Monday, September 27, 2021

U ne petite merveille


Cher Yves-Noël,

Je tenais à te remercier pour hier et comme je te l’ai dit, je ne pouvais pas m’éterniser. 

Tu as bien fait d’envoyer ce mail.

Le mariage entre ces deux comédiens est réussi. J’avais rencontré Raphaëlle au TNB lors d’un workshop, elle est démente. Et Zakary que je ne connaissais pas est superbe aussi. 

J’ai été embarqué dès le début. Le ping-pong entre les deux est joyeux et rythmé. 

Je me permets de te faire part d’une sensation, un moment de perte d’attention, pour ma part, après la dictée, comme un flottement ou un goût de déjà vu. Je me suis dit que je voulais t’en faire part et me permets cela aussi parce que j’ai aimé cette pièce.

Belle vie à elle !

Belle aventure à vous 3 et aux technicien·nes et autres collaborateur·rices !

À bientôt

Mickaël


Merci ! 

Oui, la reprise après la dictée est forcément un moment difficile. J’ai eu l’impression que ça se passait bien jeudi soir parce que sans doute je m’attendais à ce que ce soit bien pire… Merci de l'avoir pointé (ce moment), il faudra qu’on rebosse dessus…

Je t’embrasse, toujours ému de te voir, même en coup de vent…

Yves-Noël 


Si tu envoies des gens : 


Je donne un spectacle en ce moment que j’aime beaucoup. Les prochaines avant-premières de ce spectacle — qui n’a pas de encore de titre évident, mais qui est une petite merveille — il pourrait s’appeler (aujourd’hui) UNE PETITE MERVEILLE — sont exactement le lundi 4 octobre à 20h et le vendredi 15 octobre à 20h. Représentation (unique et officielle) le samedi 16 octobre dans le cade de la soirée Love Deluxe. 

A Saint-Ouen, à Mains d’Œuvres, salle Star Trek (1, rue Charles Garnier, ligne 4 (Porte de Clignancourt) ou 13 (Garibaldi) ou 14 (Mairie de Saint-Ouen) puis compter 10 mn à pied) 

Bises, 

Yves-Noël


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M atinée d'automne


«  On a l'habitude de dire que « Ne manquez pas votre unique matinée de printemps » est une phrase que Jankélévitch prononçait très souvent pendant ses cours du mardi matin à la Sorbonne, et on la retrouve aussi à la fin du premier volume du Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, un peu comme une plaisanterie qui s'adresse à un lecteur qui vient de lire plus d'une centaine de pages assez difficiles, il indique à son lecteur ou à ses étudiants que finalement, le temps passé à le lire ou à l'écouter a peut être été du temps perdu... »

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C hâteau prêté


Ce que je préfère dans les mariages ou les fêtes en général, c’est les fins de soirée, là où ça se délite. Là, je vois tout comme au spectacle. J’ai fait beaucoup de spectacles dans ces ambiances extraordinaires, inoubliables, par exemple 1er AVRIL, à Bruxelles : des espèces de mondes perdus, mais qui communiquent, où tout ce qui durcit l’humanité se résorbe dans une essence, une onde, une éternelle enfance, une innocence... Les mariés avaient mis les petits plats dans les grands, château (prêté) tout équipé, lâcher de colombes, mets et vins exceptionnels (on a bouffé de 13h30 à minuit), mais ils n’avaient pas pris du tout de personnel. On les a donc vus trimer toute la journée pour nous servir, la mariée dans sa robe de fée de plus en plus noire (Cendrillon...)

« Vous soulignez le fait que l’Eglise catholique, malgré un discours de condamnation, a longtemps été une sorte de refuge pour les personnes homosexuelles… »

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C 'est le plus beau métier du monde, mais les gens n'imaginent pas le prix à payer


« Marguerite Duras disait que chacun d'entre nous pouvait « en écrire » — c’est le terme qu’elle utilisait —, à condition  qu’on tombe dans le puit noir de l’arrière conscience — êtes-vous d'accord là-dessus ?  »

J e-ne-sais-quoi, texte


Vladimir Jankélévitch, vous v’nez de publier aux éditions du Seuil un ouvrage en trois volumes qui s’intitule Le je-ne-sais-quoi et le presque rien. Le sous-titre du premier étant : « La manière et l’occasion », le second : « La méconnaissance, le malentendu » et le troisième : « La volonté de, de vouloir ». Ce « je-ne-sais-quoi » dont vous dites que c’est quelque chose d’ « inévident » et d’ « indémontrable », en fait, commande toutes nos réactions puisqu’à vous lire on a l’impression que lorsqu’il est là, lorsqu’il est présent, il nous comble — et, lorsqu’il est absent, il nous remplit de regrets. Et d’inquiétude


Oui, c’est comme toutes les choses très importantes, plus elles jouent le rôle, un grand rôle dans notre vie, plus elles nous enveloppent et moins elles sont palpables, visibles et… manipulables, le « je-ne-sais-quoi ». Donc ce n’est pas un nouveau concept que j’aurais inventé et… qui s’ajouterait à la liste déjà longue des concepts qui meublent l’histoire de la philosophie ; si c’était pour ça que j’écrivais ces trois volumes, ça n’en vaudrait pas la peine. J’prétends à autre chose, n’est-ce pas. C’est pas un concept, c’est pas un joujou avec lequel on puisse jouer, ce je-ne-sais-quoi. Il faut bien donner un nom à ce qui n’a pas de nom, à ce qui est impalpable et, après tout, c’est le métier des philosophes et de la philosophie !

