Sunday, October 11, 2020

« L'unique joie au monde est de commencer. Il est beau de vivre car vivre c'est commencer, toujours, à chaque instant. » Cesare Pavese, Le Métier de vivre

C’est un spectacle qu’Yves-Noël Genod propose à « faire » au spectateur. C’est comme un rêve. Il n’y a plus les gradins. Tout le monde est sur scène. Il n’y a pas d’interprètes, il n’y a que les spectateurs sur scène. La scène est un cosmos de lumière, pas d’autre spectacle. Il y a les présences, les ombres dans un espace de lumière. Yves-Noël Genod propose au public de venir pratiquer au moins une fois avant la représentation. La représentation est une cérémonie, un rituel de rencontre, de partage. 
« Qu’avons-nous à apporter ? Notre simple présence ? Et pourquoi ne pas apporter un objet ? Des fleurs ? Et comment s’habiller ? Robe du soir ? Smoking ? Déguisement de bal masqué ? Une danse ? Une chanson ? Une phrase ? Une langue étrangère ? Il n’y aura rien à voir que ce que le spectateur, c’est-à-dire le rêveur éveillé, apportera. Fragments de fiction, de vie. Il n’y a qu’à « être » (vivre) et la fiction se réveille. (Car c’est le secret du théâtre : il n’y a qu’à vivre.) « Réunion des scènes infinie », écrit Arthur Rimbaud dans un poème célèbre*. Le message politique — ou rimbaldien — que ce spectacle veut faire passer est simple : nous sommes tous dans le même bateau. Là où le monde dérive, il n’y a plus les spectateurs d’un côté et les acteurs de l’autre, les Blancs et les Noirs, les femmes et les hommes, les passifs et les actifs, les vieux et les enfants, les humains et les non-humains. Non, la situation est tous les jours plus claire : nous sommes tous dans le même bateau, pas sortis de l’auberge, et en métamorphose perpétuelle. Rien ne sépare. Nous sommes immergés dans la boîte noire du théâtre, mais cette nuit est lumineuse comme un tableau de Claude Monet. » (Yves-Noël Genod)

* « Boulevard sans mouvement ni commerce,
Muet, tout drame et toute comédie,
Réunion des scènes infinie
Je te connais et t’admire en silence. »


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Ça va, sinon, les PAR que te propose Duri à la place de ceux que tu voulais ? Je suis inquiet que tu ne puisses pas faire exactement ce que tu veux. Et leur nombre ? On peut demander qu’ils en louent 2 ou 4 de plus, non ? 

Ça repose vraiment sur une énergie très forte donnée par la lumière, ce spectacle, sinon ça ne marchera pas ; il faut que ce soit vraiment astonishing, que ça saisisse le quidam, le soulève (sinon ça ne marchera pas), le soulève et pas par la vue, par l’énergie même de la lumière…

Yves-No

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Un lieu-poème.

Yves-Noël Genod (metteur en scène) et Philippe Gladieux (éclairagiste) ont conçu, en collaboration avec l’Arsenic, un lieu-poème, un lieu contemplatif sans interprètes. Rien n’est fourni au spectateur de spectaculaire ; c’est comme un rêve : on se retrouve ensemble à un endroit à un moment donnés et que se passe-t-il ? Seulement le lieu…

Yves-Noël Genod et Philippe Gladieux ouvrent leur atelier. Yves-Noël Genod propose aux spectateurs de venir expérimenter en amont des représentations l’œuvre très sensible de Philippe Gladieux pour en comprendre les possibilités d’« être » et même éventuellement de « faire » qu’elle évoque et invoque — et préparer les représentations à venir — ou ne vaudrait-il pas mieux appeler ces représentations des « cérémonies » ?

Pratiquer. Au moins une fois.

Tous les soirs de la semaine sauf le lundi de 18h30 à 21h30 (on peut bien sûr partir avant la fin ou arriver en retard) et le samedi et dimanche de 14h30 à 17h30. (En dehors de ces horaires, possibilité aussi de prendre rendez-vous.)

Deux citations de deux poètes étasuniens éclairent ce projet.

