Saturday, June 08, 2013

Nuit encore


« Voici la nuit : et voici qui me veillent
Des lumières et des lumières : et moi lointain et seul. 
Sereine est la moisson, vers l’infini 
(Serein est l’esprit) vont des poèmes muets 
À la nuit : à la nuit : j’entends : 
Seul Ombre qui revient, toi qui avais trépassé. »

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Nuit du 8 juin

La Verrière (poème italien)



« Le soir vaporeux d’été
Par la haute verrière verse des clartés dans l’ombre
Et me laisse dans le cœur un sceau ardent.
Mais qui a (sur la terrasse sur le fleuve s’allume une lampe) qui a,
À la petite Madone du Pont qui donc, qui donc a allumé la lampe ? – il y a
Dans la pièce une odeur de pourriture : il y a
Dans la pièce une plaie rouge languissante.
Les étoiles sont des boutons de nacre et le soir se vêt de velours :
Et vacille le soir futile : le soir est futile et il vacille mais il y a
Dans le cœur du soir, il y a
Toujours une plaie rouge languissante. »

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Promesse égalitaire (2)


« Le rose révèle une idée d’extase dans la frivolité. »

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Apprendre en s’amusant


Mon amant m’apprend que « pene », en italien, c’est « peine » et « pénis ». Je lui demande si ce n’est pas des pâtes aussi. Non, « penne », deux n. Et « penna », c’est le stylo, pluriel : « penne » aussi. 




— Per te tutto è un gioco
— Jeu d'amour, oui, c'est dans Shakespeare...
— Pene d'amor perdute

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Note d'intention (Mexique)



« Mes spectacles sont comme je les aime, fabriqués avec des fragments de réalité, des choses dites, des gestes, des vêtements, des tristesses, des misères, des sourires... »



Tout mon travail est lié à la perception. On dit que les comédiens ont cette particularité dans le cerveau de pouvoir s’imaginer dans le regard de l’autre (ce que tout le monde n’a pas). Mes mises en scènes (ou chorégraphies) se placent, elles-aussi, à l’endroit de la perception, à l’étymologie du mot « théâtre » : « l’endroit d’où l’on regarde ». Je tente d’expliquer dans un texte plus long (le texte du projet) pourquoi le Mexique renouvelle pour moi les images, mais pas seulement, ma perception même des images — André Breton ne disait-il pas : « Le Mexique est le pays le plus surréaliste dans le monde » ? —, pourquoi le Mexique (que j’ai découvert il y a deux ans) a déployé immédiatement pour moi une expérience crue du monde, une expérience nouvelle — que j’ai reconnue comme mienne. La rencontre d’artistes qui travaillent dans ce pays, principalement du cinéaste Carlos Reygadas, m’a ouvert des perspectives enthousiasmantes dont j’aimerais creuser les intuitions, approfondir comme ma maison. « Plein de mérites, mais en poète, / L’homme habite sur cette terre », écrit le poète Friedrich Hölderlin. Ma maison sur-réelle est le Mexique et j’aurais besoin d’y passer du temps. Mon champ de création en sortirait régénéré, plus fort, plus « réaliste ». J’ai toujours travaillé en mélangeant les genres, en mélangeant les niveaux, l’actrice la plus acclamée avec l’enfant ou le vieillard sans pratique, le professionnel avec l’amateur ou même l’animal (certains individus de certaines espèces ont aussi ce sens de s’imaginer dans le regard de l’autre). La pratique que je voudrais développer au Mexique et à partir de l’expérience mexicaine concerne spécifiquement les non professionnels. C’est là où je voudrais aller désormais. Je voudrais sortir de mon milieu, aller dans le monde, quitter les théâtres (pour y revenir...), avancer vers le futur ou le passé — l’origine ? — dans ce Mexique du tout-déployé, du rien-effacé, pays sans peur et sans reproche. Dans cette période que je traverse, de retour sur moi, repli et déplacement secret, je ressens, d’une manière vitale, qu’un déplacement physique dans ce pays-là, México, un long temps, m’aiderait à la métamorphose...

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