Saturday, November 20, 2010



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When will you accept yourself, for Heaven's sake ?

« Je conviens que la technologie nous ouvre des possibilités nouvelles, mais je pense qu’en fin de compte nous avons affaire avec ce à quoi nous avons toujours eu affaire : la pensée. »

Victor fait tarte sur tarte – délicieuses – avec des pommes glanées. Il me regarde de ses grands yeux de biche (ou de vache, comme disaient les Grecs) et me demande si faire des tartes « ce n’est pas trop féminin ? » Eh bien, non, les plus grands cuisiniers sont des chefs, mais je lui propose de réorienter l’annonce en avançant que son côté féminin se marie, se mélange dans des proportions très agréables à son aspect brutal et patriarcal, membré du membre fondateur. Il me raconte que ce qu’il aime faire c’est s’enfoncer et, arrivé au fond, ne plus rien faire (comme un requin entre deux eaux), laissant la fille s’exaspérer toute seule, ça, ça lui plaît bien.
Maintenant, on écoute le premier disque de Stéphane Eicher. Victor fait la tarte, je bois du thym. Tout à l’heure, on est allé à Emmaüs. J’aurais préféré les sources de la Seine, mais, enfin, Victor voulait Emmaüs. Le chemin était très beau. Il y a des espaces surnaturels comme à la préhistoire. Bien sûr, chaque fois que je me promène en voiture, je pense à Marguerite Duras : elle aimait tellement ça. Et, chaque fois que je vois des vaches, je dis : « Ah, les vaches, on a envie d'les embrasser, elles nous donnent tant ! » qui a été dit, un jour, près de Trouville. Dans la voiture, au retour, entre chien et loup, Victor met la radio et je reconnais la voix de Nathalie Quintane. Nathalie ! J’adore sa voix, à cette fille… Elle dit (entre autres) qu’il ne faut pas se regarder écrire. Tout le contraire de ce que je fais sur ce blog... – mais, nous dirons, tous les chemins mènent à Rome…

A Emmaüs, j’ai feuilleté les livres. Il y en avait un de Jacques Lanzmann, le frère de Claude dont j’arrive au bout du Lièvre de Patagonie, ça s’appelle Nous, une histoire d’amour et ça raconte à deux voix un amour (réel, ils se sont mariés) entre une fille de vingt-cinq ans et lui qui en a soixante. J’ai lu une page émouvante où il raconte qu’elle a transformé la matière dont il était fait. Il se voyait comme un vieux déchet, mais elle – voyait en lui de la pierre, de la terre, du cuir, les matières nobles… Il disait qu’il s’était laissé ainsi remodeler, recomposer dans un rapport de Pygmalion inversé…

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Sources de la Seine

« Foucault, c’est pas simplement une personne – d’ailleurs personne d’entre nous n’est une personne – c’était vraiment comme si un air, un autre air arrivait, comme si c’était un courant d’air spécial, et les choses changeaient, y avait plus, c’était vraiment atmosphérique, quoi, ou bien d’émanation, y avait une émanation Foucault, y avait un rayonnement (…) y avait aucun besoin d’parler avec lui (…) »

« Que les gens n’ont de charme que par leur phobie, voilà c’qui est difficile à comprendre. C’est l’côté, le vrai charme des gens, c’est le côté où ils perdent un peu les pédales, c’est l’côté où ils savent plus très bien où ils en sont. Ça veut pas dire qu’ils s’écroulent, au contraire, c’est des gens qui s’écroulent pas. Mais si tu saisis pas la petite racine ou le p’tit grain d’la folie chez quelqu’un, tu peux pas l’aimer. Tu n’peux pas l’aimer. C’est bien le côté où il est complètement quelque part, ben, on est tous un peu, on est tous un peu, un peu dément. Si tu saisis pas le p’tit point d’démence de quelqu’un... Or j’ai peur – ou je trouve – ou, au contraire, j’suis bien content – qu’le point d’démence de quelqu’un, ce soit la source de son charme même, quoi. Ouais. »

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Cherche acteurs...

... spectacle intitulé

Fallait-il censurer Le Dernier Tango ?

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Toshiki Okada

Quand je cite, ici, je ne cite pas l’origine souvent extrêmement prestigieuse de la citation. Je cite comme si c’était moi qui formulais (moi ou n’importe qui). Ce sont des données, des vérités, des remarques qui sont pour moi de l’ordre de l’universel, des variations. Mais je suis parfois heureux que dans le recopiage (ici du magazine « Mouvement » n° 47, article de Jean-Louis Perrier) le nom du modèle apparaisse (ici Toshiki Okada). Je n’ai vu qu’un seul spectacle de Toshiki Okada, à Gennevilliers, mais je crois que je n’ai jamais eu le sentiment à ce point d’être en présence d’une intelligence supérieure. Cela se traduisait, pour moi, par un spectacle formel sans pourtant que les acteurs ne soient le moins du monde amputés à l’occupation de son exécution. Vivants, vivants (donc : « littéralement et dans tous les sens »). Comme si la forme – très complexe – vibrait toute seule et que les acteurs se contentaient d'en vivre, sans engager le moindre effort pour son exécution. Ecole japonaise, certes. Plaisir absolu.