Lune de Wallace Stevens, un poète du XXème siècle qui accompagne Yves-Noël Genod depuis très longtemps, depuis qu’il a joué, enfant, en compagnie de Claude Régy, l'une de ses pièces, Trois voyageurs regardent un lever de soleil — Wallace Stevens ayant d’ailleurs aussi écrit une pièce intitulée Cérémonie : « La vie est une affaire de personnes et non de lieux. Mais pour moi, la vie est une affaire de lieux et c’est là que réside le problème. »

Et lautre est de Louise Glück, la nouvelle prix Nobel de littérature (qu’Yves-Noël Genod ne connaissait pas), extraite dun article de 1993 intitulé Disruption, hésitation, silence : « Je suis attirée par les ellipses, les non-dits, les suggestions, les silences éloquents et délibérés. Le non-dit, pour moi, est doté d'un grand pouvoir. Souvent, je souhaite qu'un poème entier puisse être écrit dans ce vocabulaire. C'est la même chose avec le « non-vu ». Je pense par exemple à l'extraordinaire puissance des ruines, des œuvres d'art endommagées ou inachevées. »

C’est ce que Yves-Noël propose aux spectateurs, c’est très simple et très ambitieux : écrire en creux un poème sans mots, un spectacle sans interprètes où l’essentiel est l’espace, l’air, la gravité, la lumière et la rencontre — si rare dans l’univers. Un spectacle à pratiquer pour s’enrichir le cœur !



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C'était absolument merveilleux de te rencontrer hier, merci beaucoup ! Si tu avais été libre, je t'aurais engagée pour tous les soirs... Peut-être peux-tu m'aider à rencontrer des participants magiques (comme ce trio l'a été) parmi les danseurs.ses que tu connais ou autres professions. Si tu penses à des gens, dis-moi (ou propose leur). Il faut donc qu'ils aient au moins une soirée de libre entre le 26 octobre et le 1er novembre et qu'ils puissent répéter au moins une fois en amont. L'idée de départ, comme tu sais, est que tout le public est participant, comme une cérémonie, mais on s'est vu hier soir avec Patrick et Ana, c'est trop compliqué, ils ont besoin de billetterie, c'est très tard pour communiquer, etc., il y aura donc aussi du public lambda — mais qui risque d'écraser le travail, j'en ai peur, à moins peut-être que, chaque soir, le groupe des participants ne soient assez forts et/ou importants en nombre...  Bises, très chère, Yvno

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I mages de la NASA


Si tu pouvais faire des choses chaudes, un cosmos chaud, pas que, mais fais du chaud quand même, n’est-ce pas, cher ami, du féerique, du flamboyant (même à la naissance). J’ai vu Lazare Huet danser ce soir et je me suis souvenu d’Armentières. C’était certes très beau, mais froid, gris-bleu. Ici, c’est vraiment la naissance de la lumière (de la splendeur, immédiatement, grotte Chauvet). Lumière = Matisse = soleil. La lune aussi, bien sûr, mais nuits chaudes tropicales — glacées aussi, bien sûr. Le feu, certes, rajoutera ensuite du chaud.Voici quelques images rapidement chopées de la Nasa (j’ai mes entrées) — qui ressemblent d’ailleurs à ce que tu faisais dans 1er avril — pour t’encourager à l’impossible, au grand œuvre alchimique

T’embrasse, 

Yvno



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R uth Childs

 

Salut Bruno ! 

Je t’ai transmis (autre mail aussi adressé à Maïa et Deborah) un projet de lettre, tu me dis ce que je dois amender… Je travaille dur à Lausanne (ce qui explique mon retard) a constituer un groupe pour le spectacle dans deux semaines (on est beaucoup moins avancé que pour le Carreau). J’ai rencontré Ruth Childs, sublime, mais elle n’est libre qu’un soir (elle viendra). En tout cas, sa présence en répétition (dans des lumières sublimes) m’a conforté dans l’idée que j’aime la danse et que la danse exprime plus que le théâtre ce que je veux maintenant dire (invoquer ou évoquer). Aujourd’hui, une ballerine de treize ans est aussi apparue par hasard (elle ne pourra aussi qu’un soir). Bref, je cherche à étoffer mon cheptel. Le projet sera différent chaque soir, parce que les gens qui y participent sont différents. Je cherche des danseurs merveilleux (sublimes mêmes), très techniques si possible, le plancher est très bon, tu avais déjà commencé à m’aider sur ce projet de Lausanne, si tu peux y  repenser, mon ange. Il faut être libre au moins un soir à Lausanne entre le 26 octobre et le 1er novembre et au moins une répétition en amont…

Yves-Noël 

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