Friday, April 29, 2016


« D'autre part, je trouvais qu'il y avait beaucoup plus, dans les textes, que ce qu'on voyait sur scène. Je me suis dit : cela doit être possible de transmettre au public cette grande joie que l'on éprouve en lisant. Même si je n'étais pas orgueilleux au point de penser que je saurais le faire, je pensais que ce serait intéressant de le tenter. »

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L 'Enfant


« Nous comprenons mal les sources intimes de la création. Par exemple, nous sommes à Berne, voilà des années... Des enfants partent en pique-nique avec leur institutrice, qui les met devant un viaduc. Ils dessinent, l'institutrice regarde par-dessus l'épaule d'un bambin ; il a mis des bottes aux piliers ! Tous les viaducs, depuis ce jour-là, sont en marche. Cet enfant s'appelait Paul Klee. La création change tout ce qu'elle contemple, quelques traits suffisent à un créateur pour nous faire voir ce qui était déjà là. Quel mystère déclenche la création ? »

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Jean-Louis Debré sur François Hollande : « Ne s’extrait de lui rien »
« Verbe pour les larmes : ‘se dérobent’. »

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L a Jeunesse


« Si l'on n'est pas saisi dans sa jeunesse par un espoir, fût-il illusoire, que reste-t-il ? Rien. »

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...a ujourd'hui


« Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d'aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n'ont pas fui ! »

Enfin du frais, du neuf, du surprenant ! Je désespérais de Paris, après les merveilles que nous avons faites à Lyon cet automne, je n’en revenais pas de voir le niveau des spectacles à Paris, le niveau du théâtre — à part la famille, bon, les Gwenaël Morin, à Nanterre, ou les Grand Magasin (toujours à Nanterre), tout le reste était juste coincé et anti-théâtral au possible. On finit par aimer ce qui est raté. Le théâtre, ça doit être vivant — et, évidemment, ce n’est pas avec ces saisons qui se font deux ans à l’avance que ça peut aider… Mais voici une chose qu’on dirait sortie de l’œuf, née dans la semaine, apparue à l’exact moment où vous la voyez, à l’exact moment où vous en avez besoin, quelque chose pour vous sauver la vie. Je ne vais pas m’étendre, ce n’est pas la peine. C’est la deuxième fois seulement que je vois une belle représentation de Beckett. La première fois, c’était Madeleine Renaud avec Oh les beaux jours. J’ai loupé l’En attendant Godot de Jean-Pierre Vincent. Il paraît que c’était bien. Mais je n’ai pas loupé Serge Merlin dont on disait aussi le plus grand bien : c’était a-troce. Là, c’est absolument parfait, absolument profond, absolument inouï. Un des plus beaux spectacles de ma vie. Jacques Weber s’est rougi le nez et il ressemble vraiment à Depardieu, peut-être qu’il le joue, sans doute, je n’ai pas osé le lui demander. Il ressemble aussi à Thomas Scimeca. Donc on a Gérard Depardieu dans Beckett. (Pour dire le niveau.) C’est mis en scène par Peter Stein (pour dire le niveau). Enfin, bref, il y a un accord inouï entre Jacques Weber, Peter Stein et Samuel Beckett. C’est juste parfait. Tout le monde est là. Tout le monde est ensemble. Une horlogerie de l’être ensemble. Jacques Weber lance des peaux de bananes dans le public. Le poème dont je rêvais comme d’un seul spectacle, un spectacle d’un seul poème — car un poème suffit pour tout dire —, il est là : si peu de mots, si parfaits, on entend deux fois l’un des plus beaux poèmes de la langue française, l’un des plus beaux poèmes d’amour de la langue française, de l’émotion française, Beckett, bien sûr, poème d’amour, bien sûr, dans une barque, connaissez-vous d’autres sortes d’amour ? C’est très, très, très beau. Diné ensuite avec Jacques Weber, merveilleux. Il voudrait jouer avec Isabelle Adjani, il aime Isabelle Adjani. Il aime aussi Audrey Bonnet. Moi aussi. Il raconte Peter Stein qui est milliardaire et qui, au lieu de s’acheter un château, s’est acheté un hameau en Ombrie, cent soixante-dix hectares. Une salle de répétition plus grande que celle de la Comédie-Française ou que celle de l’Odéon, on peut y faire Les Maîtres chanteurs là-dedans. Moi, j’ai parlé de Marguerite Duras, la femme de Jacques Weber, Christine, l’adore. Jacques Weber voudrait jouer La Musica. Il voudrait jouer Le Roi Lear avec Peter Stein. Pour le moment, ce qu’il fait, le Beckett, est une réussite magique, invraisemblablement neuve. Le vierge, le vivace et le bel...

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« L ’azur du ciel va se ternir »


Jacques Weber m’explique qu’il a joué la veille au petit théâtre de la Reine appelé aussi le « petit théâtre particulier de Trianon » loué par la Matmut (la compagnie d’assurance) pour son conseil d’administration (cinquante personnes). Le théâtre est resté dans son jus, sans sorties de secours, etc. On joue avec des lampes à huile, il y a des toiles peintes, etc. Il me montre des photos. C’est merveilleux. La reine avait demandé à madame Dugazon de venir lui apprendre à jouer, elle aussi, un rôle qu’elle faisait si bien… Le rôle de Babet dans Blaise et Babet, si vous voulez savoir. À moins que ce soit dans La Matinée et la Veillée villageoise, les biographes se disputent. Enfin, pour elle, jouer dans son adorable petit théâtre qui a traversé les siècles jusqu’à nous. Enfin, la reine, elle voulait faire la fermière, elle voulait faire aussi la fermière sur scène. Elle voulait tout jouer. Vous imaginez ? Comme si Michel Fau allait donner des cours à Carla Bruni. D'ailleurs, il le fait sans doute. 

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L a Vache