Saturday, July 06, 2013

Maison





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Vide somptueux



Avant de m’endormir, j’ai encore lu (que je recopie ce matin) : « Méfiez-vous de ceux qui tournent le dos à l’amour, à l’ambition, à la société. Ils se vengeront d’y avoir renoncé. » Et, bien sûr, c’est moi, c’est ma peur, cette vengeance et ce renoncement, cette haine et cette misère.  Dans mes vies antérieures, beaucoup de ces artistes de cour ont fini dans la haine, dans la colère (du monde qui s’était effondré), beaucoup ont fini dans des cachots. Je n’aimerais pas, moi, renoncer à tout. Oscar Wilde qui avait la possibilité d’échapper à ses 2 ans de bagnes a dit à André Gide qu’il ne l’avait pas prise parce qu’il voulait « connaître les 2 côtés du jardin ». Je ne veux pas connaître les 2 côtés du jardin, je ne veux pas. Il faut que j’apprenne mes lettres : Amed, Mem, Tav. Je veux aussi me repencher sur ces histoires de troisième voie, de point zéro…

J’ai lu juste après, tiens donc... : «  Si Molière se fût replié sur ses gouffres, Pascal — avec le sien — eût fait figure de journaliste. »

Puis je me suis endormi en pensant aux lendemains meilleurs… Dans la chambre où rien ne bouge… Dans Venise la rouge… Ce Sud, ce Sud intermittent, région non natale où je ne suis que clandestin…

Ce qui est bien, c’est que Cioran n’écrit qu’en citation (déjà toutes prêtes à être retenues par cœur)… Quel travail intense et comme la vie est pleine ! (Comment laisser le vide somptueux surprendre ?)

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Fatigue, pur chef d’œuvre



Mon journal. Mal aux yeux (je me frotte). Le soleil, aussi, je l’avais en plein face, en rentrant. Et en plein face dans ma chambre, orientée à l’ouest. (Le château était désert.) Je suis allé dans la librairie si bonne dans la rue Carnot et, alors que j’ai fait attention toute l’année de ne pas acheter de livres — et souvent, dans cette librairie, je me suis retenu — j’ai acheté… Mais cette librairie est tellement ! Je leur ai dit : « Quel dommage que vous ne soyiez pas une bibliothèque ». Je me suis levé à 5 h pour prendre la route. J’avais rendez-vous chez Betty et Gilles à 9h et demie. Mais ils m’ont envoyé un sms pour me dire que finalement ils partaient plus tôt, qu’on se verrait le soir. Je suis parti quand même et bien m’en a pris car je suis arrivé quasi pile poil avec le transporteur qui livrait les cartes. Dans mon désastre massif, j’aime quand il y a des perfect timings ! (L’ancien Kairos.) Et puis ça roulait mieux à la fraîche, c’était une bonne idée. Maintenant la fenêtre est ouverte, c’est génial, il y a une moustiquaire, on peut laisser la fenêtre ouverte. J’écris ce qui me vient, ce n’est pas très rigolo, je suis juste heureusement fatigué.

Dois-je l’avouer au lecteur : je suis un déchet humain ? Ce que j’ai dans la tête en ce moment est effrayant. On ne sait pas — je ne sais pas — si c’est la folie ou simplement une conscience plus aiguë du monde. Du monde comme il est fou. Genre Le Misanthrope, la pièce étonnante qu’a montée récemment Jean-François Sivadier… Excellente pièce, juste proprement terrifiante. Ce que ça raconte, j’ai pas supporté. Et encore maintenant. Jean-François la fait si vivante que. J’y pense souvent. Presque réelle. Heureusement la présence rassurante de Cyril. Depuis l’école, il a toujours été rassurant. Le temps n’a pas de prise sur lui. (Il est droit.) J’ai trouvé Nicolas Bouchaud excellent. C’est la première fois à ce point. Etc. Norah…

Ce retour sur soi, c’est tellement dérisoire… Ouvrons nos livres dont je ne vous dirais rien… Demeures secrètes (d’Avignon), jardins secrets…

Sauf Cioran : « Nous sommes tous des farceurs : nous survivons à nos problèmes. »

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