Thursday, August 08, 2013

Hervé Bellec



J’ai fait la bêtise d’aller voir la tête qu’a Hervé Bellec (il est sur Fb) parce que je n’étais pas sûr tout d’un coup qu’il ait été le « condisciple » d’Hélène (j’avais forcé le mot) et, en effet, il a 10 ans de plus qu’elle, il a été son collègue (au lycée Vauban). J’ai aussi vu qu’il était moins joli que je l’imaginais. Beaucoup moins joli. Mais alors ! J’ai dû faire un effort mental pour continuer à lire le livre. Ça me l’avait fait avec Liliane Giraudon, j’imaginais une jeune femme, les cheveux noirs coupés courts et quand, au moment de Domaine de la Jalousie, j’ai vu arriver une petite mémée… Duras évoquait ce problème. Comme dans l’édition Folio de ses livres, on ne mettait plus que le nom (pas Marguerite, juste Duras, comme je l’ai fait), elle imaginait que des gens ne savaient pas qu’elle était une femme — ou alors le contraire : Yann Andréa, à cause du a, certains imaginait une femme — ou Valère Novarina. Pour les acteurs, c’est encore plus impossible de s’extraire du « personnage »... mais imaginez que Jeanne Balibar soit débarrassée du personnage « Jeanne Balibar » (le « pendentif Duras » avait dit une fois Marguerite à Yann Andréa : « Vous n’en avez pas marre du pendentif Duras ? »). Je dis « Jeanne Balibar » parce qu’une fois nous en avions parlé (d’ailleurs je me dépêche un peu parce que je prends l’avion — Brest-Bastia — tout à l’heure). Elle s’était exclamée soudain : « J’aurais dû changer de nom au début ! » Moi aussi, j’avais eu dans l’idée, quand j’ai commencé, il y a 10 ans, de changer de nom à chaque spectacle. Echapper, échapper à la « société du spectacle » ! Mais, comme l’avait dit Christophe Wavelet ce même soir : nous avons un « inconscient ». D’ailleurs, ma mère vient de me demander si j’étais réveillé. Oui, l’avion… « Yves-Noël ! il est temps ! » Et je voudrais revoir la mer.

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Les Poètes



Catherine Travelletti
Toi Yves-Noël, Toi le GRAND, Toi le BEAU... J'étais si triste que le cloître te soit resté fermé. Fâchée aussi de la frigidité carmélite. Ainsi fut-il. Soit.
Le salon, par contre, lui, était chaleureux, accueillant. Et puis  la voix JUSTE, la parole TROUBLANTE, littéralement GRANDIOSE.
Je me suis éloignée volontairement du FRANÇAIS, par trop de masturbation d'ego, trop d'érections déclamatoires, trop d'éjaculations sonores d'amour-propre. Dans leur bouche comme devant leur miroir. Je trairais les vaches plutôt que de lécher leur théâtre...  Pourtant, c'est vrai que la LANGUE, elle, eh bien, oui, elle, je l'aime, elle est mienne, elle me manque, ce travail me manque. Puis, toi, juste toi, tu as RACONTE, tu as lu, tu l'as fait entendre, tu me l'as fait réentendre, comme si qqch s'était réactivé en moi. Tu la baisais avec simplicité, avec virtuosité, là, juste devant moi. Tu la prenais dans tous les sens, toi, juste toi, là, dans ce salon, à ce moment précis où ça s'ouvre... mon squelette a littéralement vibré.
Je me suis éloignée volontairement, comme je disais plus haut, de la langue. Par contre, à cet instant précis, quand ça s'ouvre à cet état de présence, à cet état de conscience, à ça... — oui, oui, je me donne ! Je lui donne ma bouche, je lui donne mon corps, je donne ma voix, je lui ouvre chaque entrée. Du moins j'essaye, je trébuche, je tombe, je me relève, chaque fois, je me relève, puis je continue, je grandis. Chaque soir, je danse. J'essaie de me faire baiser par cet état-là. Parfois, c'est moi qui le baise.
MAIS, mais LES poètes, putain les poètes... ILS me MANQUENT. Je me suis éloignée. Là, je veux revenir  aux poètes... Je REVIENS aux poètes.
MERCI.
Voilà, ceci pour te dire que j'aimerais profondément participer au stage qui aura lieu à Paris entre les 14 et 25 octobre. Mon planning n'est pas encore définitif, mais je sais que la compagnie rentrera de Chine le 13 octobre (après une tournée chez les voleurs d'ivoire). Je pense que nous ne reprendrons pas le travail avant le 21, ce qui reste à confirmer. Le 21, pas le 25. Si tu veux bien de moi, je serai très heureuse de travailler à tes côtés.
Je t'embrasse fort

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Ti manco ?



— Ti manco ?
— Non, pourquoi ?
— Pas gentil, ça
— Non, mais quoi ? Ok, tu me manques atrocement. Je me branle plusieurs fois par jour en pleurant ton nom, je l'égratigne aux ronces car sans toi ma vie n'a pas de sens et je t'ai même fait un petit autel où je te sacrifie des oiseaux. Ça te va, ça ?

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Les Portes X



Mon père, à qui j’ai proposé de participer au spectacle des Bouffes du Nord, me demande, dans la voiture qui m’emmène à l’aéroport, de lui dire sur quoi sera le spectacle et qu’est-ce qu’il pourrait y faire. Lui qui n’a jamais aimé répéter et qui arrive toujours (du coup) en dernière mn (en étant parfait)... Oui, mais, non, il en aurait besoin, de le savoir, pour se « préparer psychologiquement ». Il avait imaginé, en lisant « le peu d’informations » que je mets sur le blog, comme je parlais de spectres et que je voulais des acrobates, qu’il pouvait « venir avec une échelle ». Venir d’où ? de Bretagne ? On verra, on verra… Pour le moment, seul le costume compte. Quand je l’ai vu avec son pyjama-short, j’ai pensé qu’il était tout le théâtre. Mais je le pense souvent des gens de la rue, des amateurs. On choisit des acteurs (ou des acrobates) pour leurs capacités techniques, mais sinon... On choisit aussi des acteurs capables de représenter l’homme de la rue — à s’y méprendre —, mais ce sont de très, très grands acteurs. (Ça lui fera plaisir que je ne le/la nomme pas, il/elle se reconnaîtra…) Au début du livre que j’ouvre dans l’avion : « Ce n’est pas dans la folie que sombre Nerval au début d’Aurélia, mais dans le sommeil. Puis dans le rêve, après avoir franchi les 2 portes dont parlait déjà Virgile : l’une est d’ivoire, celle qui laisse passer les rêves, l’autre est de corne et laisse passer les ombres. Mais au lieu de se refermer derrière le dormeur afin de protéger son repos, ces portes chez Nerval restent battantes, et n’arrêtent pas totalement la lumière du jour, au point que le rêve et la réalité se confondent dans son esprit. » Voilà ce que pourrait « faire » mon père — et tous les autres — traverser des portes. Traverser des portes. 

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