Sunday, August 03, 2014

« MATIERE DE BRETAGNE

Lumière de genêt, jaune, les pentes
suppurent vers le ciel, l’épine
courtise la plaie, cela
sonne là-dedans, c’est le soir, le néant
roule ses mers à la prière,
la voile de sang fait route vers toi.

Sec, envasé,
le lit derrière toi, enjonque
son heure, en haut,
près de l’étoile, les ruisselets
laiteux babillent dans la boue, datte de pierre
en contrebas, buissonnante, bée dans le bleu,
un arbrisseau d’éphémère, superbe,
salue ta mémoire.

(Me connaissiez-vous,
mains ? J'allai
le chemin fourchu que vous marquiez, ma
bouche crachait ses galets, j'allai,
mon temps, surplomb neigeux en marche,
jetait son ombre — me connaissez-vous ?)

Mains, la plaie
courtisée par l'épine, cela sonne,
mains, le néant, ses mers,
mains, dans la lumière de genêt, la
voile de sang
fait route vers toi. »

Labels:


N oir c'est noir


Sing Sing
Bonsoir, vous m'excuserez de venir vous importuner sans qu'on ait été présentés, mais je voulais vous dire que ça m'avait l'air terriblement excitant, votre Baudelaire pour nyctalopes. j'ai vu votre 1er Avril aux Bouffes et ça continue de me hanter tout à fait.
(Vraiment, pardon si je suis inélégant de surgir ainsi sans crier gare.)

— Mais bien sûr que non ! Un compliment fait toujours plaisir (on a beau dire). Merci !

C'est très raccord, à vrai dire, l'idée que je me fais du Baudelaire après ce 1er Avril, donc, où l'on a rarement tant eu l'occasion de se coltiner le noir, déjà.
Je veux dire, on nous le donne rarement à voir, le noir. Comme espace, comme matière, comme durée, comme profondeur.

— Oui, c'est rare. C'est pourtant la matière même — ou l'anti-matière, enfin, ce qu'on veut, mais la base du théâtre, en tout cas...

Labels: , ,

L 'Enseignement doit être une caresse



Labels:

J e suis fou, j’appelle pour rien, personne est tombé à l’eau


« Tout ce que l’homme expose ou exprime est une note en marge d’un texte totalement effacé. Nous pouvons plus ou moins, d’après le sens de la note, déduire ce qui devait être le sens du texte ; mais il reste toujours un doute, et les sens possibles sont multiples. » Voici une des phrases les plus cruciales de l’histoire de l’humanité — comme sortie de la Bible. Elle est de Bernardo Soares, l’hétéronyme de Fernando Pessoa (Fernand Personne), le Shakespeare portugais — et je viens de la lire. Nous chevaucherons les phrases et les paroles de l’humanité entière, le patrimoine, comme écrites et parlées par personne, l’Esprit saint, tout le monde — en compagnie de Sara Rastegar, cinéaste, et d’Isabelle Barbéris, maître de conférences en art de la scène, et le temps nous paraîtra court. Tant mieux ! ce sera justement le sujet : le temps est court et il n’y a pas de temps...

Je cherche toujours les soldats Jedi et dérisoires, « héros dont la valeur n’attend pas le nombre des années », comme le disait — je ne sais pas pourquoi ça me revient — une dédicace d’un de ses livres de Nathalie Sarraute à Claude Régy et qu’il m’avait montré dans mon extrême jeunesse. Mais l’instant est le même : Claude n’a pas changé — je l’ai vu avant-hier ! — et mon extrême jeunesse est la mort baudelairienne. Il suffit d’un livre ou d’une Bible et le monde des arbres et des fleurs resplendit. Des pierres. Car « Heureux celui […] Qui plane sur la vie, et comprend sans effort / Le langage des fleurs et des choses muettes ! »

Et ces soldats, danseurs, chanteurs, traves, músicos, éventuellement acteurs ou peintres, acrobates ou prophètes… il faut qu’ils soient « photogéniques », c’est-à-dire habités et transparentsJe cherche à constituer une troupe.

« La principale règle est de plaire et de toucher, toutes les autres ne sont faites que pour parvenir à cette première » (Jean Racine). Oui, Jouer Dieu.

Labels:

A Lyon



Labels: