Friday, December 03, 2010

« Jouer, c'est regarder notre vie, à tous. »

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Thomas Gonzalez dans La Mort d'Ivan Ilitch. Photo César Vayssié.

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Intime bougie

Je suis à l’Arsenic, j’ai amené mon ordinateur. On prépare le festival. C’est dingue comme les Suisses – ceux-là, en tout cas – sont délicats, pleins de tendresse envers la vie, les autres, l’invention du jour le jour. L’impression d’être un gros névrosé… Impression que j’ai déjà eue au Québec, en Belgique aussi… La tendresse qu’on théorise à Paris – par défaut – eux la vivent. Les bêtes ne sont pas loin, l’eau du lac, la neige de nos montagnes et nos belles prairies. Je voudrais recopier le poème de Baudelaire que dit si bien Serge Reggiani (voir lien plus bas). J’écris un texto à Thomas. Il n’a pas bien réussi la générale. Il était dans le malheur, la tristesse. Bien sûr, quelques génies ont adoré comme Patrick de Rham, le directeur du festival, Sarah Neumann, la responsable de la formation continue de l’école de la Manufacture… Mais pour le grand public – qui a le droit de ses émotions –, il faudra bien sûr donner énormément plus. Il se trouve que je fais entièrement confiance à Thomas pour ça. Le spectacle a été cousu sur lui. La veille, c’était si fort, si bouleversant (filmé par César Vayssié)... C’est un travail où l’on touche des choses paradoxales, on touche à certains mystères comme le bon, le mauvais, l’amour, le temps, l’autre, la séparation, la faiblesse, l’illumination, les mots inopérants, mais la musique, les sons, la nature, la poésie…. Ça peut vous retourner comme une crêpe, ça peut vous éreinter, ça pourrait éventuellement vous mettre en panique. C’est la vie, ça nous dépasse. Ça nous dépasse – et : non. Ça nous dépasse pas.






« (...) Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge ; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront, il est l'heure de s'enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise. »

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