Friday, April 09, 2021

A rtiste de la solitude


« l’idée que toutes les formes — et c’est ça que j’aime chez Pina Bausch, en fait —, c’est que, toutes les formes, elles viennent d’affects qui sont très simples. Et que ces affects simples, ensuite, ils peuvent donner des formes complexes voire de plus en plus complexes, mais elles viennent d’affects très simples. Et en fait, aussi, le travail de Pina Bausch se construit d’abord sur la question de la solitude. »

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L ’Utopie


« une capacité à devenir multiple, à se multiplier, en fait »


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J ’ai pas d’idée à moi (titre)


« Pour moi, la politique, en art en général, en poésie en particulier, ça consiste pas forcément à tenir des discours, mais à inventer des formes qui sont des propositions de vie. » 


« — parce que j’ai au fond aucune idée à défendre réellement. Je veux dire, je suis tout à fait pour la protection des espèces en voie de disparition, je veux dire, mais, ça, c’est les idées de tout le monde, d’une certaine manière. Et donc j’ai pas d’idée à moi. En revanche, ce que je peux éventuellement modestement faire, c’est proposer des formes où les choses vivent ensemble d’une certaine façon, en fait. »

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P lus besoin du poème (titre pour Lausanne)


« Au fond, pour moi, la poésie, c’est simplement — simplement, c’est peut-être pas si simple —, mais, en tout cas, c’est une façon d’être dans le monde — et, d’une certaine façon, si la poésie nous a donné cet accès-là, au fond, on n’a plus besoin du poème. En fait, le poème, c’est un outil, en fait, et c’est pas l’objet qui en soi m’intéresse. Bien sûr, c’est un peu exagéré dans la mesure où le poème m’intéresse, mais il m’intéresse comme outil plus que comme objet fini qui serait clos sur lui-même et qui réclamerait… »


« Les poèmes peuvent nous proposer des modes de la conversation, en fait. Et c’est ce que j’appellerai « la puissance politique du poème », c’est-à-dire la capacité à faire conversation. »


« quelque chose qui dit que le texte n’est jamais clos et qu’il ne se suffit pas à lui-même, en fait, et qu’il a besoin d’une actualisation probablement portée par un autre sujet »


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P orteur de sensation


« Un poème, peut-être qu’il est porteur de sens, mais qu’en vérité il est pour moi avant tout porteur de sensations. » 


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L e fugace, le transitoire, le mortel, l’éphémère, etc.


« Le fugace n’a pas lieu en soi. Me semble-t-il, en tout cas. Il a lieu parce qu’on le note, en fait. Autrement il s’échappe et on pourrait pas dire qu’il a lieu, en fait. »

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F étiches


« Dans le stock de phrases fétiches que j’ai en tête, y en a deux, y en a une de Thoreau qui dit : « Il faut travailler à faire de chaque jour un matin » » et une autre de Emerson — qui était un ami de Thoreau par ailleurs — qui dit : « Personne ne se doute que les jours sont des dieux ». »

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P our Hélène qui ne le lira pas à moins que je le lui lise


« Jamais je ne renoncerai à organiser une chasse aux œufs pour mes filles dans le jardin : c’est l’occasion de retrouver toutes les balles de ping-pong égarées pendant l’année (tard dans la soirée, les joues griffées par les épines des buissons, elles comprennent que je n’ai pas caché un seul œuf en chocolat et elles ne sont pas contentes). »

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J’en lis de temps en temps des romans qui sortent, pour « voir ». Eh bien, je ne vois pas grand chose : ce qui est lisible est fastidieux, scolaire, appliqué (ou faussement détaché), on l’oublie aussitôt arrivé au bout, merci. 

De toute façon, la question du roman est résolue. Duras disait : « Si c’est pas un poème, un roman, c’est rien ». Donc autant dire poème. 

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M a très chère


Comment allez-vous, ma très chère ? Pas trop désespérée, pas trop défavorisée par la situation, avez-vous un peu de nature — ou seulement du ciel bleu (à quoi se résumait la nature, les « paysages » pour Baudelaire) ? On me demande de plancher un peu sur de la com’ pour de la mode. Je me disais que vous pouviez m'être, peut-être, ma très chère, d'un grand secours...

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L es Jeux


Seigneur, je lisais, je lisais, je lisais parcimonieusement, je lisais fastidieusement dans cette maison où il y en avait, des livres, des vieux livres, mais des livres d’écoles, d’adolescence, des livres courants, des livres de femme ou des romans policiers, je lisais dans d’épais pavés ou des presque nouvelles  pour y trouver de la poésie — et je trouvai un A l’ombre des jeunes filles en fleurs (prix Goncourt 19) écrit petit dont la lecture des deux premières pages me mit soudain (comme un temps retrouvé) à une hauteur que tout l’ennui des livres précédents n’avait pu me faire oublier. On ne devrait lire que ce dont on a envie, pas la culture fastidieuse, virtuose et désespérée (inutile) qui était mon lot dans cette maison comme elle l’est toujours de l’immense majorité qui ne comprend pas jusqu’où les livres peuvent aller — et l’on comprend alors pourquoi on lui préfère les jeux.