 

Mm mm. Mais vous indiquez que les, les grands écrivains, classiques français, au fond, étaient très désorientés par ce « je-ne-sais-quoi »… 


D’abord [Il s’éclaircit la gorge.] justement il est important de rappeler que ce mot n’est pas une invention romantique, que c’est pas l’ineffable, le charme des poètes du XIXe siècle ou même du XXème, mais que c’est un concept rationaliste, né à l’époque rationaliste, en France et en Espagne — vous m’direz que le je-ne-sais-quoi, il est aussi chez Jacques, chez Saint Jean-de-La-Croix qui n’est nullement un rationaliste, mais on le retrouve également chez Baltasar Graciàn — que je cite souvent, trop souvent paraît-il, on va dire que j’suis affilié à la compagnie des, de, de — de Jésus, c’qui n’est pas le cas, et… pourtant Baltasar Graciàn, heu, père jésuite, c’est lui qui parle surtout du « je-ne-sais-quoi », encore qu’il ne lui donne pas toujours ce nom. Il l'appelle : « el despejo ». Je parle très mal l’espagnol, mais je sais que ce mot veut dire quelque chose comme : « la désinvolture », « la grâce », « l’aisance »… >


Mm


…avec une espèce de « laisser-aller » et ce que jusqu’au XVIIème on traduisait très joliment par « la désinvolte ». La désinvolte qui est aussi bien celle d’un cavalier sur son cheval, d’un héros à la guerre — par exemple, c’est la qualité de Louis XIV et il parait de Philippe II ce n’est guère palpa…, visible pour moi, mais, enfin les Espagnols savent ce qu’ils disent ; en tout cas, Louis XIV, à cheval, heu, volant de victoire en victoire, est doué de ce « je-ne-sais-quoi », « el despejo ». 


Mais les écrivains classiques, oui, français, Corneille, Racine,… 


Eh bien, on le trouve, on le trouve, je n’suis pas un érudit ! pour cette époque-là, mais je crois que ça a été fait, qu’ç, qu’on l’a inventorié, on l’a trouvé à droite et à gauche. Je sais qu’on le trouve dans des Oraisons funèbres de Bossuet. Pourtant Bossuet, heu, n’évoque a priori pas de pareilles idées, le « je-ne-sais-quoi ». Je sais, alors pour m’en être servi, qu’il y a un chapitre des Essais, des Essais sur le goût de Montesquieu qui s’appelle «  Le je-ne-sais-quoi », également. Alors donc Bossuet… je sais pas ce qui, qui encore ! 


Le Cardinal de Retz aussi, non ?


Peut-être ! le Cardinal de Retz. Oui, ça n’m’étonnerait pas du tout. Par conséquent, c’est un concept, c’est un mot du XVIIe siècle… >


Mm


…et par conséquent ça n’désigne, ça n’évoque nullement des idées d’indétermination poétique, heu, ça n’est pas Lamartine ! ni Gérard de Nerval, comme vous voyez ce sont des grands rationalistes !

Mais des rationalistes qui étaient complètement désorientés par cette…


Non, ils n’étaient pas désorientés, ce n’est pas comme ça que je l’interprète. Je crois que les grands rationalistes avaient trouvé un mot et un concept pour récupérer, pour expliquer tout ce surplus / qu’on n’peut pas expliquer par la raison. Une fois qu’on a tout dit… expliquer, démonter, n’est-ce pas, en termes rationalistes, il reste quelque chose qu’on ne peut dire, qui… 


Mais à l’époque on ne parlait pas de la « raison du cœur » ? Y avait pas… ?


Oui, mais alors ça, c’était Pascal. Et Pascal, ça n’étonnera personne, que Pascal qui, du reste, à ma connaissance, ne prononce pas ces trois mots, « je-ne-sais-quoi », il dit, P… — quatre, y en a quatre — il ne parle pas de « je-ne-sais-quoi », c’est lui qui pourrait en parler. D’ailleurs, je m’étonne que ceux qui devraient en parler n’en parlent pas et que ceux, et que ceux qui en parlent ne devraient pas en parler, en somme. Par exemple, Pascal qui donne une grande place au cœur, comme vous l’savez, comme vous l’rappelez, dans ses Fragments, dans ses Pensées, euh… ne parle pas du je-ne-sais-quoi et, au contraire, Bossuet qu’on s’attendrait pas à trouver en si mauvaise compagnie parle du « je-ne-sais-quoi » comme, comme un poète 


Mm. Mais lorsque l’on, l’on r’garde un peu la façon dont l’amour se développe dans une pièce de Racine, est-ce que vous avez l’impression que le « je-ne-sais-quoi » est en action ?


