Saturday, September 06, 2014

L 'idéal : des costumes avec personne dedans


Habillez-vous du mieux possible, je vous assure que je n'aime que le sublime (comme le remarque Antoine Thiollier) sinon rien. Dans le train, il y a un jeune type avec des bretelles à rayures noir et blanc assorties à sa chemise à rayures noir et blanc aussi ! trop classe... Dans la lumière du couchant entre Colmar et Strasbourg... Des pieds trop beaux ! qui plus est, dans des tongs de cuir... J'avais envie de le violer et de le brûler — ou bien de le filmer... sublimation... Les trains sont tellement cinématographiques...

Je vous encouragerai à la fiction et je vous freinerai à la fiction ; je vous encouragerai pour vous freiner... De toute façon, si vous êtes forts, on fera ce que vous voudrez. Si vous attendez qqch de moi, on ne sera pas amis car je n'ai pas d'argent sur moi, je ne sais que prendre. Je suis assez d'accord avec Peter Handke qui dit qu'un metteur en scène, c'est rien, c'est moche, que ce n'est pas de la création, que la création, c'est l'auteur et parfois certains acteurs, oui. C'est vrai. C'est pour ça que je ne monte pas de pièces, pour pas avoir l'air con à ce point... Je suis spectateur, en fait, et vous qui avez la capacité de vous imaginer dans le regard de l'autre (définition de l'acteur), vous me donnerez ce que je regarde.

Apporter des paillettes, des boues, des masques, des huiles, ça va être beaucoup de l'échange de la peau et de la lumière comme en physique quantique, qui crée quoi ? phosphorescences, qui répond à quoi ? qui appartient à rien ? Rien de la société française et de Trierweiler...
Si vous pouviez, disons, avoir 7 identités chacun... C'est peu, si on y songe, mais 7 x 14, ça ferait déjà un petit peuplement... De quoi replanter l'humanité sur une planète lointaine, peut-être... Bien que l'humanité on s'en fout, quelle crève !... mais quand même l'air du soir... qq figures... Le Grand Hôtel... (Écrit à Strasbourg, en attendant, sur la place devant la gare, la correspondance.) Apportez des films et de la musique aussi... 

Je n'ai aucune idée (comme dirait Antoine Thiollier) ou alors qui m'échappe. « Mademoiselle Chanel, comment sera votre prochaine collection ? — Comment voulez-vous que je le sache ? je fais mes robes sur les mannequins... » Ou comme Madame Grès qui avait placé Claude Degliame entièrement nue au milieu d'une pièce à la moquette épaisse, avenue de la Paix, pour lui créer une robe sculptée autour d'elle avec le taffetas carton, un rien ténébreux, bleu canard... Grand et petit, de Botho Strauss, que montait Claude Régy dans ma petite enfance à Villeurbanne... Si j'étais couturier, nous ne ferions que ça, de la haute couture...

Vous n'aurez pas à vous justifier...

Mais ne vit-on pas aujourd'hui dans un monde où les images remplacent le réel ?

« J'essaie, disait-il, d'une réalité qui existe et qui existe indépendamment de moi, de faire non pas une fiction mais un film. »

« Qui 
suis-je
identité 
qui chante. »

« Il semble pour lui qu'il n'y ait entre la vie et l'art que la minceur d'une pellicule transparente, une peau translucide... »

A tout de suite !

(Ci-dessous des poèmes que m'a offerts Isabelle cet été...)

YN

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