« « Quand j'ai entendu pour la première fois chanter Billie Holiday j'ai su que ma vie allait changer. Et pourtant je ne suis pas noir, je ne suis pas une une femme et je ne me drogue pas. » Serge Daney. Tout est dit. »

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A propos de quelques lectures


Stéphane Bouquet, Le fait de vivre

Avalé. C'est son nouveau livre. Plein de sperme comme toujours. Un peu moins, peut-être. S'universalise. Des femmes modernes passent comme au cinéma. Des animaux modernes passent comme au cinéma. Mais l'archaïsme du désir brutal et élégiaque est toujours là et c'est pour ça. J'ai tellement répété comme une midinette pendant des années que S.B. était mon poète préféré. J'avais même tiré un très beau spectacle d'un de ses vers : — je peux / — oui (avec Nicolas Maury, je me souviens). Ici, il y a plein d'autres titres. Par exemple, j'aimerais faire un spectacle qui s'appellerait : Stp, stp, tellement... Leopardi a dit que tout avait progressé depuis Homère sauf la poésie — la poésie ne progresse pas d'un poil. Quelle est notre époque ? la grande, grande vitesse de la disparition du monde : de quoi se plaindre. « Il ne suffit pas de dire : il faut (il faudrait) que le monde soit comme ceci ou comme cela pour qu'ici se produise. Il n'y a pas de conditions nécessaires ni même suffisantes. Ici est par hasard. » N'est-ce pas ce que nous avons essayé cet hiver au Carreau ?


Oh, mais merci à toi de ta juste douce intime lecture


Oh, de rien. Ton livre va m'accompagner longtemps, toujours (comme les autres)


Dennis Cooper, Le fol marbre

Ça, c'est magnifique, un livre surnaturel, très étonnant. Comment se fait-il que je le lise (si bien) ? Il est écrit dans un verbiage inqualifiable et ça se tient, incroyablement. Ce verbiage est une création littéraire, c'est ce qu'on lit, une espèce d'invention mallarméenne, très poétique, très rêvée et bien sûr ayant toutes les manières de l'esbroufe, pleine de sophismes, de secret. À ne pas mettre entre toutes les mains, par exemple pas entre celles de ceux qui pensent que la pédophilie et le cannibalisme, c'est mal (oui, c'est mal), mais, par exemple, entre les mains de Lucas dont j'aimerais qu'il n'en pense que du bien


Klaus Mann, Méphisto

Un livre extraordinaire. Pas le meilleur de Klaus Mann, Le Tournant que Cyril vient de m'offrir est supérieur — et surtout Le Volcan, me dit Gilles —, mais c'est la création sidérante d'un personnage, d'un idéal, le type même du comédien qui s'adapte à toutes les causes, l'ambition, la séduction, la détresse méphistophéliques, en effet. C'est écrit après l'arrivée au pouvoir des nazis et publié en exil en 1936, interdit en Allemagne jusqu'en 1981. C'est un livre dégueulasse, si on le lit vraiment, épouvantable. Il rassemble des énigmes et, ce qui est épouvantable, c'est que ces énigmes ont existé, existent, bien sûr, intactes et — qu'est-ce qu'on en fait ? Vivre avec ça, jouer la comédie, la survie, le mal...


Marguerite Duras, Madame Dodin

Ça, c'est un petit chef-d'œuvre. Je l'ai racheté (et je l'ai relu) parce que j'ai une amie qui me fait penser à Madame Dodin (elle est coiffeuse et elle est concierge mais, enfin, ça pipelette). Duras habitait au 5, rue Saint-Benoît, ici transformé en 5, rue Sainte-Eulalie. Et puis c'est un poème aussi. Ils le font à 2 €. Vous sautez « Libé » un jour (c'est pas toujours bien) et vous achetez ça. Avec les 50 centimes qu'il vous reste, vous pourriez même vous acheter une babiole... Un bout de pain... « Ce qui me passionne, c'est ce que les gens pourraient dire s'ils avaient les moyens de le dire et non pas ce qu'ils disent quand ils en ont les moyens », disait Marguerite Duras


Ernest Hemingway, En avoir ou pas

Encore un génie. Qu'est-ce qu'il y en a dans la littérature ! (Y en a-t-il ailleurs ?) Tout a l'air comme un film, sauf que ce n'est pas un film, c'est vrai. J'ai découvert ce livre dans la sensualité de l'appartement de la Maison Radieuse chez Tanguy Malik Bordage à qui il appartenait. Dans ce si court séjour je n'avais eu le temps de ne lire que le premier chapitre qui depuis me hantait. C'est très près des expériences du réel qu'on a pu faire, être en bateau, au soleil, le jour, la nuit, la bagarre, la culpabilité, l'ennui, l'innocence (qu'est-ce qu'on fiche là ?) (même si c'est agréable)... L'un des auteurs préférés de Margotte. Elle était trop contente de gagner le prix Hemingway pour 'L'Amant', plus heureuse que pour le Goncourt : « J'ai toujours eu une passion secrète pour Hemingway, une très grande passion, enfin, comme une sorte… une sorte d'AMOUR pour tout ce qu'il a fait. »

B retagne



 

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« le travail au noir sournois de l’amour »


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