Wednesday, July 27, 2022

O n The Road











                               

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L e Garçon du train


Très heureux d’avoir croisé ton intelligence, je dirais : ta brusquerie d’intelligence, dans le train flottant de cet après-midi (où j’arrivais soudain nerveux, rentré de Sicile et comprenant par ailleurs que tu me « percevais » puisque tu écrivais). Je me disais, à mon âge, il faut que je lui donne un conseil. J’en ai un : ne t’approche pas de la drogue. Voilà. J’ai perdu ma sœur comme ça. Et puis, je me suis disputé tout récemment (en Sicile, enfin, plus tard, par sms) avec un garçon de justement 23 ans et je lui ai dit que ce fossé entre deux générations (la sienne — et donc la tienne — et la mienne) était épouvantable — j’ai écrit le mot en capitales —, que ces vingt ans qui nous séparaient étaient comme quatre siècles. Et voilà que j’entends ce soir à la radio la voix de Françoise Sagan de quand elle avait elle-aussi la quarantaine. Et voilà ce qu’elle disait qui relativise pour moi cette différence angoissante (du tout au tout) entre les générations : quand Françoise Sagan avait 17 ans, il était interdit (pour une fille) de faire l’amour. Ça ne se faisait pas. Vingt ans après, il faut le faire. C’est devenu obligatoire. C’est aussi barbant (c’est elle qui le dit). Et elle dit : « On va toujours d’un tabou à l’autre, il est très rare qu’on arrive à cette espèce d’équilibre qui correspond à la liberté. » 

C’est ce que je te souhaite, absolument, la liberté, 


Yves-Noël

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