Wednesday, January 07, 2009

Le macho, 5 (Ce qu'elle fait)

Darling, voici les nouvelles. Pour commencer, tôt le matin, ballade en Vélib’ sur neige. Je m’étais promis, lors de ce rendez-vous avec, de faire la fine bouche au sujet de ce projet de téléfilm. Mais devant les avantages que me faisait miroiter mon ex-productrice devenue ma co-auteur (droits conservés sur le travail déjà payé mais qui ne sera pas utilisé, nouveau contrat alléchant, somme doublée si on arrive jusqu'à la diffusion, écriture en commun dans sa cuisine bien chauffée avec thé à volonté), je n’ai pas pu tenir ma langue. C’est que je me vois déjà acheter un chouette appartement, moi ! Du coup, je me suis laissée aller. Les personnages, l’incident déclencheur, le climax, la résolution finale... un Short Cuts mâtiné de La Vie est belle avec le côté arty de Denise au téléphone (faudra me ressortir ces belles références lorsque la soupe sera servie à 20 h 45 !)... J’ai même tiré de mon bonnet à pompon un ado fidèlement calqué sur le jeune Swann du cours de danse, le champion de rollers. Ensuite, j’ai couru acheter « Le Film Français » et, dans le métro, entouré de bleu turquoise les comédies romantiques américaines que je voulais voir ; au « Elle », il y avait réunion
ciné. Puis, déjeuner avec les chefs à l’Evergreen de la place Ceaucescu (doit y avoir une faute, en tout cas c’est comme ça qu’on appelle pour rigoler, à Levallois, cet hommage à l’angle droit qui, sous la neige, tu imagines...). Les conversations étaient géniales, je n'ai pas osé noter, je ne me rappelle de rien. Repassage au « Elle » où j’avais oublié mon bonnet à pompon, le même. Sandra superbe et décalée (jet lag), Valérie pétillante sous son serre-tête en plumes roses. Profession de foi unanime : nous adorons les farandoles ! Va savoir pourquoi, en rentrant, je me suis quand même sentie déprimée. Demain, Laurence me dira ce qu'elle a pensé de Ping Pong. Tu ne voudrais pas la lire avant, ma nouvelle ? Ça me rassurerait (ou pas). Tu me manques. Qu’est-ce que tu en dirais si on ne se faisait plus jamais de reproches ? Je t’embrasse. H

(Ah, au fait, c’est un petit mot pour toi, pas pour ton blog. Vous êtes trop forts, les gars, je peux pas jouer la concurrence.)

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Bruno Perramant







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La boca

« Les grands absents des bibliothèques de l’appartement étaient ses propres livres. »

L’occupation des sols… Il me semble que c’est le titre d’un livre… Je vérifie. Ah, oui, justement, de Jean Échenoz. Qu’on peut lire sur Internet : http://itineraire-periurbain.over-blog.com/album-3451.html.

Comme tout avait brûlé – la mère, les meubles et les photographies de la mère –, pour Fabre et le fils Paul, c’était tout de suite…

J’ai pensé l’autre jour à une formule – qui n’avait pas de sens, pour moi, alors – la Bible en chocolat – et je la retrouve – je veux attirer l’attention du lecteur sur le phénomène (assez effrayant, en un sens) de synchronicité – je la retrouve dans le livre que je lis, dans la bouche de Jorge Luis Borges devant un beau livre qu’on lui apporte, dans son coffret de soie, avec des lettres dorées, chaque illustration collée à la main, etc. : « Mais ce n’est pas un livre, c’est une boîte de chocolats ! »

Je vais lancer des consultations de psychanalyse à la maison. Qu’est-ce que ça peut vouloir dire, ces chocolats ? Est-ce que Hélèna me manque ? C’est ça ? Je me demande ce qu’elle fait, en tout cas…

J’ai vu Énora tout à l’heure, elle est bien, cette fille. Elle est actrice et ses parents sont effrayés à l’idée qu’elle pourrait faire la moindre chose sexuelle. Ses parents sont très présents, pas physiquement, mais dans la tête, me dit-elle. Je crois que j’aime les filles parce que je sens que c’est encore plus dur pour elles que pour nous. Comme disait Alain Sandrier lorsque l’on parlait, il y a quelques temps, au Café Divan, de la difficulté de ce métier de danseur, la nécessité de la reconversion très jeune, etc., les mecs, encore, ils peuvent baiser ensemble (sens : y a une compensation), mais les filles… Mais les filles, c’est une question d’énergie.

Énora me dit que Marina Foïs (qu’elle a rencontrée parce qu’elle a été assistante de Marcial sur La Estupidez), lui a dit : « Énora, démerde-toi pour être la prochaine actrice incontournable ! » Marina Foïs est une actrice exceptionnellement douée et intelligente, c’est merveilleux qu’il y en ait qui y arrivent… Ce qu’elle faisait dans La Estupidez, nous en reparlons… Elle jouait un personnage qui parlait sans cesse, en logorrhée, et le public comprenait qu’il n’avait pas à écouter le « sens », ça créait une écoute exceptionnelle, un effet de théâtre formidable, elle le faisait d’une manière virtuose, ça ouvrait complètement la salle.

