons, mais d'abord parce que j'ai toujours aussi peu de temps libre et qu'en ce moment je lis dès que j'ai cinq minutes devant moi. Je reprendrai bientôt la musique pour une résidence à Tours, et peut-être pour une comédie musicale (un projet tout nouveau pour lequel je viens d'être contacté). Il est possible que je me retrouve dans une mission culturelle quelconque si la gauche passe, mais c'est encore une affaire de réseau sous le coup du secret, et sur le mode hypothétique.
Je viendrai au Rond-Point, en tout cas, c'est une salle que j'aime bien.
Porte-toi bien !
Bisous,
Pierre






Eh bien, moi, ça m'étonne, ça m'a même atterré, je dois dire. Car, alors, qu'est-ce qui me touche, moi, qui ne peut pas toucher les autres ? Et c'est pas la découverte des trois malheureuses pages des brouillons d'Une saison en enfer sauvées des flammes qui vont me faire changer d'avis : elles sont infiniment supérieures à la version définitive, Arthur y est comme vivant. Ce que je trouve vivant, en ce moment, c'est par exemple Chateaubriand, mais il a écrit pour que ce soit publié cinquante ans après sa mort (ça a été publié immédiatement après sa mort, en fait), et c'est aussi une œuvre de consignation...
Et cette manière de Liliane de répondre le crayon à papier à la main...
Moi, quand je fais un spectacle, je fais ce que je veux. On me demande des textes, un livre, mais on ne me laisse pas faire. Si je proposais un livre avec un seul mot par page, ce ne serait pas non plus retenu. On ne peut rien faire. Olivier Seiner a dû tout réécrire et, les épreuves, on les lui a envoyées avec encore des propositions de phrases « plus belles », de paragraphes entiers... mais, là, il a refusé, quand même, cette fois, parce qu'il s'est dit, il m'a dit, que s'il voyait dans un article une phrase citée qui n'était pas de lui, alors, il aurait honte...
J'ai du mal avec la littérature contemporaine, tellement peu libre. Tellement arrangée. Tellement relue et archi-boutiquière. Ça n'a pas de sens.
Sauf la tienne !
Liliane dit souvent, ça m'a toujours étonné, « fabriquer un livre ». Il ne me semblait pas que chez Marguerite Duras ça se passait comme ça. Mais peut-être qu'elle avait tellement intégré le processus qu'elle le portait inconsciemment. Moi, non plus, quand je fais un spectacle, je n'ai pas l'impression de le fabriquer, c'est même ça qui se fait tout seul, c'est le plus facile, ça. Non, ce qui compte vraiment, c'est de défabriquer, détricoter ce qui pourrait nous voler la richesse, la vie, la liberté et le plaisir, mais certainement pas de fabriquer qqch.
Peut-être il faudrait quand même envoyer ça à d'autres, on sait jamais. Evidemment, c'est un document. Moi, quand je fais du théâtre, ce sont aussi des documents. C'est comme ça que dit Stanislas Nordey, il m'a envoyé ma première lettre reçue d'un de mes pairs, ça m'a beaucoup touché. Il a vu le dernier spectacle, il en parle en ces termes, je crois, « consignation », « document », « comédie humaine », certainement pas !
Mais, toi, garde cette ambition qui a sûrement un autre sens pour toi que pour moi. C'est l'ambition Houellebecq, par exemple (que j'aime beaucoup lire sur la plage...)

Je t'embrasse aussi, chaton, content que tu aies daigné me répondre cette fois-ci !

Yves-Noël

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La Croyance




« Même à l’article de la mort, on doit avoir besoin de croire encore en l’homme, je pense. »

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« La femme, l’homme, le singe, l’âne, le bébé, et le désert (…) »

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Bologna






































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