Monday, May 09, 2016

L e Jardin aux fougères (Adam&Eve)


« Nous avions traversé le jardin aux fougères,
L'existence soudain nous apparut légère
Sur la route déserte nous marchions au hasard
Et, la grille franchie, le soleil devint rare.

De silencieux serpents glissaient dans l'herbe épaisse,
Ton regard trahissait une douce détresse
Nous étions au milieu d'un chaos végétal,
Les fleurs autour de nous exhibaient leurs pétales.

Animaux sans patience, nous errons dans l’Éden,
Hantés par la souffrance et conscients de nos peines 
L’idée de la fusion persiste dans nos corps 
Nous sommes, nous existons, nous voulons être encore,

Nous n'avons rien à perdre. L'abjecte vie des plantes
Nous ramène à la mort, sournoise, envahissante.
Au milieu d'un jardin nos corps se décomposent,
Nos corps décomposés se couvriront de roses. »




« Le premier maillon de l’action est déjà de prendre conscience de notre inconscience. Nous sommes installés dans ce qui est proposé comme une vérité mais qui détruit la vie. » 



« Comme poète j'essaie toujours de me rappeler que si je contemple le monde c'est en même temps une partie du monde qui se contemple. »

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G uetteurs


Photo Jocelyn Cottencin, Monumental

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L a Faiblesse


« Une des choses que j’ai comprises en côtoyant René Char, c’était que la force et la puissance était l’ennemi. Il était à l’excès doué de force et de puissance, puissance existentielle, de force d’écriture, de force de réaction aux événements, de force d’agir sur les êtres. J’ai compris d’abord d’instinct, et ensuite par le raisonnement, et ensuite en lisant, en profondeur vraiment, toute la poésie, enfin, une grande partie de la grande poésie de mon temps, de mon époque, de mon siècle, et notamment Rilke, j’ai compris que la grande poésie était — entre autres choses — un travail de la faiblesse non pas pour la combler, non pas pour l’annuler, l’annihiler, la nier, mais au contraire pour l’affirmer, la rendre ouverte, intelligente, perméable, vulnérable et en état aussi peu polémique que possible vis-à-vis de tout ce qui arrive. »

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« Un seul poète uniquement est en vie de temps en temps. »

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O h ! comme je suis long à tourner autour du pot...


« Pour commencer, adoptons la devise suivante (pas spécialement pour ce chapitre, mais d’une façon générale), la Littérature, c’est l’Amour du prochain. Maintenant nous pouvons continuer. »

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Bonjour Antonio, 
C’est Yves-Noël. Je n’ai plus de travail (bon, je viens de refuser de faire Phèdre avec Gwenaël Morin, ça m’a fait peur et ma santé — mon stress — n’est pas au top, à vrai dire), alors je me plonge dans l’opéra (un vague projet de « cabaret » pour la réouverture de l’opéra-comique). Je consulte, j’écoute. Je pense à vous. Si vous montez à Paris (quel expression, je sais), peut-être auriez-vous le temps pour un café ? Je redescends (id.) sur Lyon bientôt, sans doute, je vous ferai signe. 
Bien à vous, 
Yves-Noël

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L e Jour unique


« Le temps tout entier forme un jour unique dans l’économie de Dieu. »

