Friday, August 08, 2014

C’est exactement ça : « Le talent c'est la politesse à l'égard de la matière, il consiste à donner un chant à ce qui était muet. » C’est une phrase de Jean Genet, je crois. On est dans une société très peu talentueuse (mais si peu !) où pourtant encore la matière survit, brillante et phosphorescente, très menacée, mais la menace aussi est très menacée car, comme le disait déjà Friedrich Hölderlin, « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. » Nous nous emploierons à découvrir, au stage-film de Pontempeyrat, ce qui sauve. Je cherche des Jedi les plus doués possible (capables de jouer les héros de l’entreprise « divine »), mais qui ne soient pas trop des « solitaires », pour aller vite, car les autres n’existent pas — c’est connu — et c’est donc d’une communauté dont il s’agit. Une troupe shakespearienne — ou congolaise — ou humaine… sur ce bout de caillou qui tourne et nous transporte… Partout où il y a la guerre, il y a la communauté et… il y a toujours la guerre, toujours la peste comme chez Œdipe à Thèbes ou à Londres quand William Shakespeare se réfugie à la campagne parce que les théâtres ont fermés… C’est toujours dans un champ clos, à travers la cité, et les autres n’existent pas. Je cherche encore quelques garçons bankable (« certain to bring profit and success »), des Christs et des Hercules...

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I once had a child, and it saved my life


Les pieds au fond du drap, au fond de l’enfance
« la confirmation qu’une rivière de quelques dizaines de centimètres de profondeur a coulé ici, il y a moins de 4 milliards d’années. »

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« J ouer Dieu »


« Tout à l’heure, je suis allé à l’église de Saint-Paul-Trois-Châteaux, j’ai embrassé les mains de la Vierge, je l’ai remerciée pour la beauté de Jésus. » (Béatrice Dalle.)
Je cherche des Béatrice Dalle, des Vierges et des Jésus — et quelques Hercules, please ! — pour jouer les héros échevelés, épiques, shakespearien (sinon rien) d’un film-stage, film-star (avec Sara Rastegar) dans la nature (mature) de septembre...

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J ean Genet se sert de Jeanne Moreau


« On riait, on allait à la Coupole, il me faisait asseoir sur la banquette devant le miroir et je lui servais d'appât pour attirer les garçons. »

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12 apôtres



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Oh, ta lettre me fait tellement plaisir ! Je voulais t’écrire d’ailleurs depuis un moment puis j’ai oublié. Je voulais te proposer de venir en septembre faire le stage que je donne à la campagne, je me disais que peut-être ça te permettrait de t’y remettre sans trop de pression et, surtout, cette année, nous allons faire un film avec une très grande cinéaste (je trouve), Sara Rastegar (ancienne stagiaire d’il y a 2 ans d’ailleurs) dont j’ai adoré le dernier film sur sa famille iranienne en exil en France (pas que moi ! le film est dans tous les festivals). Maintenant que — Dieu soit loué ! — tu as recommencé à travailler, cette proposition reste valable. C’est du 8 au 28 septembre. Si tu as envie de venir (on travaillera Shakespeare et compagnie), tu peux aussi penser avec qui tu aimerais travailler. Les filles sont nombreuses et talentueuses et belles (comme souvent), mais les gars manquent à l’appel (comme toujours). Sinon, ensuite, il y a un autre gros projet sur lequel j’aimerais bien t’avoir, c’est à Lyon, dans un an, de septembre (possibly août) à décembre 2015. On me donne un théâtre et je fais ce que je veux, je vais faire plusieurs spectacles, des reprises et des créations, mais, peut-être même que ça vaudrait le coup de constituer une troupe pour jouer (plusieurs spectacles, donc) pendant 4 mois. Si j’arrive à trouver assez d’interprètes de haut niveau disponibles sur 4 mois. C’est un projet très ambitieux et qui m’excite beaucoup ! J’aime aussi beaucoup la personne qui me l’a proposé, un artiste qui a vu le 1er Avril des Bouffes et qui m’a dit : « Je te donne mon théâtre pendant 4 mois ! » Voilà, mais, ça, il faut vraiment réfléchir à ce qu’on y fait, c’est très ambitieux. You are welcome ! Sinon, cette année, je dois faire un truc au théâtre du Rond-Point à Paris pendant les vacances de Noël (du 16 au 31 décembre, répétitions très courtes à partir du 7 décembre) — et you are welcome là aussi. Et sinon, à Vanves, une pièce en février (répétitions du 16 au 24, une seule représentation), welcome aussi… Voilà, tu sais tout, grosso modo, et tu es invité à participer à tout. Comme toujours. Je t’adore et je suis trop content que tu ailles mieux ! J’étais si triste ! Mais le stage de septembre, si tu es libre, est peut-être la meilleure idée. La plus immédiate pour se voir tout de suite et s’adorer ! C’est en tout cas à ça que je travaille maintenant, un film dans la forêt avec des filles et des héros… Les filles qui postulent sont très belles, mais, comme toujours, il manque des mecs. Je l’ai déjà dit, ça. Pourtant, pour les héros, pour Shakespeare, il en faut, des mecs, des Hercules et des Christs, des fantômes puissants qui, dans les crépuscules, déchirent leur suaire en étirant leurs doigts.
Sorry pour écrire en français, tu me dis les phrases que tu ne comprends pas, hein ?
Des baisers très chaleureux, my love, de Corse, île de beauté !

