Wednesday, October 06, 2021

L e Fusil de Tchekhov


« Supprimez tout ce qui n'est pas pertinent dans l'histoire. Si dans le premier acte vous dites qu'il y a un fusil accroché au mur, alors il faut absolument qu'un coup de feu soit tiré avec au second ou au troisième acte. S'il n'est pas destiné à être utilisé, il n'a rien à faire là. »


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U n texte de com pour Qui m’aime me suive (qui a l’avantage d’être le premier, mais il pourrait y en avoir beaucoup d’autres) :


Yves-Noël Genod (sur une proposition de Yan Walther) renoue avec le stand-up qui a débuté sa carrière. Sa carrière ? Tombée aux oubliettes ! A-t-elle jamais eu lieu ? Oui, YNG se souvient des lieux à défaut du contenu de ses spectacles. Mais, après tout, l’histoire est entièrement imaginée puisque vécue d’un bout à l’autre — ou le contraire : entièrement vécue puisque imaginée d’un bout à l’autre. C’est donc une réflexion sur l’identité (illusoire) et la plasticité du comédien qui — tel un phœnix — resurgit inlassablement de ses métamorphoses. 

En plus, Yves-Noël Genod aime la Suisse, il vous le prouvera !

Attention : spectacle qui a l’ambition d’être comique (c’est ça, un stand-up). Peut-être qu’au final on aura une tragédie — comment peut-on savoir comment les choses finissent ? Mal, paraît-il. Sans compter qu’il paraît qu’on est dans le déni. On est dans l’auto qui a bondi de la falaise, dit-on, on tourne le volant et on freine, ok, mais c’est bien trop tard, on est déjà dans le vide, on ne s’en rend pas compte…  

Bienvenue au théâtre !




Et puis, tiens, un deuxième : 


YNG a toujours rectifié son image : on le croît intelligent (parce qu’il parle le Proust ou le Baudelaire), il se montre con. On le prend pour un con et, là, il surprend son monde. Un des titres d’un article qui lui avait le plus plu, au début de sa carrière, était : « Genod, génie ou imposteur ? » Les deux, mon capitaine ! YNG a la chance d’être comédien, c’est-à-dire — c’est le fameux « plan B » — de n’avoir jamais rien pu faire d’autre. La chance, c’est qu’un comédien, ça comprend naturellement que l’identité, ça n’existe pas. Hélas, peut-être, mais enfin, ça n’existe pas. (Après, Marcel Proust et Virginia Woolf le prétendent aussi…) La vie, c’est une série infinie de sas et de métamorphoses, c’est renaître de ses cendres, c’est se manger les uns les autres et soi-même bien entendu, c’est comme ça, la vie, ça passe ou ça casse... 

Bienvenue dans le monde réel du théâtre !




Yves-Noël Genod débute en juin 2003 au Lieu Unique, à Nantes, avec un premier spectacle intitulé En attendant Genod.

Ce premier spectacle (le seul qu’il ait vraiment bossé) étant un triomphe, les propositions s’enchaînent jusqu’à l’essoufflement (dû au grand âge). Plus de cent trente spectacles à ce jour, sans compter les innombrables performances… En Suisse, il présente à Lausanne (Arsenic) : La Mort d’Ivan Ilitch ; La Recherche ; Phèdre ; Rester vivant et C’est le silence qui répond. Au festival de la Cité, l’été dernier, Vers le soir, une conférence sur la poésie suisse romande qu’il joue encore.


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