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L ettre ouverte


J’ai pensé à toi immédiatement pour être le compagnon d’Angelo. Angelo se plaint d’être seul, m’a-t-on dit après qu’il soit parti. « C’est comme si tous les bonheurs de la vie, c’était fini pour moi. » Angelo est de 1942, nous avons cherché, mais il ne les paraît pas du tout. Il a passé sa jeunesse à Rome, m’a-t-il dit, on m’avait mis en face de lui, ce qui aurait suffit à me tourner la tête, jeunesse à Rome ! Mais il me raconte aussi ceci — je ne sais pas comment c’est arrivé sur la table. On parlait beaucoup de Jeanne Moreau dans la Notte : « inoubliable » était le mot que je proposais (et qui était retenu) puisqu’on cherchait à définir : inoubliable, on en a parlé plusieurs fois (mais je n’aime pas beaucoup ce film), en tout cas, soudain, l’image de sa jeunesse à Rome, la jeunesse d’Angelo : dix-sept ans, Federico Fellini tourne à Rome la Dolce vita ; par exemple, toutes les nuits pendant quinze jours, la scène de la fontaine : oui, il a fait installer un gradin pour le public et toutes les nuits — « Ah, il est quatre heures, le jour point, à demain » — il met Anita Ekberg et Marcello Mastroianni dans l’eau. « Marcello, ta chemise n’est pas assez mouillée… Ah, elle est trop mouillée… » Et la scène avec le petit chat. Angelo me mime la situation parce que je ne comprends pas comment le tournage de cette scène a pu durer quinze jours (et pour faire durer le plaisir, moi aussi). Il dit que toutes les mères de ses copines font de la figuration dans ce film, dans la scène de la fête dans le château, toutes les mères aristo pauvres de ses copines, mais avec quand même encore une robe du soir et surtout un diadème — très important, le diadème — font de la figuration au château. Le fait qu’Angelo ne paraisse pas du tout son âge, c’est ce qui rend aussi le récit féérique : je peux imaginer que j’aurais pu presque avoir vécu moi-même ce tournage de la Dolce vita, dans l’eau éternelle de la fontaine de Trevi. Angelo veut se faire arranger les yeux, paupières et poches. Tout le monde de ce dîner en ville crie : Non ! Il a de très beaux yeux. Et puis on ne sait jamais quoi arranger, on croit que c’est les yeux, mais c’est ailleurs. Il aurait suffit de presque rien : ma jeunesse à Rome.

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A vagabond and a tramp (by temperament)


« I could do a little of almost anything — run boats, paint houses, fly airplanes. I never needed much money because living was cheap in New Orleans then, and all I wanted was a place to sleep, a little food, tobacco, and whiskey. There were many things I could do for two or three days and earn enough money to live on for the rest of the month. By temperament I’m a vagabond and a tramp. I don’t want money badly enough to work for it. In my opinion it’s a shame that there is so much work in the world. One of the saddest things is that the only thing a man can do for eight hours a day, day after day, is work. You can’t eat eight hours a day nor drink for eight hours a day nor make love for eight hours — all you can do for eight hours is work. Which is the reason why man makes himself and everybody else so miserable and unhappy. »

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D ifferent angles


« After all, I think that a poet has maybe five or six poems to write and not more than that. He's trying his hand at rewriting them from different angles and perhaps with different plots and in different ages and different characters, but the poems are essentially and innerly the same. »

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T es montagnes en carte postale


Tu vas bien, mon ami ? tu me manques… Envie de nature…  Me manque un peu la force pour partir (alors que pas de travail en vue, mais c’est ça qui prend la force, bêtement). Donne un peu de tes nouvelles…
Yvno

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C alais


« Sur la rocade surplombant la Jungle, passe en ce moment même un camion allemand transportant des oranges espagnoles, fonctionnant au pétrole saoudien, conduit par un chauffeur polonais, faisant halte devant un douanier français, empruntant les infrastructures de la multinationale Eurotunnel en vue d’alimenter un centre commercial hollandais situé en banlieue londonienne. »

« L’Angleterre scintille aux yeux des migrants désabusés comme un ultime espoir. »




Elle est bien lourde, la propagande gouvernementale, et il est bien difficile de la contrer, elle fait partie du paysage et elle est « cool » (puisqu’elle n’est pas la Corée du Nord). Il y a des gens (dont mon ami Sébastien Thiéry) qui ont copié le fascicule de la ville, « Calaismag », la même laideur apparente sauf qu’à l’intérieur, la parole est belle, pas fausse : belle. « Qu’est-ce qu’elle a ma voix ? disait Marguerite Duras, elle n’est pas belle, elle est juste — la plupart des voix sont fausses. » Dans le paysage désespérant des voix phony, il y a des poètes, Frank Smith, ou des saints (c’est la même chose), Sébastien Thiéry (etc.) qui font entendre, vibrer le vrai monde — en amoureux de la vie, pas en désespéré, juste en forme. Bien entendu, une plainte a été déposée par la mairie pour plagiat. C’est de bonne guerre. Qu’est-ce qu’ils sont cons ! Ce journal est émouvant comme un Evangile (c’est toujours la même histoire : est-ce que les hommes sont frères — et frères avec les animaux, les plantes — ou ils sont juste des escrocs — et alors vivement la disparition !) A l’intérieur, aussi, un beau texte de Gilles Clément, paysagiste et président de cette association qui s’appelle le PEROU et qui se réunit à Paris, en ce moment aux Caves du Petit Thouars (12, rue Dupetit-Thouars), demain : mardi, 18h30.

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O ui, Adam



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