YN

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S ainte Marguerite



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O n stage


« Des prêtresses chargées des appariements sélectionneraient des partenaires en fonction de leurs penchants. »

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C hœurs politiques


(Texte en cours de Frank Smith qui va nous servir pour le stage de septembre)




— Veux-tu, veux-tu quelque autre chose encore que ma vie ? 

— Ne demande pas, ne t’explique pas, rends-toi compte que tu n’as rien à dire, invente un problème avant de trouver une solution et fabrique oui tes propres questions, surtout ne pratique pas d’objections, sors de tout ça, ne pense pas en termes d’histoire, le passé le futur c'est pas grave, ne fais pas comme si, ne classifie rien et ne fais pas le chat ou le chien, ne fais pas de Châteaux en Espagne, confie-toi à personne je suis là. 

— Peux-tu, peux-tu quelque autre chose encore que ma vie ? 

— N’imite pas, ne te conforme pas à un modèle, fous-toi des principes, des constructions, des phrases, des rythmes et des figures, ne pense pas aux conséquences et remplace un mot par un autre s’il ne te convient pas, il n’y a que des propositions fragiles et insensées pour essayer de se comprendre alors crée des mots, crée des mots fabuleux à condition de les défabuler, n’attends jamais de retour spécial, ne convoite jamais une attention de qui que ce soit de quelque sorte que ce soit, ne fais pas de Châteaux en Espagne, confie-toi à personne je suis là.

— Veux-tu, veux-tu quelque autre chose encore que la vie ? 

— Ne cherche pas à comprendre, n’interprète rien, ne te tiens pas dans une organisation réfléchie ni une inspiration spontanée ni une orchestration ou une petite musique, déplace-toi dans ta parole, bouge dans le langage lui-même, n’appartiens à aucun cercle d’aucun mouvement, fais de ta langue une pratique étrange et étranger, un emploi pas homogène, affecte-toi depuis ta langue à toi, ne fais pas de Châteaux en Espagne, ne te confie à personne je suis là.

— Peux-tu, peux-tu quelque autre chose encore que la vie ? 

— Combine la matière des choses et des éléments, n’aie pas peur des contresens à moins qu'ils ne soient conduits par des interprétations, éloigne, refuse le pouvoir que tu pourrais avoir mais rapproche, invente de nouvelles forces, de nouvelles armes, sois gauche, sois fragile, sois faible, sois charme et source de vie, sois personne, sois personne dans personne, sois la chance unique qui glisse en un instant et ne découpe pas, ne probabilise pas, ne mutile pas l’imprévu, affirme plutôt, affirme avec obstination, une persévération de toi, une persévération de toi dans toi sans égale affirme-là, ne fais pas de Châteaux en Espagne, ne te confie à personne je suis là. 

— Veut-on, veut-on quelque autre chose encore que ma vie ? 

— Ne calcule pas, ne calcule rien mais sois le chiffre de ta propre combinaison, déborde-toi, accorde de la vie à la vie, n’abaisse pas, ne mortifie pas, ne dégrade pas, ne personnifie pas, cesse de te prendre pour toi-même, fais des sauts et des bonds, des hyperboles uniques de joie, illumine-toi, laisse-toi fondre dans l’affection du soir, travaille et travaille encore, ne fais pas école, ne fais pas partie, partie d’une école ni partie d’un parti, travaille au noir, clandestinement, dans le brouillard et la solitude, rencontre des gens sans le savoir, sans connaître qui ils sont, rencontre des idées et traverse des procédures et échafaude des événements et remplis des entités, ne fais pas de Châteaux en Espagne, ne te confie à personne je suis là. 

— Veut-on, veut-on quelque autre chose encore que la vie ? 