Sûrement. Sûrement. Dans, dans Phèdre, c’est évident. Enfin, on cite des vers célèbres, n’est-ce pas, de, de Phèdre, les vers de / la poésie d’amour dans lesquelles les héros sont dévorés par une, par… ils ne savent pas eux-mêmes quoi, ils n’ont pas de langage pour le dire. Surtout au XVIIe siècle, on n’a pas de langage. Aujourd’hui, on a toute sorte de langages pour le dire. On vous dit : mais mon ami, allez chez le psychanalyste… 


On ne l’comprend pas mieux… 


On ne l’comprend pas mieux, mais enfin, on a un langage, un alphabet, si vous voulez, un dialecte pour expliquer votre malaise, votre timidité, votre… les sentiments compliqués que vous éprouvez par rapport à une femme, par exemple, que vous méprisez mais par laquelle vous êtes attiré, par on-ne-sait-quoi, par on-ne-sait-quoi. Alors beaucoup de gens vous proposerons des explications. Nous sommes habitués à ça, dans les sentiments ambivalents, ambivalents c’est-à-dire contradictoires qui sont composés d’amour et de haine que vous éprouvez par rapport à un être et nous n’sommes pas loin de penser que tous les vrais sentiments sont comme ça…>


Mmmm


…n’est-ce pas, contradictoires. 


Mais quand même à vous lire on a l’impression que notre entendement est très mal fait pour bien comprendre le « je-ne-sais-quoi »  


Naturellement. Le mot l’indique lui-même puisque le mot savoir, ici, est exclu, n’est-ce pas, est relégué à la périphérie. Ça n’est pas un objet du savoir, ça n’est pas la matière d’une science. Et puis encore maintenant, aujourd’hui, mais je suis bien sûr que beaucoup de gens sourient, si c’n’est davantage, ou bien ricanent, en voyant le titre de ce livre : « Ah, il ne sait pas quoi, il écrit trois livres là-dessus. Il écrit trois livres et il sait pas sur quoi il les écrit ». Enfin, j’peux vous dire à l’avance toutes les plaisanteries qu’on peut faire…>


Mais alors là…>


…qu’on a faites ou qu’on fera, ça m’est égal


…ça émane d’un certain positivisme au ras des pâquerettes, non, ça ?


Bah vous savez, ce positivisme au ras des pâquerettes, il est très, très répandu chez beaucoup de gens et même dans, et aussi dans l’université. 


Aujourd’hui l’université française est au pâquerettes comme ça ? 


Oh, ma foi, char…, certains collègues, pas tous quand même, y en a qui sont capables de comprendre, mais enfin, on est vulnérable quand on fait trois bouquins dont le titre commun est Je-ne-sais-quoi… Vous comprenez, ça…


Mais vous ne regrettez pas d’avoir choisi ce titre…


Non, au contraire, ça m’amuse de les agacer !


Alors à propos justement de la façon de notre incapacité à comprendre ce « je-ne-sais-quoi » donc, par définition, vous avez cette formule « L’entendement est plutôt fait pour dénouer des câbles que pour trier des fils d’araignées » 


Oui. [Temps.] Et bien, ça, je pense à Pascal, là…>


Oui


…parce que évidemment quand on… 


L’esprit de géométrie ? 


L’esprit de finesse ! n’est-ce pas. Je définis sans le voul… sans l’avoir voulu expressément l’esprit de finesse…


Par opposition, oui… 


…qui exige non pas des mains, des mains d’boxeur, avec des, des gros cales, mais des, des, un fil, habitué à manier des fils délicats. Des mains de dentelière beaucoup plus que de boxeur. Faut être une dentellière pour dénouer ces fils. Et, même comme ça, on n’peut pas les dénouer, en réalité, le nœud est trop fin. Mais, ça, c’est très pascalien, l’esprit de finesse, c’est ça qu’ça veut dire. 


Oui. Vous-même… pour vous la philosophie, c’est au fond cette toile d’araignée sur laquelle vous…


Si vous voulez, enfin, je m’approprie ici un langage qui n’est pas l’mien, celui de Pascal, que je trouve très beau, très juste et qui montre que au XVIII, au XVIIe siècle, peu de temps après Graciane, les Français avaient parfaitement compris : c’était une nation de finesse, en c’temps-là, et encore aujourd’hui d’ailleurs… 


J’espère 


Oui, moi aussi j’l’espère. En tout cas, on n’avait pas encore ses techniques un peu brutales d’aujourd’hui avec lesquelles on prétend expliquer, par l’instinct, par la, la « libido » ! C’est pas une explication libidinale des finesses du cœur, n’est-ce pas ? 


A vous regarder bondir en employant le mot « libido », j’ai l’impression que, pour vous, tout cela relève un peu… à la limite, de la barbarie. 


