Monday, April 08, 2013


L’indolence, l’oisiveté, la lecture. « Le loisir et l’étude indissolublement liés. » Le Sud. Nous sommes dans le Sud. C un Sud de feu noir imaginaire. De Valence nous avons voyagé dans la nuit. Et la pluie. Je n’ai rien vu, rien deviné du Sud. Le Sud, comment savoir ? Temps de Brest. A Valence moins de monde dans les rues — à 8h et 1/2 — que s’il y avait la guerre. Non, juste un crachin de Brest qui fait que les gens du Sud ne sortent pas. J’ai dit bonjour aux chèvres. J’ai réfléchi aux mots : « patience », « curiosité » en éclairant les chèvres avec la lampe frontale d’Yvan.

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La Tonte










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Now or never


« Un poète mort n’écrit plus. D’où l’importance de rester vivant. »

« Je me rends compte, avec des sentiments mélangés, que la vie ne m’intéresse pas assez pour que je puisse me passer d’écrire. Ça ne me suffit pas. »

« On envisage toujours la possibilité d’arrêter. Surtout le roman, d’ailleurs. On se motive en se disant que ce sera le dernier, qu’il faut tout y mettre. Et ça marche. Parce qu’il y a un fond de vérité : ne serait-ce que pour des raisons de mortalité, il y a bien un roman qui finira par être le dernier. Psychologiquement, rien n’aide plus que de se dire que c’est maintenant ou jamais, now or never. »

YNG essaie qqch, essaie autre chose, ça ne marche pas, il essaye qqch, autre chose, ça ne marche pas, YNG vit une traversée du désert.

Voici mon manifeste


Je suis sorti    adolescent solitaire
dans la nuit sourde
couvert jusqu’à la terre
de cheveux raides
Tout autour se dressait la nuit
et on se sentait seul
on avait envie d’amis
on avait envie de soi
J’ai allumé mes cheveux
me suis répandu en lambeaux de boucles
j’ai mis le feu autour de moi
J’ai allumé les champs    les arbres
et c’est devenu plus joyeux
Le champ de Khlebnikov brûlait
et mon Je en feu flamboyait dans l’obscurité
Maintenant je m’en vais
cheveux en flammes...
Et à la place du Je
se dressait le Nous !






(Vélimir Khlebnikov, traduit par Yvan Mignot.)

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Pent-up frustrations


Tout ceux qui n’ont pas pu être poète — désir suprême, orgueil du même type, Jésus l’a été. Etre un saint, être poète, la vanité des vanités, la vanité suprême. Ici. Ici, en Ardèche. De quelles lectures, de quels pays, de quelles langues ? On voyageait. On voyageait beaucoup. Et l’image et la mort. La brebis et la mule. Amies. Le temps est gris. Les enfants sont nerveux, nés ici. 

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Cock gaulois




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L’Attachement à une région vient vite



Vous avez les époques ensevelies sous les décombres de votre existence. Mais cela importe peu. Les efforts de la mémoires. Mais cela importe peu. Je ne suis pas écrivain, ai-je dit à Yvan. Il m’a répondu : « Il ne faut pas être écrivain, il faut être écrivant. » Jolie image.

...


Il y a l’essentiel qui ne change strictement pas. Vous êtes né sur terre et vous mourrez sur terre. Bien entendu, il faut éviter le monde. Le monde, la prochaine guerre. Avec un peu de chance, vous serez mort avant — et enterré au cimetière de Thines. Avec un peu de chance. Vous n’avez pas d’enfants. Vous n’y avez pas cru. C une faiblesse, mais c une chance. Vous avez les enfants des autres. Et les bêtes. Les bêtes des autres. Vous êtes dans la nature. Vous êtes le poète errant. Celui qui n’écrit pas, qui n’écrit pas comme Peter Handke parce qu’il ne sait pas, qui n’écrit pas comme Georges Simenon parce qu’il n’écrit pas. Qui tourne autour. Autour sur cette terre — et ça tombe bien, elle non plus, la terre, ne sait pas ce qu’elle y fait sur cette terre (suis-je clair ?)


...


Le récit, seulement le récit de gens et de gens parmi les nuées. Ô le poids de la terre qui nous retient et qu’il faut louer ! Le contre de la terre, le long glissement d’amour tout contre de la terre — et qu’il faut louer !


Tout est caresse, sur cette terre. Tout. Tu te faufiles nuit et jour. 


Orpheus entranced the wild beasts


...


L’expérience que vous avez de ce monde... risible ! C’est pourtant cela qu’il vous faut raconter.


C si facile. Et ne racontez que ce qui est facile ! Au moins.




« On le voyait ramper à travers un désert impitoyable, brûlé par le soleil. »

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3 images de la matière





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Welcome joy, and welcome sorrow


« Under the flag 
Of each his faction, they to battle bring 
Their embryon atoms. » — Milton

Welcome joy, and welcome sorrow,
       Lethe’s weed and Hermes’ feather;
Come today, and come tomorrow,
       I do love you both together!
       I love to mark sad faces in fair weather, 
And hear a merry laugh amid the thunder;
       Fair and foul I love together.
       Meadows sweet where flames burn under, 
       And a giggle at a wonder;
       Visage sage at pantomine; 
       Funeral, and steeple-chime;
       Infant playing with a skull;
       Morning fair, and shipwreck’d hull;
       Nightshade with the woodbine kissing ;
       Serpents in red roses hissing ; 
       Cleopatra regal-dressed
       With the aspics at her breast;
       Dancing music, music sad,
       Both together, sane and mad;
       Muses bright and Muses pale;
       Sombre Saturn, Momus hale; —
       Laugh and sigh, and laugh again;
       O the sweetness of the pain!
       Muses bright, and Muses pale,
       Bare your faces of the veil;
       Let me see ! and let me write
       Of the day, and of the night —
       Both together. — Let me slake
       All my thirst for sweet heart-ache!
       Let my bower be of yew,
       Interwreath’d with myrtles new;
       Pines and lime-trees full in bloom,
       And my couch a low grass-tomb.






(John Keats.)

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Le Cimetière de Thines















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La Mule et la brebis


Soir, le soir, qu’est-ce qu’il faut lire ? Une journée si riche, le monde si pauvre, le monde qu’on entend par la radio, Dieu soit loué pas la télé, les journaux. L’air si riche, trop riche (pour qui n’est pas habitué). Les mots ? Les mots si faibles pour « communiquer ». Comme ce n’est pas important ! La langue est faite pour dire. Et dire... ce n’est pas donné à tout le monde. Il faut être poète. Quel boulot ! Sinon vivre, vivre, se bercer dans le monde, dans la terre, les courbes exacerbées du pays, du paysage. Ici, ce n’est pas touristique en cette saison d’avril glacé ; c l’Ecosse. Le crime. L’Auberge rouge. Dieu criminel. On l’adore.

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