— Trouve une place, quelque chose passe et tu es là, conquiers un espace découvert, quelque chose ne passe pas et tu es là, change volontiers de longueur d’onde, cède ton trop plein d’énergie, sois cosmologique, sois physique, sois astrophysique, accepte la diffusion inélastique des choses, ne te mets pas en situation de dépendre de la nature des matériaux, deviens plus mou ou d'une plus grande allure, augmente ton angle d’action, excite l'émission d'un nouveau type de rayonnement, n’hésite pas à former des impulsions plus larges c’est-à-dire plus douces, projette-toi vers l’avant, relativise ta vitesse, ne parle pas de perte catastrophique, ne fais pas de Châteaux en Espagne, ne te confie à personne je suis là. 

— Peut-on, peut-on quelque autre chose encore que ma vie ? 

— Oblique, change de repère tout simplement, place-toi dans d’autres référentiels, respecte les conditions initiales par effet de peau, ne te préoccupe pas d’un terme qui en deviendrait un autre même si cela s’échange ou se mélange, concentre-toi sur rien de ce qui est commun, envisage les choses qui n’ont rien à voir les unes avec les autres, vole, arpente, ne circule qu’en surface, provoque le moins, éloigne-toi du centre, augmente ta résistance, déplace-toi par oscillations successives, varie les champs d'intervention, induis des boucles, inverse, plie les directions de rotation, additionne-toi avec toi et en périphérie, ne fais pas de Châteaux en Espagne, ne te confie à personne je suis là. 

— Peut-on, peut-on quelque autre chose encore que la vie ? 

— Construis et reconstruis sur ce qui est attente en attente, cap sur le sable, cap sur les plages, découpe beaucoup de châteaux, découpe un air, une histoire, découpe une ligne selon des lignes, fais-toi fuir l’esprit et fournis à tes pensées des courants d’arrière-cour, ne rêve que ce qui est du rêvé, ne pense que ce qui est du pensé, crie ce qui crie dans la tête, sachant que c’est toi, sachant que c’est toi et ceux de toutes les espèces, rassemble, laisse les autres mener des poursuites, nettoie le monde-tribunal, sifflote, balaye, écoute, balaye, écoute, balaye, cligne de l’oeil, écoute, glisse dans ton sac tout ce que tu croises, ne fais pas de Châteaux en Espagne, ne te confie à personne je suis là. 

— Veux-tu, veux-tu quelque autre chose encore que le monde ? 

— Porte tes masques de clown, éloigne-toi de ton maître ou de tout modèle, ne te perds pas dans la conjugalité, ne règle pas, ne reconnais rien, ne juge plus, ne donne pas de leçons, n’énonce pas, ne dicte pas, ne parle jamais à la place d’un autre, au nom d’un autre et pour un autre, ne pose pas de questions pour y répondre aussitôt, ne te réclame d’aucune conformité, fais attention aux sentiments qui te poussent, à ce que tu prétends dévoiler, procède comme on organise une chanson, juste une chanson, peuple-toi, empeuple-toi, repeuple-toi, ne fais pas de Châteaux en Espagne, ne te confie à personne je suis là. 

— Peux-tu, peux-tu quelque autre chose encore que le monde ? 

— Mets en mouvement, mets en mouvement des blocs de sentiments qui ne soient plus à personne, lâche et perds et ne mène pas seul ta propre affaire, lâche et perds et fais filer les lignes en zigzag, cherche ce qui passe entre deux choses, lâche et perds encore, ne trouve pas seul mais invente accompagné, accepte ce que l’on te donne même par hasard, pars toujours en adjacence, ne juxtapose pas, ne fais qu’esquisser, lâche et perds et jamais de réunion, ne fais pas de Châteaux en Espagne, ne te confie à personne je suis là. 

— Veux-tu, veux-tu quelque autre chose encore qu’une phrase ? 

— Trace tes géographies, tes peuplades, tes tribus, trace tes géographies sans références, remplis tes déserts, prends les idées à revers et lance des signaux, laisse-toi envahir de tangentes, laisse-toi emporter d’idées, laisse-toi surfer de mouvements, laisse-toi émouvoir, laisse-toi traverser, détaille, raconte comme tu vois, rencontre des gestes, des yeux, rencontre des peaux, rencontre des idées, rencontre des idées dans quelqu’un que tu rencontres, dans les traits de quelqu’un que tu rencontres, ne fais pas de Châteaux en Espagne, ne te confie à personne je suis là. 

— Peux-tu, peux-tu quelque autre chose encore qu’une phrase ? 

