Saturday, November 13, 2010

Le Happening de Claude Régy

Yves Michaud décrivait comme un enfer : le monde tel qu’il est. Et je me demandais – du dernier rang – je suivais bien parce qu’il y avait un écran vidéo – où, dans ce monde tel que décrit, je pouvais avoir une place. Le thème du débat était : « L’artiste a-t-il un futur ? » Du haut de mon dernier rang, je voyais aussi, tout petit, lui aussi à la table des intervenants, Claude Régy avec sa petite tête de pierre (Pierre…) Obstinée, sa tête comme un os, de plus en plus têtue et ténue (Giacometti), je me demandais comment il allait réagir. Claude Régy, pourtant habitué à décrire les enfers – mais d’une autre façon –, je sentais bien que, de ce monde vorace et d’énergie tourbillonnante, mondiale et apocalyptique réalistiquement décrit, dans lequel je ne m’apercevais qu’une très petite place (peut-être juste la possibilité d’y « survivre »), Claude Régy, lui, l’ermite, l’ascète, le moine errant, le bouc émissaire, le prophète, voyageur de la dématérialisation, d’un univers sans bord et sans unicité, sans Dieu mais bourré de Dieu (puisque Dieu est absence), je sentais, je me demandais comment il allait pouvoir répondre à cette description que Fabienne Pascaud qualifiait de très noire. « La faute à Jack Lang ? », disait-elle. Je devais prendre le train et je me désolais de ne pas entendre sa réaction dont, malgré la connaissance que j'ai de lui, je ne présageais rien. J’étais assis à côté d’Alexandre Barry qui, de temps en temps, fulminait. Or Claude Régy, n’attendant pas son tour (et comme s’il avait voulu me transmettre l’essentiel) s’est soudain écrié : « C’est insupportable ! » et s’est mis à hurler son dégoût – on a cru qu’il allait crever sur place – insultant Yves Michaud et prononçant, comme simple explication à cette explosion d’horreur et de dégoût : « Vous dites que vous êtes matérialiste. Tant mieux pour vous ! Moi, je n'le suis pas. » Et puis, soudain excédé (comme l’autre essayait de se défendre…), il a décidé de s’en aller (sous les applaudissements de la salle). Moi aussi. J’allais prendre mon train. Alexandre se levait disant : « Il faut que j’aille le récupérer. » Les gens ont forcément cru que je partais en solidarité, c’était juste embêtant.






« Ô fleuve dans la brume. Ô couleurs d’automne sur l’autre rive qui un jour me signifièrent d'avoir pas peur. Ô mer lointaine, ô fontaine gelée. Ô roche des temps premiers. Ô aurore et goutte de pluie dans la poussière du chemin où il y a si longtemps, marchant avec quelqu’un, j’étais si près de l’existence. Ô terre qui fut jadis appelée « Royaume de la lumière ». Ô été et hiver, parc et place, pignon et banc de bois, charmille et gare, fumée du feu et avion de nuit, silence et vrombissement, fleuve dont je fus toujours la réponse, fleuve à reflets au murmure duquel la réponse fut toujours moi… »



« Il y a un trait qui passe au-dessus de cette maison. »

« De toute manière, j’entends le murmure du vent, qu’il y ait murmure ou qu’il n’y en ait pas. »



« Si elle est, on ne sait pas où elle est. » (La réalité.)



Little minou
Easy and triste
Quasi naked



« Le mythe est transparent, il se traverse avec le sex commercial. »



« …que la justice a enfilé précipitamment son manteau en peau humaine pour aller chercher des cigarettes… »



« L’eau était limpide, et lisse, et chaude. »



« …pour un approvisionnement stable et sûr en terres rares. »



« Rendre le spectateur heureux tout en l’informant de l’évolution des mœurs. »



« C’est la fin du chef-d’œuvre. En tout cas, s’il y a chefs-d’œuvre, ils sont innombrables. »

« L’art n’implique pas la qualité. »

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