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Olivier, il fait trop froid pour que j’aille à la danse le matin, studio glagla, alors je reste chez moi (j’y vais le soir). Je te propose de me rejoindre dans mon quartier, à Max Dormoy, au restaurant La Locomotive derrière le marché de l’Olive (rue de la Martinique), je te propose à 13h - tu sors à Max Dormoy, tu vas au marché de l’Olive, les gens connaissent, il est en travaux d’ailleurs en ce moment, et tu passes derrière à l’angle le restau vietnamien qui s’appelle La Locomotive – ça te va ? J’espère que tu auras ce message – je te téléphone demain si j’ai pas de nouvelles.

Bises


YN

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Une histoire que j'ai vécue

Paris n’avait jamais été plus belle, projetée en haute montagne – je cherchais longtemps l’adresse de Cecilia, pas un chat dans les rues, impossible d'acheter de l’alcool, ils n’avaient pas le droit d’en vendre après vingt-et-une heures, je débarquais, on me disait que c'était comme ça depuis cinq ans, et c’était tellement beau toutes ces bouteilles intouchables.

Je marchais je marchais, emmitouflé de laine, je trouvais une entrée d’immeuble, je n’étais pas sûr que le code eût ouvert la porte, je crois qu’elle était déjà ouverte, je me battais avec l’interphone, une voix me demandait qui j’étais, ne comprenait pas ce que je disais, la porte ne s’ouvrait pas. J’appelais Cecilia qui ne répondait pas. Un homme passait, je prenais sa suite, au deuxième, l’appartement grand ouvert, une femme presque nue, je pensais
ça y est la partouze est déjà commencée je suis en retard - elle me disait c’est demain c’est demain, l’anniversaire de Cecilia.



C'est aujourd'hui. 6 rue Gobert, métro Voltaire, code 1946b, fin de couloir, avant la cour, à droite, sonner Zauberman, 2ème étage.

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Nicolas.

Philippe, Yvett, Mattéo.

Couvre-chef (Le week-end)

Cher Pierre,

C’est magique l’embellissement que tu fais subir à mon texte – ça me refait toucher la beauté de la première fois qui m’avait bouleversé quand j’étais tombé sur ton blog et, avec quoi, mon Dieu, je vis encore (et d’ailleurs réactivée chaque fois que je lis une entrée vierge – surtout même dans les archives – comme je disais : quand tu ne me connaissais pas – Roland Barthes doit en parler, de ça). Ça tenait donc à l’imparfait, tu en fais la démonstration, et aussi à la « justesse », ça, c'est plus subtil, pas un mot de trop ou en moins, le tempo, ne garder que « le poème » – ça que je nommais la virtuosité – et je crois que quelqu’un (qu’une) qui ne t’aimerait pas appellerait ça la préciosité – pour dire la même chose. (Paris est belle, la femme n’est pas en petite tenue, mais presque nue...) Mais tu proposes qu’on t’aime – ou plutôt qu’on aime, c’est toute l’astuce – tu le proposes presque avec une force militante, une obsession, Bénédicte avait vu juste quand elle avait prononcé : « état amoureux du monde ». Et puis, peut-être, intervient aussi le choix du sujet, mais, là, j’avais déjà le sentiment d’avoir écrit « à ta manière » quand j’ai relu ce que j’avais raconté. D’ailleurs, j’ai aussi l’impression presque d’essayer de vivre à ta manière – mais comment faire autrement quand la proximité de la lecture est si grande (au point de te réveiller la nuit) ? J’écris aussi comme Hélèna, ces derniers temps, mais comme c’est compliqué avec Hélèna ! je m’emmêle un peu les pinceaux, là... Enfin, le « déjà vécu » n’est pas loin, ça, l’ennui... J’ai eu peur aussi que tu te mettes à écrire comme moi – mais non, à l’heure actuelle : pas de faiblesse (c’est pour ça que tu fais héros – mais pas sombre héros) – et tu démontres bien là que si tu « aspires », eh bien, ce n'est que pour réactiver et écrire comme tu le penses qu’il le faut ! « Chapeau, l’artiste ! » comme titrait « Libé » à la réélection de François Mitterrand (fin des eilletizes). Évidemment la question vient maintenant : « Comment baises-tu ? » Mais je vais la poser derechef à un artiste peintre, Bruno Perramant (tu saisis le nom ?), virtuose, lui aussi, je ne sais pas si tu connais, qui propose à ses amis de lui poser des questions – comme pour une interview – pour bâtir le texte d’un livre à paraître sur son œuvre.

Oui, ce week-end aussi je n’ai rien de précis – un vernissage de Ben avec Hélèna à partir de 18h30 (samedi)...

YN

Au passage, je vois que tu m’apprends un nouveau temps – moi, l’illettré, je débarque dans toute cette histoire – « je n’étais pas sûr que le code eût ouvert la porte » – c’est beau…

…Ah, adorable sirène du premier mercredi du mois, il est midi, bientôt la cantine !

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