— N’accroche pas les mots, donne de la force aux inconnus, ne sois pas un exemple ou une méthode, change ta situation de la situation où tu es, cours d’air, pousse par le milieu, ne sois le début ni la fin de rien, n’empêche pas le désert, sois foule, méfie-toi de l’histoire là où tu arrives, n’attribue aucune norme, aucune conformité, ne te prends pas au sérieux, ne te soumets à aucune image, aucun mot d’ordre, mêle-toi de ce qui ne serait pas ton affaire, ne te laisse pas intimider, ne reste pas en dedans, ne fais pas de Châteaux en Espagne, ne te confie à personne je suis là. 

— Veux-tu, veux-tu quelque autre chose encore qu’une figure ? 

— Pense et pense et pense, pense des pensées sans images, ne dénonce pas, n’écrase pas, n’interprète pas, ne transforme pas, n’énonce rien, méfie-toi des marqueurs de pouvoir, n’impose pas ton image de la langue, évite l’organisation des redondances, ne reprends la fonction d’aucun arbre, d’aucune eau, réclame-toi d’aucun droit à la folie, prends de la distance avec la forte culture, ne fais pas de Châteaux en Espagne, ne te confie à personne je suis là. 

— Peux-tu, peux-tu quelque autre chose encore qu’une figure ? 

— Cède le passage, échappe-toi d’un côté ou de toutes parts, en vrac, déplace, fais croître des puissances nouvelles, inspire de nouvelles conceptions, trouve ce par quoi tu es secousse, coexistence, ralliement pour les autres, sois des nôtres et des autres, traverse l’insurmontable, enfourche des balais de sorcière à ta guise, désolidifie tes constitutions, procède par puissance d’affirmation, bouge entier dans chaque geste que tu fais, tire en chaque situation une nouvelle ère qui bouge, ne fais pas de Châteaux en Espagne, ne te confie à personne je te suis…

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L a Transmission


« E. D. : Je n'étais pas sûr d'être bon sur les parties parlées et j'étais impressionné de les faire avec toi. Tu m'as dit cette phrase...
J. M. : ...de Klaus Michael Grüber, que je répète tout le temps : « Garde la parole froide et le coeur brûlant. » C'est beau. »

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R êveur


Il a froid, je lui dis de mettre ma veste (Jeremy Scott, pour Adidas) pendant que je me baigne. Et, après le bain, je la lui laisse encore car il la porte bien. Sa sœur, de 2 ans son ainée dit : « C'est marrant, quand je le vois avec cette veste, j'ai l'impression de le voir ado ! (déjà comme quand il sera ado) ».

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Le film de l’ambassadeur, l’ardoise inexistante — et pourtant du camping — pleure ! L’eau recueille, recueillie — pourquoi l’eau de mer est-elle salée ? Elle vit… Elle pleure. J’ai vu la mouette lancer de haut le coquillage pour le casser… on dira ce qu’on veut…

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Yves-Noël,
Nous nous sommes rencontrés en juillet dernier et la question « Où allons-nous danser ? » raisonnait souvent…
Ecrire me paralyse mais je vais quand même me présenter.
Je m’appelle Charlotte.
Je viens des années 90.
Mes cheveux sont blonds aussi, peut être moins platine que toi mais ça, tu le sais déjà.
J'ai grandi sur une petite île au milieu de la Seine, avec un père musicien et une mère institutrice.
Après, il y a eu le Sport étude Gymnastique ; 10 ans de grands écarts, de petits justaucorps roses et de régimes ! Cela m'a valu je crois, et c'est sans regrets, d’arrêter le lycée à 16 ans pour faire une école de théâtre... Choisie un peu au hasard comme échappatoire, je n'imaginais pas encore à ce moment-là que je voudrais que ce soit ça ma vie : jouer.
Le cinéma est la forme qui m'a intéressé d'abord ; plus accessible tout de suite. Puis, la vie a avancé et les rencontres m'ont permis de m’épanouir sur un plateau aussi. De découvrir toutes les formes que pouvait prendre le jeu (j'ai l'impression de parler comme une vieille ! drôle !)
« Jouer Dieu ». Le titre m'a interpellé déjà il y a plusieurs mois. A ce moment-là, J'avais comme une sensation étrange d'avoir perdu la foi. Nina dit dans la Mouette : « J'ai perdu la foi et toute ma force d’âme est tombée ». C’était un peu ça, version moins dramatique... Même si, au final, elle la retrouve, la foi. Bon, je suis restée vivante... et le désir est au plus haut.
J'ai 1000 raisons d'avoir envie de participer à cette aventure avec toi. Il y a toi. Il y a les autres. Il y a les textes que tu proposes. Il y a cet endroit... tout ça, ce sont des raisons raisonnées. Mais la première et celle qui brûle toujours et partout : c'est le plaisir de jouer.
Au plaisir de te rencontrer,
Charlotte

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B eg à Croisic



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