Oh, non, je n’irai pas jusque-là. Vous savez, j’ai été élevé dans le respect de la psychanalyse parce que mon père a traduit des ouvrages de Freud. Mais enfin, pour l’instant nous parlons d’une chose qui est — qui est autre chose, qui est je ne sais pas quoi et qui est de nature morale, mentale — « cosa mentale », une chose mental comme dit Léonard de Vinci de la peinture. Si je me trompe, certainement y aura un auditeur pour me reprendre…> 


Non…


…mais je crois que c’est chez Vinci, ça, «  cosa mentale », une chose mentale, c’est très beau, n’est-ce pas ? Alors, ce dont nous parlons, ce sont des choses mentales et ces choses mentales, eh bien, la libido, elle est vraiment… elle a les mains calleuses, elle est grossière, elle est déplaisante pour expliquer ces choses-là (à mon avis)


Vladimir Jankélévitch, vous, vous dites que une chose assez étonnante que pour, pour savoir quelle est la portée du « je-ne-sais-quoi », il faut se placer au moment où l’homme… où il ne manque rien à l’homme 


Oui, parce que c’est à ce moment-là qu’il est le plus caractéristique. C’est pas obligatoire de le faire, mais c’est quand toutes les conditions sont remplies. Quand vous avez, par exemple, quand vous avez tout ce qu’il faut pour être heureux. Ça, c’est à la portée de tout le monde, tout le monde peut l’expérimenter. Vous l’avez votre voyage à Venise, n’est-ce pas ? vous avez espérer pendant des années aller voir, heu, la place Saint-Marc etc. et les fresques de l’église. Alors, vous voilà à Venise et puis il arrive que, étant arrivé à Venise, même si il pleut pas, vous avez le beau temps pour vous, le beau temps est complice ! Heu, vous êtes avec une, avec la femme, avec une femme aimée, de préférence illégitime, pour que ça fasse… [Confus : un bel image ?] 


Est-ce que vous êtes en train de nous donner la représentation du bonheur telle que vous l’envisagez ?


Oh, bah non, c’est pas le bonheur, pour moi, parce que justement


Venise, le soleil, une femme illégitime [A ne pas confondre avec une famille légitime, une femme illégitime, une famille légitime, c’est presque pareil.] 


Eh ben, il arrive qu’arrive, il arrive justement qu’une fois à Venise avec cet être de… n’est-ce pas, cette femme illégitime, enfin, ou une autre, ou la vôtre, après tout [Sens : la femme du journaliste.], pourquoi pas ? eh bien vous sentiez un grand vide, vous vous sentez dans un grand vide, un grand désert, vous n'sentez pas le bonheur que vous escomptiez — c’est courant, ça, tout le monde l’a éprouvé. Et j’dis Venise comme j’aurai pu dire, heu… C’est moins caractéristique si je dis Roubaix. Quand on va à Roubaix, je n’veux pas faire de plaie, de peine aux Roubaisiens… 


Ah, le charme du Nord, vous savez…


P’is j’aime beaucoup l’Nord, j’y vais souvent, j’ai bais… des tas d’amies là-bas donc ça m'ferait beaucoup de peine d’en dire du mal ; c’est simplement comme référence : alors, Roubaix, on n’y va pas pour faire du tourisme, on n’y va pas pour la beauté du ciel ni pour la baie de Naples, elle n’est pas là et Chameau c’est caractéristique quand vous sortez du désert dans le cœur en allant dans les yeux pour le chinois est-ce qu’il y a quoi à Capri décor pour les pour le cinéma comprends Visconti et compagnie dans lequel toutes les conditions de la facilité et de la réussite du film j’aurais eu ni les femmes qui sont les deux dû déjà être extraordinaire on est le nom de dieu exceptionnelle avec une de Dieu exceptionnel avec une courbure du menton tout est exceptionnel téléphone et la beauté des lieux venu le Vésuve qui fume à l’horizon et dans ce cas là si je veux vous avez rien est-ce que vraiment y’a quelque chose je le fais quoi tandis qu’à Roubaix vous direz c’est parce qu’il fait mauvais c’est pas ce que Robin n’est pas beaux et encore c’est pourquoi il était beau. Autrement dit, il vaut mieux pas être en état de pouvoir satisfaire apparemment son bonheur parce que comme ça on a pas posé la grande si tu voulais tout allait pas parce que les lieux enchanté donne la clé d’une c’est quoi c’est parce que négativement j’ai la raisonnements pas reparlé à helene dans la négation que toutes les conditions sont réunies et que du bonheur et que j’aurais unis et que vous sortiez en vous qu’une grande sécheresse ce qui est courant autre chose 


Ah, le charme du Nord, vous savez…


P’is j’aime beaucoup l’Nord, j’y vais souvent, j’ai bais… des tas d’amies là-bas donc ça m'ferait beaucoup de peine d’en dire du mal. C’est simplement comme référence : alors Roubaix, on n’y va pas pour faire du tourisme, on n’y va pas pour la beauté du ciel ni pour la baie de Naples, elle n’est pas là. Seulement c’est caractéristique quand vous sentez ce désert dans l’cœur en allant dans des lieux pour le cinéma, à Ischia, quoi, à Capri, heu, heu, décor pour les, pour le cinéma, quoi, pour Visconti et compagnie, quoi, dans lequel toutes les conditions d’la facilité et de la réussite du film sont réunies ! Et des femmes qui sont des, des êtres extraordinaires, des femmes exceptionnelles ! dans des lieux  exceptionnels ! avec une courbure du, du menton et du nez excep… tout est exceptionnel ! la beauté des femmes et la beauté des lieux. Et puis le Vénuse,  le Vésuve qui fume à l’horizon, à Naples plutôt, à Naples > 


Oui


Alors, heu, dans c’cas-là, si vous n’sentez rien, c’est que vraiment y a quelque chose, je n'sais quoi ! Tandis qu’à Roubaix vous direz : c’est parce qu’il fait mauvais, [Temps.] c’est parce que Roubaix n’est pas beau et encore c’est, pourquoi ? il est p’t-êt’e beau ! 


