Wednesday, October 21, 2015

« Est-ce que l’on préfère voir ce que tout le monde voit ? Ce que les plus experts ont jugé important ? Ce que voient nos amis ? Ce qui correspond à nos pratiques passées ? »

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T itre : Je suis sûr que Lyon et moi on a à faire ensemble


Come as your Madness
Gwen m’appelle avant le spectacle et m’engueule un peu — mais je ne le prends pas comme une engueulade parce que, dans le bus 45, j’avais ressenti qu’il fallait que j’arrête de me faire du mauvais sang à propos de la fréquentation. Nous ne sommes pas full, alors j’ai l’impression de louper ma mission. Ma mission, c’est : plaire à tous. J’avais pensé, dans le bus 45, que c’était peut-être une chance, finalement,  moi si comblé, si encensé d’ordinaire (à la parisienne, à la avignonnaise…), que c’était peut-être une chance, pour moi, que je rencontre une résistance. Je désire Lyon. Mon rapport à Lyon est passionnel. Qu’on me laisse la détester ! Antonio Mafra, le journaliste du « Progrès » est venu (revenu) ce soir, très agréable. Il a eu l’air d’avoir aimé, il m’a dit que ça lui rappelait Andy Warhol, la Factory (j’y avais pensé, en effet) et surtout un film que je ne connais pas, Inauguration sur le dôme du plaisir*, de Kenneth Anger. Auparavant, je lui avais envoyé cette lettre (il devait venir samedi et avait renoncé parce que c’était une avant-première…) : « Vous auriez dû venir, cher Antonio ! On fait les avant-premières pour lancer le truc. Et puis — mais, ça, c’est personnel, je trouve que la plus belle avant-première est celle où, pour la première fois, le spectacle rencontre le public, la seule où je n’aie pas peur (parce que je ne sais pas ce qui va se passer, j’ai peur à partir de la deuxième de ne pas retrouver l’inconnu).  Oui, venez ! je suis à la limite du découragement… Lyon me snobe, mais à un point que je n’aurais jamais imaginé (si je l’avais imaginé, je ne serais pas venu). Pourtant j’adore cette ville qui, comme Carmen pour Don José, ne me le rend pas ! (Prends garde à toi !) Je ne peux pas faire plus facile d’accès (et plus beau) que ce spectacle intitulé Or, d’après Carmen, et personne ne le voit, personne ne se précipite, personne ne se bat pour venir, on joue devant des demi-salles (d’une jauge déjà réduite à quatre-vingt), c’est affreux ! Je ne sais pas quoi faire. Je n’ai pas prévu de temps (puisque je répète l’après-midi et joue le soir) pour démarcher les publics et les journalistes, mais ma situation est absurde : pourquoi proposer des spectacles à ceux qui n’en veulent pas ? La Leçon de théâtre et de ténèbres s’adresse bien sûr au spectateur, à personne d’autre, mais s’il ne vient pas, quel en est le sens ? On ne joue quand même pas pour les absents ! L’expérience de Lyon devrait être mon grand œuvre, le déploiement de huit spectacles (si j’y arrive) et c’est en même temps ma traversée du désert. Je lutte contre la haine. Au cours de qi gong, lundi matin, le professeur a proposé de transformer l’eau en feu et il a dit : « Le feu enlève la colère ». Je me suis jeté dans le feu. C’est ce que je fais pour cette fille, Carmen, je la fais brûler, mais pour qui  ? La sorcière produit de la lumière... C’est décidé, j’arrête de me plaindre, vous êtes la dernière personne à qui j’en parle (de ce problème d’inintérêt), je ne veux plus en parler, je vais me taire, ça ne sert à rien. Je suis dans un théâtre qui, depuis deux ans, a perdu son public et c’est aussi grâce à cela, cette table rase, ce champ libre que j’ai la chance d’y avoir été invité et d’y être libre. Mais libre et seul, ouais ! Ce problème prend toute la place, en ce moment. Toute la subtilité de ce que je propose est jetée dans l’incompréhension. Le spectacle (celui-ci conçu comme un succès) est déformé par le public malheureux d’être si peu. Je viens de lire un article (dans « Libération ») sur un éloge du conformisme qui développe l’idée que l’être humain aime faire comme les autres, bien que la société le projette sans cesse dans l’individuation. Ici, c’est comme si je ne rencontrais que des solitaires sans amis à qui transmettre leur plaisir : le bouche à oreille ne semble pas fonctionner. Je me sens (toute proportion gardée !) comme Charles Baudelaire qui, arrivant en Belgique pour une série de conférences, et s'attendant à y être accueilli comme un prince, n’y croisa pas un chat (et qui se mit alors à écrire un pamphlet atroce contre la Belgique). Moi, je suis de la région, pourtant, mais je repartirai de Lyon avec l’idée que la beauté (extrême) de cette ville est qu’elle est imprenable
On parlera d’autre chose demain, j’espère, 
Yves-Noël »

