Wednesday, December 06, 2017

D e l'homme à l'homme vrai


« De l'homme à l'homme vrai, le chemin passe par l'homme fou. »

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L 'Amitié


Chers amis, 

Nous sommes moins avancés que l’an passé. Il aurait fallu un peu plus de séances. Mais peut-être c’est aussi bien comme ça. On continuera à travailler. D’autant plus que vous êtes au bord — quand vous n’êtes pas en plein dedans. Ce sur quoi vous devez mettre le paquet, c’est à gagner en confiance en vous, en le monde, en les autres qui, seule, cette confiance, peut vous permettre d’être dans le réel. (Je vous rappelle le mot de Jeanne Moreau : «  ll n’y a pas de mauvais acteurs, il n’y a que des acteurs qui ont peur ».) On a besoin de ça, c’est indispensable. Sinon il ne se passe rien si vous n’êtes pas dans l’espace. Vacances dans la réalité. Vous avez des textes splendides qui ne présentent pas — dans ce café — de difficultés particulières. Ou peut-être y en-a-t-il, mais si vous avez choisi ces textes, c’est parce que, chacun, vous vous sentiez capable de les appréhender. Et vous l’êtes, je vous le confirme ! Vous en êtes parfaitement capables et vous devez donc ôter TOUT effort visible du côté du texte (il se débrouillera tout seul et d’autant mieux) . Ce qui ne vous empêche pas de rêver — en amont — dramaturgiquement, rêver à la multitude de sens qu’il révèle, mais pas sur le plateau : il faut le laisser vivre seul, et, vous, vous occuper d’être en plein dans la vie-vérité, c’est-à-dire « appuyé à la liberté », ne pas tricher (ou biaiser), vous n’avez qu’une chose à faire : y être en plein dedans. Il ne faut pas qu’on voit comment vous faites, c’est ce qui donne cette impression de liberté (si on voit comment vous faites, on vous perçoit comme des travailleurs, pas des joueurs). Chaque spectacle que je propose, je le demande aux interprètes, doit apparaître pour les spectateurs comme une « leçon de liberté ». Tout votre effort doit concourir à ça : rejoindre le monde, le vrai monde, le monde infini plein de langage et rond et sans mots (pour reprendre la formulation de Tomas Tranströmer), le monde où tout s’échange, tout s’interpénètre comme, par exemple, à chaque respiration : nous entrons dans le monde et le monde entre en nous. Ce monde vivant — et commun — que nous fabriquons avec tout qui le fabrique aussi.
Nous avons encore samedi et puis avec le public. Et vous devriez, avec le public, comprendre que vous pouvez « jouer au monde » encore plus facilement ; l’énergie du public va vous aider à rester, chacun, calme et libre. 

Le public paye 5 € et vous qui jouez ne payez pas.

Peut-être me dire qui est là quand. (rajoutez-vous à cette liste)

Je sais pour Sébastien (Houellebecq) : présent les 10, 11, 17
Isabelle Kürzi (Conférence des oiseaux) : présente les 10 et 17
Louis et Marie (Adam et Eve) : présents je ne sais plus si c’est le 11 ou le 17 ?

Vous pouvez trouver le poème de Wallace Stevens Holidays in Reality sur Internet, mais je choisis ce soir de vous donner Theory (du même), ça vous portera chance : 

«  Theory

I am what is around me.

Women understand this.
One is not duchess 
A hundred yards from a carriage.

Then, these are portraits :
A black vestibule;
A high bed sheltered by curtains.

These are merely instances. »

Soyez le café, le carrefour, le ciel, au moins...

Yves-Noël

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