Ouais, alors autrement dit, il vaut mieux pas être en état de pouvoir satisfaire apparemment son bonheur parce que comme ça on n’a pas à se poser la grande question…


C’est ça. Si vous voulez, ça n’est pas parce que les lieux enchantés donne la clé du « je-ne-sais-quoi », c’est parce que, négativement, c’est un raisonnement par la, par la nég, par la négation, n’est-ce pas : quand toutes les conditions sont réunies et que, du côté du bonheur et les mots du phœnix [Confus.] sont réunis et que vous n'sentez en vous qu’une grande sécheresse ce qui est courant, alors c’est qu’il y a autre chose… 


Mais, Vladimir Jankélévitch, est-ce que ce, ce, cette autre chose, ce n’est pas la question métaphysique, au fond 


On peut l’interpréter comme ça, pourquoi pas. Je dis pas, heu, je n’emploie pas tellement ce mot mais…> 


Ah, je sais bien, oui… 


…j’y répugne pas non plus. Après tout, le « je-ne-sais-quoi », c’est métaphysique au sens propre du mot puisque ça n’est pas physique. Comme quand on dit — écoutez, c’est très simple — et tout l’monde heu me comprendra —, quand on dit qu’une femme a du charme, bon. Elle peut être laide comme un pou — enfin, il vaut mieux qu’elle le soit pas ! m’enfin, elle n’a aucun des signes reconnus de la beauté. Un régisseur de cinéma dirait : non, je veux pas de cette femme-là, elle n’a pas le gabarit qu’il faut, sa dentition n’est pas celle qu’on réclame à Hollywood, donc elle…>


Vous me sem, vous me semblez très ferré en la matière 


Oui, c’est pas une beauté ! [Rire.] Non, pas du tout, pas du tout… mais enfin, si vous voulez, nous aimons tous les femmes après tout… Et, et pourtant elle n’a rien et… qu’est-ce que je disais ? 


Oui, le charme des femmes 


Oui, le charme de femme… 


Décidément ça exerce sur vous une fascination…>


Oui…>


…extraordinaire 


…parce que c’est très caractéristique, dans c’cas là. Quand elle n’a rien pour plaire, n’est-ce pas ? Rien de canonique… Canon au sens…


Oui, au sens… 


…de « règles », n’est-ce pas, des grecs, « cano » en grec…


Ne tentons pas les bons pères ! 


Oui. Elle n’a aucune, aucune, rien pour vous plaire ! et qu’en même temps, vous êtes mystérieusement subjugué, ça arrive, ensorcelé, heu, et même le mot n’est pas bon parce qu’il y a trop d’sorcellerie là-dedans, dans l’ensorc… dans l’ensorcellement, mais envoûté par quelque chose qui n’est pas dans Littré, que vous n’pouvez pas désigner, est-ce que c’est ce grain de beauté qu’elle a à gauche, est-ce que c’est — on n’en sait rien ! et puis c’est tout et c’est rien


C’est une séduction, quoi


[Temps.] La séduction même c’est trop fort parce que, la séduction, c’est aussi des choses… qui peuvent être plus érotiques. Nononon hein, le charme tout simplement. D’ailleurs vous avez beaucoup de… de métaphysiciens qui sont des grands philosophes et qui parlent assez peu d’esthétique, comme Plotin, par exemple, il parle d’une beauté, la beauté, mais pas seulement les femmes, il parle même pas tellem…, il parle pas du tout des femmes, mais il dit « kallos » qui veut dire la beauté, en grec, et la beauté qui habille la personne entière, n’est-ce pas ? Ça n’est pas à la symétrie du visage — il savait déjà que la symétrie n’est qu’une condition géométrique, qu’on peut avoir le visage sym… parfaitement symétrique et être très ennuyeux, n’est-ce pas ? insipide, même !


Là, il y a le mystère, le mystère du « je-ne-sais-quoi » 


Le charme !… >


Le charme 


…ça s’appelle le charme !


