Wednesday, July 06, 2011

Mon adieu à Pina

Vincent Dedienne m’a donné deux places, la semaine dernière, j’en ai donné une à l’entrée, ça m’a plu d’offrir enfin une place à quelqu’un (une jeune fille) qui attendait avec un petit papier comme je l’ai fait pendant des années et même, pour être précis, pendant des décennies… Dans la salle, après l’émotion des premiers instants, j'ai commencé d’écrire ça :

Le spectacle si beau et si naïf de Pina Bausch, les danseuses sont des plantes, on les arrose, etc. Elles s’accrochent au sol comme de la mousse. (Rimbaud.) C’est d’une suprême et absolue beauté, les costumes, les cheveux, mais la beauté vient aussi que le public – pour une fois – fait silence – à cause de la mort. C’est une célébration de la vie et le cynisme des pensées, de la société s’éteint à cause de la mort – tout est sérieux et beau, on se retient – dans mon cas – pour ne pas pleurer, pour ne pas fondre en larmes bruyamment. Au lieu de cela, je vous écris, vous à qui je ne raconte rien – ou si peu, à qui je voudrais parler et parler pour les siècles des siècles, parler à raconter ma vie, parler, à peine vécue, la raconter, la vie, les papillons, les plantes et l’amour absent, mis en absence par la pensée et par la mort. Les filles jouent les méduses, les animaux marins, les anémones. Et Dominique Mercy, le danseur miraculeux, sans âge, infini. C’était plus de l’art, Pina Bausch, c’était de la beauté, de la pure beauté, celle de la nature, rapportée, rapportée au théâtre de la Ville pour ceux qui en manquent. Manquent – oui, de beauté. Oui. Pas toi, pas moi, mais la société, oui, manque de beauté, quand même. Il faut que le monde se connaisse, il faut que le monde puisse se contempler. Quand je vois de la danse, je pense à Pierre Droulers (affectivement) et à Laurent Chétouane (intellectuellement). Quand je vois les couteaux de la danse sur mon blouson étoilé.
Une femme demande si on aime sa robe rouge (elle est en noir). Une forme sans forme qui dit – je comprends ça.

A l’entracte, je retourne au Mistral reprendre un verre de Brouilly (à température) et j’opte aussi pour un sandwich aux rillettes (délicieux). François-Marie Banier que j’avais déjà aperçu avant le début du spectacle – il était en tête d’un cortège qui gravissait les escaliers – est soudain devant moi. Je lui dis : « Bonjour, François-Marie. » Il ne cherche pas à se souvenir (il doit avoir la tête farcie de tellement de choses, le pauvre), mais qui sait ?

Sur le seuil du théâtre de la Ville, une femme m’aborde, les cheveux noirs courts, elle me dit : « Ecoutez, je passe des moments très difficiles, en ce moment, et, quand je sors d’un de vos spectacles, je suis heureuse. » Elle n’a pas de mail, elle me donne son téléphone pour que je la prévienne des nouveaux spectacles. C’est elle qui me rend heureux. Elle me dit qu’elle est une amie du chorégraphe Gabriel Hernandez.

A ma place, à côté, il y a aussi une femme qui me demande pour quoi j’écris. Je réponds : « Pour mon blog. » Elle, c’est une amie de Dominique Petit « qui n’a jamais percé », me dit-elle. On papote. Quand je lui propose l’adresse de mon blog, elle délaisse… A la fin, elle me demande si j’ai assez de voix pour crier merci. C’est curieux. J’ai dû dire que j’étais comédien, c’est peut-être ce qui a désorienté sa curiosité...

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La Perruque









Charlie Fouchier.

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La Contemplation la plus active de ma vie d’adulte

« …moi qui suis si léger, soumis au plaisir – impossible de rien faire sans plaisir ; donc il faut aménager le devoir, les exigences de la profession comme tel, les laisser arriver sur le point du plaisir, et, à ce moment, agir : voilà la nature de ma volonté, faire cette coïncidence, la favoriser, la créer… »

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