« Si le mouvement du corps suit le sens du mot, cela n’a aucun intérêt. Le système du corps est à part. Je considère que l’expression physique doit venir de l’image. Il faut faire travailler ce qu’il y a entre corps et image.
Qu’est-ce que l’image ?
« Les acteurs prononcent des paroles, mais ce qui est important, c’est l’image. Prenez l’image d’une maison. Parlez de votre maison, de chez vous, est facile. C’est comme réciter un texte par cœur. Je demande aux acteurs de se créer une maison imaginaire. D’en dessiner le plan sur la base des informations dont ils disposent à ce moment-là, et d’explorer le décalage qui existe entre le plan et la réalité imaginaire de leur maison (Toshiki Okada dessine un petit cercle – le plan – tangent intérieurement à un grand cercle – la maison imaginaire). Le grand cercle contient toutes les informations sur la maison, le petit cercle (le plan) n’en est qu’une partie. Les acteurs doivent montrer aux spectateurs le grand cercle alors qu’ils n’ont au départ que le petit cercle. L’image est le grand cercle. Quand je leur dis de « gonfler » en répétition, c’est pour atteindre le grand cercle.
Il ne s’agit pas de constituer un personnage ?
« Je ne prends pas cela en considération. Il y a les paroles des acteurs, et il y a l’image que l’on peut gonfler. Comment la gonfler ? C’est ce comment qui conduira à caractériser un personnage, mais ce n’est pas ce qui me préoccupe.
Vous demandez aux acteurs de prendre de la distance. Est-ce une référence à Brecht ?
« Oui, c’est exactement cela.
Quelle est la place du spectateur dans ce contexte ?
« Lorsque l’acteur s’assimile à un personnage, le spectateur disparaît. C’est par la distanciation que le spectateur se met à exister. Elle se met en place en jouant face à lui.
Où se situe la séparation entre danse et théâtre ?
« Le théâtre est contraint de montrer des représentations des sentiments, la danse a la liberté de choisir de montrer ou non.
Du théâtre ou de la danse, lequel est le mieux placé pour représenter la dimension sociale ?
« C’est le théâtre, parce qu’il y a cette relation étroite entre le corps et le langage. La danse peut intervenir aussi à cet endroit-là, mais je ne pense pas être capable d’y parvenir pour l’instant. »



Voilà. Je peux aller me coucher. Mais, enfin, c’est ce genre de choses que je travaillerai – avec cruauté (exigence, joie) – à l’école du TNB.



« Pendant trois ans, j’ai suivi ses pièces comme spectateur. Je me demandais pourquoi je trouvais ça intéressant. Avant, je trouvais le théâtre bizarre, la façon de mentir en scène désagréable, écœurante même – là, ça ne l’est pas. »

« Ses pièces ne ressemblent pas à celle des petits théâtres indépendants. Elle n’obligent pas à penser, ni à sentir, ni à voir d’une manière déterminée. Elles n’obligent à rien. Chaque spectateur peut les regarder à sa manière, propre. »

« Toshiki Okada dérange en dégenrant le théâtre et la danse, comme le masculin et le féminin. »

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La chanson la plus courte

« Se coucher tard... nuit ! »

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Par delà la fameuse ligne immatérielle

« (…) discordance et concordance qui culmineraient en une temporalité unique, où la parole se dévoile comme image et l’image comme parole. »

« (…) un exemplaire volé des Illuminations de Rimbaud (…) »

« Les banquiers qui jouent avec la banquise »

« Tout être est le Bouddha juste comme, pour l’anarchiste, tout être est souverain. »

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« Faux amis

Par PAUL QUINIO


Et si cette affaire de licenciements, validés par les prud’hommes, de salariés coupables d’avoir dit du mal de leur chef sur le réseau social Facebook était, d’abord et avant tout, une question de vocabulaire ? Qu’est-ce qu’un ami ? Dans la vie, la vraie, c’est déjà pas toujours simple… Mais quel sens donner au mot « amis » quand ils se comptent par centaines, parfois par milliers, sur une page Facebook ? Aucun. Les salariés licenciés de la société Alten sont victimes de cette confusion des mots, très symbolique du dangereux méli-mélo des espaces public-privé qui caractérise l’époque et qu’accentue l’existence des réseaux sociaux. Et, dans ce cas précis, du mélange entre vie privée et vie professionnelle. Qui suis-je ? Où suis-je ? Un citoyen en train d’échanger des propos privés en toute confiance, puisqu’avec des amis ? Non. Un salarié en train de s’exposer dans un espace non seulement public, mais en plus surveillé. Les salariés sanctionnés n’ont sans doute pas été très malins. Et l’usage des réseaux sociaux et la législation qui va avec, sans aucun doute, évolueront avec le temps. Il n’empêche qu’en attendant, la preuve est faite que cette confusion des genres, ces frontières qui volent en éclats, cet appétit pour l’exposition permanente se retournent contre l’usager. Et profitent davantage au patron plutôt qu’au salarié, aux forts plutôt qu’aux faibles. »

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