Oui. Vous dites quelque part dans dans votre livre que cela indique au fond que les choses ne sont pas simplement ce qu’elles sont 


Oui, ça r’vient… On peut dire ça, en effet, ça r’vient à ça. Heu… les choses ne sont pas ce, seulement c’qu’elles sont, heu 


Enfin, plus exactement vous dites… Euh, attendez… Il faut que je r’trouve ça, moi. Je vais r’trouver la page quelque part, je… 


C’est tout simplement d’Edmond… c’est Edmond Rostand qui disait ça : « Ô soleil…>


Voilà, voilà


…toi sans qui les choses ne seraient que ce qu’elles sont »


« Béni soit le presque rien qui fait quelque chose de rien et béni le charme sans lequel les choses ne seraient que son caleçon » 


Oui bah voilà elle est pas belle ma phrase quand même de mon Rostand c’est Gégé au fond j’ai le numéro toi qui disait au soleil toi sorti les choses serait que ce caleçon alors on vous aime pas tellement ça parce que le soleil qui apporte la lumière et qui est pas définition même bien visible parce que Didon ondes de sa splendeur / lorsque vous parler du charme vous faites rarement allusion aux femmes c’est plutôt allusion à la musique d’habitude chez vous / oui je veux bien parler des fois vous de la musique bourré que c’est la même chose on était sur son rail là c’est pas ce que j’ai sur le rail on peut en prendre une autre voie je-ne-sais-quoi la jamais dit qu’il était / il est pas professionnel il est pas spécialisé c’est pas / ce n’est pas dans une case bien sûr pas de tiroir pour l’appartient à une grange à la broche quel courant que / je prends voilà du chapitre quatre caractéristiques et qu’il soit éligible pour tout le monde ouvre la musique peut presque autant 


Ah, intelligible pour tout le monde, vous qui êtes le philosophe de la clarté il y a quand même quelques expressions qui m’ont, m’ont surpris. Vous, vous dites, par exemple, que le charme dans la musique révèle le sens du sens 


[Temps.] Oh, je m’rappelle plus à propos de quoi je fais cette, cette, cette belle phrase dont j’devais être très fier et dont je n'vois plus le sens… >


Musicale !  


…je n'vois plus le sens maintenant, j'vous l’avoue. [Temps, reprise.] Oui, j’voulais dire que c’est quelque chose qui est plus, encore plus impalpable que le sens, c’est ce que j’voulais dire. Le sens qui n’est pas, heu, heu, une pièce, une pièce matérielle de l’objet que vous r’gardez, n’est-ce pas. Et il a un sens pour l’homme en raison des besoins de l’homme ou en raison de la signification que comme philosophe, sociologue il lui attribue. Et alors, au-delà du sens, y’a un autre sens encore plus impalpable que j’appelle pour cette raison le « sens du sens ». Y a donc l’objet, sa morphologie, n’est-ce pas, il s’est rassis il sert à ça et puis par exemple le sens d’une table de violon pour le pubis vas-y à toute l’alphabet dans la peinture cubiste la table de la mandoline et du violon une portée musicale y a premier route là encore je change de ce soir je prendrai plus secrets et quand il serait faire à la temporalité paraît que drapeau passer aux choses résolu / J’sais pas si je suis très clair ?


J’essaye, j’essaie de vous suivre mais vous allez un peu vite pour moi, là 


Y a donc / l’objet, sa morphologie, n’est-ce pas, il sert à ci, il sert à ça. Et puis, le sens, par exemple le sens d’une table de violon dans la peinture cubiste, n’est-ce pas. Y a tout un alphabet dans la peinture cubiste, la table de la mandoline et du violon, heu, une portée musicale qui a un, un certain sens. Et d’autre part, au-delà encore, le sens de ce sens encore plus secret. Et quand il se réfère à la temporalité, par exemple, au passé, aux choses révolues. J’ sais pas si je suis très clair ?


J’essaye, j’essaie de vous suivre mais vous allez un peu vite pour moi, là 


Oui, j’me répète souvent justement, alors ça compense


Oui [Rire.]. Dans le, justement à propos de ce « je-ne-sais-quoi », vous dites, vous parlez de « l’inapaisable soif d’une âme tendue vers les choses inexistantes ». Alors ! en général ! lorsqu’un philosophe vous parle de cette tension vers des choses inexistantes, on débouche presque fatalement sur la mort et sur la question de Dieu. Hors, vous, [D’une voix soudain douce.] vous débouchez sur le charme, vous débouchez sur la séduction… pourquoi ? parce que… 


Mais vous plaignez pas ! parce que c’est beaucoup plus agréable…>


Ah non !


C’est beaucoup plus agréable de retrouver le charme et le « je-ne-sais-quoi » dans la positivité / affirmative / de l’existence / dans la plénitude, n’est-ce pas. J’essaye de l’trouver, il me semble le trouver dans la plénitude, au lieu de l’trouver dans le désert de la mort qui m’est inaccessible, comme à tout le monde, et qui n’est que l’objet d’une spéculation absol… enfin, nécessairement dépourvue de, de toute système de références, enfin

 