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I ndication scénique


« Il sort, poursuivi par un ours. »

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Titre : Le Nègre et le Juif
Titre : Message privé

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Photo Helen Heraud. Or

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O dile et La Callas


La représentation commence, je vois qu’Odile reprend la pose de Maria Callas dans Carmen, la main sur la hanche, qu’on peut voir dans cette vidéo sublime. J’entends qu’elle brunit sa voix. Oui, Odile Heimburger imite La Callas. Je l’ai vue dans le bus 45, je l’ai appelée, à travers le bus, j’étais au fond, elle devant, mais elle ne m’a pas entendu, elle avait un casque, elle est comme La Callas, elle voyage avec ses partitions, elle ne cesse de travailler, de ne pas cesser de travailler, j’ai envie de dire… Odile reprend aussi depuis quelques jours un petit changement dans la partition, une amélioration que se permettait Callas (toujours dans  cette même vidéo), deux notes faites sur la syllabe â et pas sur la syllabe me, je crois… Elle me fait remarquer que, toujours dans cette même vidéo, La Callas se trompe, mais, là, Odile pense qu’elle ne le fait pas exprès. Elle dit : « L’amour est un enfant rebelle », c’est « oiseau », en fait, qui est rebelle, pas « enfant », mais c’est joli  et plus loin on assure bien que « L’amour est enfant de Bohè...

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P rière


« Mon Dieu, vous m'en aviez donné une et il a fallu que vous me la repreniez
mon Dieu, aucune méchanceté ne peut rivaliser avec la vôtre »

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« Une fille qui savait tout danser. »

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Photo Helen Heraud. Remi Studer dans Or

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« Les premières notes du préludes nous éclaboussent de lumière, de couleur avec un éclat ORchestral fORtissimo sans aucun souci de discrétion ou de bon ton. »

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Bonjour, excusez-moi de vous déranger, je voulais vous signaler, à l’intention de vos étudiants, le spectacle exceptionnel (que je trouve exceptionnel) que nous donnons au théâtre du Point du jour jusqu’à samedi 24 — et dont voici la feuille de salle. 
Ce qui n’est pas dit sur cette feuille de salle, c’est qu’il s’agit d’une adaptation de Carmen, de Bizet, en comédie musicale…
Les places sont à 5 €.
Merci de votre attention, 
Yves-Noël Genod



Or

Troisième spectacle de la série intitulée : 

Leçon de théâtre et de ténèbres

Du 20 au 24 octobre, à 20h

Avec : 

Simon Espalieu, Odile Heimburger, Yuika Hokama, Anna Perrin, Marlène Saldana, Gaël Sall, Rémi Studer, Antoine Truchi

Lumière : Philippe Gladieux, Gildas Gouget 

Un spectacle de Yves-Noël Genod


« J'aimai le désert, les vergers brûlés, les boutiques fanées, les boissons tiédies. Je me traînais dans les ruelles puantes et, les yeux fermés, je m'offrais au soleil, dieu de feu. » 

« Enfin, ô bonheur, ô raison, j'écartai du ciel l'azur, qui est du noir, et je vécus, étincelle d'or de la lumière nature. » 

(Arthur Rimbaud, Une saison en enfer.)



