Monday, April 22, 2013

La Décision d’été



Argia dit qu’elle fait sa prière tous les soirs. Moi aussi, je fais ma prière, surtout au printemps. Il avait suffit d’aller en Italie pour revenir et trouver Paris fleuri.

« Un sordo sottobosco / dove tutto è natura ». « Un sourd sous-bois / où tout est nature ».

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Suite à La Possibilité d’une île


« Il y a 5 ans, alors que tu sortais d’une sorte de lynchage médiatique suite à La Possibilité d’une île, tu me disais dans un entretien que la présence de ton chien t’avait réconforté. Dirais-tu encore ça aujourd’hui ?

— Non, parce qu’il est mort. Et c’est trop récent pour que j’ai la tentation d’avoir un autre chien. Ce chien est irremplaçable. Sa présence me faisait du bien, parce que... Supposons que tel journaliste ne m’aime pas : si j’en parle à une personne que je connais, elle va se faire du souci. Alors que le chien, il n’en a rien à foutre, et par contre-coup ça devient moins grave. Tu n’arrives pas à contaminer un chien avec tes angoisses.  Le chien ramène tout de suite le truc à sa véritable importance, qui n’est quand même pas si grande. Il y a une formule chez Heidegger, c’est : « l’être pour la mort ». Les êtres vont vers la mort. Alors que le chien de petite taille n’est visiblement pas un être pour la mort. Le fait que Clément meure a donc été un choc. »

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Villa Médicis

Qu’en échangeant nos songes


Ô fatigue, douleur... — je voudrais, pour toi, être le plus beau, le plus fort, le plus faible, mais je ne le pourrais qu’en te mangeant, qu’en t’aimant, qu’en t’abordant, qu’en échangeant nos sangs, 
qu’en échangeant nos songes. Penser à une personne, c’est l’aimer. Ne penser qu’à une personne, c’est l’aimer. La vouloir, c’est l’aimer. Nous sommes près de Florence. Florence ! 
Faut-il toujours aimer le reste du monde alors que je voudrais n’aimer que toi ? La nuit, tout se tait, tout dort. Moi aussi, je vais me taire, mais je veux, avant cela, faire ma prière. C’est la paix.

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Arte Italiana



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La Danse



Adélaïde et moi, nous restons au soleil sur cette place universelle qui s’appelle Piazza Maggiore. Nous restons au soleil. Nous buvons de l’eau, mais, comme ici les cafés sont très bons, je bois, moi, aussi un peu de ce poison modeste. Sur la place, il y a tout un spectacle. L’infini spectacle. Et je dis : « Eh bien, moi, je sais où je passerai mes derniers jours ! » Et je pense à Paulina 1880. Le dernier chapitre. Paulina est assise sur une chaise, au soleil, devant une maison. Ne s’appelle même plus Paulina. Après avoir vécu toutes les passions, elle est une vieille femme, enfin ; elle est une sainte anonyme, ce que sont les vrais saints (s’il n’y avait pas le narrateur). Cette position de la sainteté, tous les acteurs la recherchent. Il est évident que Catherine Deneuve — même Catherine Deneuve ! — est anonyme dans le film Belle de jour, de Luis Buñuel. D’ailleurs, elle n’y comprenait rien (paraît-il). Yves Saint Laurent a fait beaucoup pour ce film. 



La musique commence sur la place. Elle fait plaisir. Loin. A l’autre bout. N’importe où. C’est qq’un qui chante avec sa guitare. En anglais. On ne sait pas si ce sont des chansons connues ou inventées ; Adélaïde ne sait pas. Mais Adélaïde me montre : il y a un homme qui danse. Il y a un homme qui danse et qui chante en playback plus près de nous. C’est un clochard infini. (Leçon infinie.) C’est l’un des plus beaux solos que j’ai vu de ma vie (avec celui de François Olislaeger). Il danse principalement avec ses mains et la danse est pratiquement aussi entière que si c’était Sylvie Guillem, il est d’une beauté extrême. Il nous fait signe, on dirait, il a vu qu’on le regardait. Qq’un de beaucoup plus près de lui le filme, mais c’est nous qu’il regarde et à nous qu’il adresse son salut, à nous les plus lointains. (Je le trahis un peu en le photographiant un peu.) Le spectacle est fait. Il est invisible et parfait. Je sais pourquoi c’est beau et absolu, je le fais remarquer à Adélaïde : à cause de l’ouverture. Tout est ouvert, chez lui, dans toutes les directions. Et il danse. ...plein de mérites, mais en poète, l’homme habite sur cette terre... Ce que fastidieusement travaille Laurent Chétouane. D’ailleurs, nous voulons jouer sur cette place ! J’avais dit — avant qu’il apparaisse — que nous pourrions jouer directement sur la place : Marlène, Kate, Jonathan, Thomas certes pourraient jouer sur cette place... Je vais le proposer aussi à Hubert, tiens, de jouer dans la rue. Maintenant... Et le clochard céleste est apparu.

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Caravage


Chiesa di San Luigi dei francesi.

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Poème



Permets-moi de m’imaginer encore dans tes bras, chambre ouverte — persiennes ouvertes, grille ouverte, fenêtre ouverte — sur la fraîcheur — et le bruit insensé de sensualité des oiseaux qui sont ce film que je n’ai pas encore vu, de Pier Paolo Pasolini, Uccellacci e uccellini. Ce lit est grand, infiniment grand pour toi qui est si grand, ce lit est froid la nuit, incroyablement d’été, même si la nuit est encore fraîche. Nous sommes au bord des montagnes de l’Apennin. Je vais me promener, suivre ce portique qui va sur plusieurs kilomètres jusqu’au sanctuaire de San Luca et qui passe tout près de la casa. Je voudrais dans tes bras ton amour infini et, comme tu ne me le donneras pas, il s’appellera Tombeau de Thibault Lac. Car une pierre qui tombe dans un lac est aussi un tombeau

Par la grille que je laisserai ouverte cette nuit 

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Poème de jeunesse







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