Oui, ce n’est pas le « je-ne-sais-quoi », c’est le rien


[Temps.] C’est ça, elle est dans le presque rien c’est vrai que c’est pas ce que Loria a déjà un exposé donc / pour qu’il est vraiment aussi je-ne-sais-quoi il faut que j’espérance je-ne-sais-quoi est un mot qui est / souriant tout de même / et je-ne-sais-quoi c’est souriant et on est en plein dans les circonstances de ce genre de je-ne-sais-quoi qui rend séduit et séduisant que je sache exactement pourquoi / la moindre mesure de chocolat par exemple même quand je l’ai démantibuler / analyser / montrer l’harmonie sur lequel repose / indiquer les préférences / quand vous avez tout cela / indispensable de le savoir / mais quand vous savez tout ça vous le savez rien / essentiel qui vous échappe / le plaisir échappe l/ e trouver dans ce chapitre dans ce chapitre plaisant / vitale / et le plaisir et qui fait battre le cœur plus fort et plus vite fait circuler le sang dans les artères et nous rend heureux nous fait sourire et la positivité même de l’existence 


Oui, ce n’est pas le « je-ne-sais-quoi », c’est le rien


[Temps.] C’est ça, elle est dans le presque rien, c’est presque, c’est presque le rien déjà, n’est-ce… c’est donc… Pour qu’il y ait vraiment ce « je-ne-sais-quoi », il faut une espérance. Le mot « je-ne-sais-quoi » est un mot qui / souriant tout de même / le « je-ne-sais-quoi », c’est souriant, et on l’emploie dans les circonstances de ce genre, le « je-ne-sais-quoi » qui rend sédui, séduisante, sans qu’je sache exactement pourquoi, la moindre mesure de Chopin, par exemple / même quand j’l’ai démantibulée, analysée, montrer l’harmonie sur lequel elle repose, heu, indiquer les préférences de Chop… Quand vous savez tout cela, eh bien, il est indispensable de l’savoir, mais quand vous savez tout ça vous ne savez rien


Oui


Oui, oui, c’est l’essentiel qui vous échappe 


Le plaisir échappe 


Oui. Alors j’aime mieux l’trouver dans ce chapitre, dans ce chapitre plaisant, vital ! qu’on appelle le « plaisir » et qui fait battre le cœur plus fort et plus vite, fait circuler l’sang dans les artères… et nous rend heureux, nous fait sourire parce que c’est la positivité même de l’existence


Hum, hum. Vous faites un lien entre le « je-ne-sais-quoi » et la liberté ? 


[Temps.] Oui, j’en fais un, en effet, puisque… J’peux pas le nier puisque c’est le troisième / bouquin / de cette série et… seulement, heu, j’avoue que ça peut paraître un peu factice, un peu convenu parce que, heu, c’est en se plaçant à un point de vue un peu différent, heu, le centre de la liberté, ce qui fait que l’homme est libre de toute chose et même de soi, c’est quelque chose qui est toujours au-d’là qui est toujours zautre. Toujours autre. Dès que vous avez trouvé l’élément dont dépend votre liberté et qui la constitue, vous vous apercevez que vous êtes aliéné, que vous êtes, de, de — d’un homme libre, vous devenez un serf ! Parce que la liberté n’est ni ceci ni cela, mais elle est toujours au-delà. Malebranche disait ça dans son langage…>


La liberté, c’est le pouvoir 


…théologique. C’est le pouvoir, oui, le pouvoir au-d’là. Par exemple, heu, je suis libre… Oh, ben, j’donne l’exemple des deux oranges parce que c’est celui qui m’donnait, nous donnait notre vieux maître Léon Brunschvicg. J’hésite entre deux oranges, alors, pour montrer que j’suis libre — y en a une grande et une petite —, heu, je choisis la petite ! parce que les autres se disent : il va choisir la grande, évidemment, et moi j’veux montrer que j’suis libre : je choisis donc la petite. Mais j’peux encore vous décevoir si vous croyez que, justement pour cette raison, je vais choisir la petite, alors je choisirai la grande — pour vous / surprendre ! — et puis je peux ainsi, heu, heu, vous décevoir à l’infini ! prendre soit la grande, soit la petite et vous pouvez pas savoir sur quelle orange finalement j’arrêterai mon choix 


Oui, c’est l’histoire des trous qui se promènent de Paris à Strasbourg 


Ah, je sais pas ce que l’on fait dans le… 


On, les creuse, on les comble, en fait, ça peut aller très loin, là


Ah ben, encore, là, en mesurant la distance de Paris à Strasbourg, en sachant combien, quel intervalle y a entre deux trous, on peut bien savoir ! 


Et si je décide de changer, pour vous tromper, la largeur du trou ?


Ah, ben alors, on peut dire que, heu, heu, on peut entrer dans l’infinitésimal de vos motivations et se dire… >


Ouh, là, là


…il va creuser le trou après Remiremont [un tremblement de terre qui a fait un trou d’où s’échappe des Fumerolles depuis le XVIIème siècle]… > 


Oh, oh !


…c’est pas si facile, là, ligne… [Confus.]


Alors, là, les allusions historiques, non, quand même !