Yves-Noël Genod ne se présente lui-même que comme un « distributeur » de poésie et de lumière ; il n’invente aucun spectacle qui, lui semble-t-il, n’existe déjà. Il fait passer le furet, comme dit la chanson : « passé par ici, il repassera par là ». Il révèle — et regarde la beauté. 
En effet, pense-t-il, la révolution serait dans la redistribution des richesses accaparées. L’air, l’eau, la terre… « La beauté est dans l’œil de celui qui regarde. » Son art a été qualifié de « théâtre chorégraphié ». Cinquante-cinq spectacles depuis treize ans. Ce comédien prétend s’effacer derrière une œuvre qu’il désirerait n’être que traces, mais dans l’optique pascalienne qui dit que : « Nul ne meurt si pauvre qu’il ne laisse quelque chose »

Prochain spectacle : La splendide actrice

Du 3 au 7 novembre, avant-premières les 31 octobre, 1er et 2 novembre (20h)

Blog d’Yves-Noël Genod : http://ledispariteur.blogspot.fr

Manuel de liberté : du 22 au 26 septembre (avant-premières les 19, 20, 21)
Les Entreprises tremblées : du 6 au 10 octobre (avant-premières les 3, 4, 5)
Or : du 20 au 24 octobre (avant-premières les 17, 18, 19)
La splendide actrice : du 3 au 7 novembre (avant-premières les 30 octobre, 1er et 2)
N°5 (masterclass) : du 17 au 21 novembre (avant-premières les 14, 15, 16)
Sixième épisode (titre à trouver) : du 1er au 5 décembre (avant-premières les 28, 29, 30 novembre)
Leçon de ténèbres : du 15 au 19 décembre (avant-premières les 12, 13, 14)
Rester vivant (épilogue) : Du 29 au 31 décembre (avant-premières les 26, 27, 28)


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Merci de votre réponse, mais une phrase m’intrigue : «  L’absence de suite après la rencontre avec les comédiens n’est peut-être pas étrangère à cette absence de public, il y aurait pu avoir un effet d’entrainement mais c’est ainsi vous avez choisi les personnes qu’il vous fallait et c’est tout à fait légitime. » Je me demande dans ce que je vous ai dit ce qui peut bien vous faire imaginer ça. C’est tout à fait le contraire. Il y a, je trouve, beaucoup de suite à la rencontre que vous aviez initiée à ma demande.
J’ai bien conscience de l’absurdité qu’il y a à s’adresser à une école de théâtre pour remplir un théâtre… Mais je suis si isolé à Lyon que je ne sais vers qui me tourner…
Lyon est très absente pour moi alors que j’y donne mon meilleur. J’attends que cette ville, peut-être un jour, me donne, elle aussi. En attendant, elle prend, elle vole, elle boit le champagne, mais ne remercie pas…
Bien à vous, 
Yves-Noël

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Photo Helen Heraud. Simon Espalieu dans Or

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« Prête aux baisers résurrecteurs

Pauvre je ne peux pas vivre dans l’ignorance
Il me faut voir entendre et abuser
T’entendre nue et te voir nue
Pour abuser de tes caresses

Par bonheur ou par malheur
Je connais ton secret pas coeur
Toutes les portes de ton empire
Celle des yeux celle des mains
Des seins et de ta bouche où chaque langue fond

Et la porte du temps ouverte entre tes jambes
La fleur des nuits d’été aux lèvres de la foudre
Au seuil du paysage où la fleur rit et pleure
Tout en gardant cette pâleur de perle morte
Tout en donnant ton coeur tout en ouvrant tes jambes

Tu es comme la mer tu berces les étoiles
Tu es le champ d’amour tu lies et tu sépares
Les amants et les fous
Tu es la faim le pain la soif l’ivresse haute

Et le dernier mariage entre rêve et vertu. »

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