Bonjour Léa,
Je reçois les présentations
des étudiants qui ont l'air chouette et que je vais lire (je ne sais pas si je
les ai toutes)... Est-ce que tu crois que je pourrais leur demander une chose
un petit peu exigeante ? Ce serait de travailler à partir (en s'inspirant de
manière évidemment très, très ouverte) du dernier livre de Michel Houellebecq
que je viens de lire. Cela permettrait d'avoir un lest et un soubassement très
ambitieux, ce qui ne peut jamais faire de mal. Michel Houellebecq, comme un
sismographe (selon la formule consacrée), capte des choses de l'époque et leur
donne une perspective, la sienne, par exemple, mais assez ouverte, comme tous
les bons auteurs, pour que les lecteurs y mettent aussi la leur (conseil à un
jeune romancier, selon Michel Houellebecq : « Ne pas oublier que le
lecteur fait 50% du travail »). J'ai le texte en pdf ; les étudiants
seraient-ils capables de le lire avant le 19 — et d'y rêver ? c'est-à-dire de
repérer phrases et passages qui pourraient susciter — d'une manière la plus
floue possible — une forme, un travail, une inspiration, une recherche, une
rêverie, une conversation, un rapport. Il ne s'agit pas de décider de formes
faites d'avance, mais de sentir — de rêver — une capillarité possible avec une
matière littéraire assez riche pour nous être diverse (nous amener partout et
dans les contradictions) et pour nous être commune. C'est évidemment beaucoup,
beaucoup plus exigeant que de venir « comme on est », il y a déjà un
dédoublement (mais néanmoins il faudrait aussi — bien sûr ! — venir
« comme on est »). C'est pour cela que je te demande ton avis. Un
lieu (la salle des Machines à la Raffinerie), un texte référent, neuf et
polémique, fantôme et compagnonnage, un groupe... il me semble que cet ensemble
serait pas mal. Si ça te paraissait possible, tu pourrais leur transmettre ce
mail en même temps que le texte.
Dis-moi,
Yves-Noël
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