Ben, on peut aller à l’infini. Mais le fait qu’on peut aller à l’infini et que je peux vous décevoir à l’infini. Et, par exemple, c’est ce que font les joueurs ! quand ils jouent aux échecs, n’est-ce pas ? Ils s’regardent dans les yeux ou ils s’regardent pas, mais l’un spécule sur la pers… le jeu — je sais pas comment on dit — que fera l’autre — et essaye de l’déjouer, déjouer le jeu en faisant autre chose. Seulement, pour, pour le déjouer, encore faut-il qu’il sache en quel point s’arrête la décision de l’autre. Et, ça, il peut, il peut pas le savoir 


Mm. Mais l’essentiel, c’est qu’il joue — parce que vous parlez quelque part du péché de stérilité — de celui qui ne, ne fait rien 


Oui. Ah, chais pas si je parle de ça, mais pas à propos de notre sujet-là, non ? 


Non, pas à propos des échecs, mais… >


Non, non. Non parce que… >


…à propos de la liberté et du pouvoir 


…votre exemple du jeu était intéressant quand même parce que… 


Ben, restons au jeu, alors


Parce que c’est là que justement on voit, littéralement, que ma décision vous est absolument inconnue. En raison de la carrière du temps ! vous n’pouvez pas savoir a priori / à quel moment / de ma délibération je m’arrêterai, n’est-ce pas. Si j’irai à gauche ou si, si j’irai à droite. N’est-ce pas. Je vous échappe. Et vous m’échappez également. Par conséquent, c’est une spéculation, heu…

 

Oui, mais à condition que vous le vouliez. Le vouloir intervient, là 


Ah oui, mais ça, ça revient au même, n’est-ce pas. Je parle du couloir / dans la mesure / où il est / le viser la liberté elle-même / m’a dit si Zion / est-ce que ce n’est pas ce qui est le plus délicat dans la liberté la volonté de vouloir / oui pour moi j’étais différent de l’appeler de ce nom ou d’un autre liberté / d’expression / oui mais je m’étais Gall Gurdy’s Laoul autres manuel de psychologie à 10 sur nous avons fait nos études au lycée, joyeusement une liberté à vouloir / moi je l’ai dit ça va / est-ce que ça pourrait de vous signifier des bêtises / à savoir qu’il y a une volonté qui n’est pas libre alors tu peux le passer trop de liberté / qu’il serait pas volontaire / volontaire elles sont où est le col de la l’autre Addison doublement la liberté libératrice-moi ce qu’on fait quelque chose tu aimes choses pour ce que nous débattons 


Oui, mais à condition que vous le vouliez. Le vouloir intervient, là


Ah oui, mais ça, ça revient au même, n’est-ce pas. Je parle du vouloir dans la mesure où il est, il est la liberté elle-même. Ma décision elle-même… 


Mais est-ce que ce n’est pas ce qui est le plus délicat dans la liberté ? la volonté / et le vouloir 


[Temps.] Oui, pour moi, c’est indifférent de l’appeler de ce nom ou d’un autre, liberté, vouloir…


Euh, j’emploie vos expressions, hein 


Oui, mais ça m’est égal qu’on dise l’un ou l’autre. Dans les manuels de psychologie, jadis, ceux où nous avons fait nos études au lycée, on distinguait joyeusement une liberté et un vouloir. Moi, je n’les distingue pas parce que ça pourrait de, signifier des bêtises, à savoir qu’il y a une volonté qui n’est pas libre, alors. Que la volonté peut ne pas être libre, alors c’est pas la volonté !


Et une liberté qui ne s’rait pas volontaire ?


Et une liberté qui ne s’rait pas volontaire. C’est ça. Hors, elles sont, elles collent l’une à l’autre indissolublement… >


Mm mm. 


… c’est la même chose.


La liberté est libératrice parce qu’on fait quelque chose 


C’est la même chose pour ce que nous, nous débattons maintenant.


Alors, pour résumer cela, il y a une formule de vous que / on pourrait taxer de, de simple / mais qui résume très clairement votre pensée : « Pour vouloir, il n’est pas nécessaire d’être un athlète, il ne faut que le vouloir, mais il faut le vouloir ». D’accord ?


Oui. C’est comme quelqu’un (qui) vous d’mande :  « Mais qu’est-ce que je dois faire pour vouloir ? » Eh bien, alors, on lui répond : « Eh bien, il faut l’vouloir ». Que voulez-vous faire d’autre, n’est-ce pas ? 


C’est la quadrature de cercle…>


Et ainsi à l’infini 


C’est la quadrature du cercle 


C’est ça. Et si vous demandez : « Qu’est-ce qu’il faut faire? » c’est que vous n’voulez pas, c’est qu’vous n’êtes pas décidé, vous comprenez ? 


Ben, il faut le courage. Le courage de décider 


Alors, simplement, le courage est en vous 


[Temps.] Ouais. C’est ça, l’mystère 


C’est ça, l’mystère, c’est le lien avec le « je-ne-sais-quoi » 


On y r’vient. On y r’vient au « presque-rien »


Oui.


(LONG TEMPS.)


« Agora, Vladimir Jankélévitch » — je vous rappelle donc le titre de / ce, cet ouvrage / publié aux éditions du Seuil : Le je-ne-sais-quoi et le presque rien. Trois volumes : La Manière et l’Occasion ; La Méconnaissance, le Malentendu et La Volonté de vouloir. Merci d’être avec nous et bonne journée !







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