Monday, October 14, 2019

R ennes


Chers amis, 
Bon, j’ai pris que les nazes, ceux que personne voulait, j’ai pas bataillé, les autres savaient ce (ceux) qu’ils voulaient, moi, comme je ne sais rien, alors j’assume cette faiblesse de distribution… Trêve de plaisanteries, ça me fait énormément plaisir de vous retrouver, chacun, au moins pour ces huit qui sont avec moi, huit comme l’infini ! (très belle distribution).
Maintenant vient un temps de rêverie sur ce que nous allons bien pouvoir faire ensemble sans encore le faire. Je vous engage à beaucoup rêver de multiples spectacles possibles (voire invraisemblables) ; j’ai du temps d’ici décembre, c’est, en tout cas, ce à quoi je peux me consacrer (si je n’avais pas ce temps, je ne m’y consacrerais pas, mais je l’ai). Il faut inventer tout un projet. Le projet serait d’abord d’inventer un projet ou une multitude de projets pour ne choisir peut-être aucun de ceux-là, mais celui qui passera, pas forcément différent, mais vierge et vivace et bel aujourd’hui. Presque choisir au hasard (ou peut-être tout à fait laisser choisir le hasard). Il faudra aussi trouver un titre, à un moment. J’en ai déjà plusieurs. Et on en trouvera plein. Titre de travail (s’il n’y en a pas d’autre): LE PARADIS. Il y a vous, mais il y a ce lieu qui va beaucoup influer la rêverie. (Sens ancien d’influer : couler, pénétrer.) Laurent propose d’ailleurs que je vienne une journée pour qu’on en parle en chair et en os (début décembre ? fin novembre ?, avant ?). Laurent me précise aussi que vous avez du temps en décembre avant la semaine proprement dite (du 16 au 21). Mais la méthode (bien datée) que je propose (rêver de TOUS les spectacles) n’est pas gravée dans le marbre (mais l’habitude) ; elle pourrait, elle aussi, changer. J’ai vu, je vous le redis, des solos déjà représentés, Louis le Kafka, Valentin le Dustan (d’une manière la plus libre et la plus informe possible), Olga la Russie (Dostoïevski et tout), Raphaëlle l’actrice au manteau, Julien le Copi. Ces cinq solos-là (qui ont tous pour sujet le théâtre), sont, pour moi, des spectacles qui me ravissent, que j’aimerais voir et revoir, cinq spectacles déjà déposés (au sens d’une marque déposée), moins déposés pour les matières de Merwane, Salomé, Aymen, les matières travaillées étant plus du côté du travail (ou de l’essai), justement, que du non-travail, du jeu (si je me fais bien comprendre) (Aymen, j’espère que tu n’as pas perdu l’article du « Monde », d’ailleurs) (Merwane, j’adorerais que tu me fasses toute la pièce de Sarah Kane) (Salomé, j’ai un doute — certes pas sur toi ! mais sur mon excitation quant à ce texte de Yannick Haenel pourtant remarquable, mais, que je trouve un peu, mais c’est moi, explicite). Nous ne pourrons présenter ces solos, c’est bien dommage, parce que le spectacle que nous devons fournir doit avoir une durée humaine (à moins de présenter dix minutes de chaque, ce dont je ne vois pas trop l’intérêt). Collectivement, nous pourrions facilement jouer « la Loge ». Pas besoin de répétitions, mais que ferons-nous pendant ces trois semaines ? Nous aurons d'autres idées. J’en ai déjà. Une nouvelle citation sur Depardieu (de Bulle Ogier) : «  J’ai eu un plaisir fou à tourner avec Depardieu car il ne joue rien. Il laisse les choses aller de soi. » Ce à quoi nous nous emploierons. 
Faites de beaux rêves, 
Yves-No


Hello, Louis me dit tout à l’heure : « Triste de laisser mon singe au placard mais… » Ne laissez pas vos solos au placard, au moins pour les cinq que j’ai nommés. Pour le moment, je n’ai pas de solution pour les utiliser, mais je ne les oublie pas. Comme je n’ai pas d’imagination, c’est même cette réalité-là, celle que j’ai vue, qui remplit mon esprit. On trouvera certainement (en travaillant et en rêvant) de nouveaux terrains d’exploration (c’est un thème que Louis aborde : l’exploration. D’un monde à l’autre. Qui est riche). Mais, pour le moment, je ne peux pas imaginer que Louis délaisse son singe, Raphaëlle son actrice Elephant Man, Valentin son frère Dustan, Olga sa matière russe et Julien son Copi-é-collé. Pour moi, il n'y a presque pas d’imagination à avoir pour ces cinq-là. Pour toi, Aymen, je ne m’inquiète pas non plus, tu es très doué à trouver les solutions de présent. Bien sûr, j’imagine une matière qui ramène de l’arabe (j’adore les changements de perspectives que produisent les langues, ainsi la versions que je préférais dans l’indic, c’était celle où tu montrais que tu connaissais le sujet (la manière dont se prononce son nom, etc., l’accent de banlieue)). Merwane, j’adorerais que tu poursuive Sarah Kane, mais je te sens disponible pour pas mal de choses (donc pourquoi pas Sarah Kane ? cette auteure est tellement douée). Et Salomé de même. Disponible. Au flou. Et à l’intensité. Et à l’instinct. J’ai appris dans le train du retour de Rennes où par hasard nous nous sommes retrouvés côte à côte, Gwendoline et moi, que vous, Merwane et Salomé, partagiez une certaine intimité. Dans le cas où cette intimité durerait cet hiver (ou, après tout, même si elle ne durait pas), elle nous permettrait peut-être d’aborder quelque chose de la scène d’amour (ou érotique) de manière crédible et vivante. Si ça vous dit. Je n’ai aucune idée à partir de quel matériau. Mais vous pouvez y penser. J’aimerais bien que l’érotisme soit présent dans ce spectacle, j’aimerais bien faire un spectacle dont le thème soit vraiment l’érotisme. Mais il y a tant d’idées, tant d’envies. On a décidé de n'en délaisser aucune. Au final ce sera : Soudaine beauté de l’éphémère. Laurent me propose Tchekhov et ça tombe bien : j’adore Tchekhov. C’est mon idole. Au printemps dernier, j’ai travaillé sur Les trois sœurs avec une seule actrice biélorusse. Mais une difficulté évidente, c’est le format. Les trois sœurs, on ne peut pas s’en sortir à moins de 3h1/2, ça ne rentre pas dans ce projet…
On va voir, 
Yvno 

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