Monday, December 06, 2010

La Limousine

Alors nous sommes allés dans cette boîte improbable et il y avait toujours ce geste, partout où nous allions, d’ouvrir les rideaux quand il y en avait ou d’ouvrir les portes en criant « The star ! », de permettre à François Chaignaud de descendre ou d’apparaître dans toute sa splendeur hollyvoodienne (comme disait Coccinelle), mais cette boîte, en l’occurrence, quand on nous eut fait payer grassement et obligé – grassement – au vestiaire, cette boîte se révéla n’être rien qu’un carré vide. « Ben oui, ils sont tous à l’Ayor… », nous avoua-t-on comme pour ne pas se justifier de l’arnaque quand nous remontâmes (c’est-à-dire presque immédiatement, après deux ou trois Lady Gaga). Je ne sais pas pourquoi, quelque chose nous retenait depuis le début de la soirée d’aller à l’Ayor… C’était pourtant la soirée où tout le monde était, on nous l’avait dit, à l’Amnésia, près du lac. Mais c’était loin, on se figurait, il fallait prendre un taxi. Et alors ? Quelqu’un avait dû nous dire que c’était nul, comme toujours, quelqu’un disait que c’était bien et quelqu’un disait que c’était nul et le nul l’emportait. On se basait sur un mauvais calcul. Alors nous décidâmes de marcher jusqu’au sauna Pink Beach, le plus grand sauna de Suisse. Nous passâmes devant le Lausanne Palace illuminé de manière hallucinante (comme un arbre de Noël qui aurait eu à se reprocher sacrément que’que chose). Nous vîmes passer aussi, à très vive allure, « pressé d’aller au lit », dit François, le bus « Pyjama ». C’était le nom du bus de nuit, c’était écrit dessus. Un tramway nommé Désir et un bus nommé Pyjama… François en avait marre et on glissait, on manquait à chaque pas de se casser la patte. Mais ce n’était pas si loin. L’idée était cette fois de bien demander au garçon de l’entrée la vérité : y avait-il du monde ? Krassen le connaissait. Non, à la vérité, il n’y avait pas grand monde. Tout le monde était à l’Ayor et il fallait attendre cinq heures pour que les types commencent à en revenir pour un after (le sauna était ouvert non stop, on pouvait même y dormir). Donc nous ressortîmes, toujours pas décidés ni à l’Ayor ni à attendre le retour du peuple. Mais, sur le trottoir un peu plus haut, une limousine. Les garçons demandèrent au chauffeur (black et souriant) de les amener (à l’Ayor). Eventuellement. Le chauffeur dit qu’il ne pouvait pas, qu’il attendait son client. Evidemment. On se demandait bien quel était le client. François Chaignaud, drappé dans son manteau blond de chèvre sauvage de je ne sais quelle région obscure du globe*, aurait très bien pu pénétrer la limo. A travers la vitre obscure d’un bar gay qui paraissait vide nous aperçûmes, au bout d’un moment, deux silhouettes qui fumaient tout au fond sur des tabourets comme blotties, dissimulées. Nous attendîmes. A un moment, le client apparu. C’était un travelo. Très beau, une blonde, riche, belle. Je m’approchai (ou elle, nous n’avions pas quitté la limo) et je lui demandai : « Vous allez à l’Amnésia ? – Oui (engageant). – Il voudrait aller avec vous (je désignai François comme étant le plus susceptible d’emporter son suffrage) » La travelo nous compta sur ses doigts – puis de tête – et, finalement décidée, dit : « C’est bon », nous intimant d’entrer les premiers. Nous étions dans la limousine. Qui roulait comme une navette spatiale. Il y avait la télé. Il y avait des petites lumières partout. La ville au-dehors n’était plus Lausanne. Oh, que non ! Nous étions des rois. Quelqu’un avait une bouteille de champagne. Nous étions enfin considéré (par le destin) à notre juste valeur. Nous étions au moins dans un film de David Lynch. Ça avait eu du sens d’errer dans le malheur jusqu’à présent. Nous étions sauvés. Notre ravissement ne dura qu’un moment trop court. A tout instant, la limousine s’arrêtait pour charger, à tous les coins de rue, des homosexuels déjà très éméchés. On aurait dit une rafle. Nous étions à présent serrés comme dans un panier à salade. La travelotte avait mal compté, fit remarquer François. François a une manière de décrire les situations en très peu de mots – mais formulés au bon moment – qui me ravit toujours. Aussi, il est très intelligent, il connaît le risque, le danger. Il est toujours à l’affût, comme un animal. Discret et à l’affût, exposé. Mais la travelotte était la reine, je ne la quittais pas des yeux. (J'ai oublié son nom, à présent...) Enfin, nous fûmes déposés près du lac, comme dans le conte de Pinocchio, le chat et le renard qui emmènent les enfants là où il ne faut pas. On s’occupa encore de nous. Par une astucieuse magouille, on nous fit entrer sans payer (de toute manière, après l’arnaque de la première boîte, et encouragés par notre nouveau classement, nous étions bien décidés à ne pas sortir un euro). Dès le dernier seuil franchi, au milieu du palais, celui qui nous avait fait entrer (avec force clins d’œil) nous dit : « Maintenant, c’est chacun pour soi... »

Gentil lecteur, à toi de finir ce texte. (J’en ai marre…)



*Agneau de Mongolie.

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Messianisme politique





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« Il n’est point de secret que le temps ne révèle »

« Jour après jour, l'Europe en perdition (si confuse, si ridicule, si décevante dans son impuissance) s'enfonce dans ce que personne n'a encore vraiment osé définir. Une zone grise, un paysage sinistré, un horizon sombre. La paupérisation est à l'œuvre, tel un spectre glacé. »



(Cliquer sur le titre pour accéder à l'article entier.)

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« On s’attendait à ce qu’il parle de théâtre et il vous parlait littérature, une lecture en cours dépassait invariablement de la poche de sa veste. »

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A propos d’un article de Pascale Fautrier

J’ai rencontré Pascale Fautrier dans la maison de Jacques Lacan de l’île de Ré quand j’étais avec Hélèna. Pascale est une spécialiste de Jean-Paul Sartre et – curieusement – de Nathalie Sarraute. Curieusement parce que Nathalie Sarraute avait l’impression d’aller à l’encontre de tout ce que proposait Jean-Paul Sartre. C’était même exactement le diable, c'est comme ça que je le comprenais. Claude Régy n'osait à peine lui avouer – au téléphone – qu'il avait accepté de monter Huis-clos au Français. Elle s'était alors écriée, délicate : « C'est la meilleure pièce de Sartre ! » (Ce qui fait que le personnage de Jean-Paul Sartre commence seulement pour moi à s’étoffer… J’ai lu récemment le livre de Claude Lanzmann, Le Lièvre de Patagonie.)
Cliquer sur le titre pour accéder à l'article passionnant de Pascale Fautrier.






Chère Pascale,

je lis et relis ton texte qui me fascine et m’éclaire sur bien des points. Tout un monde s’ouvre à moi. Il ouvre pour moi des perspectives que je ne comprends pas encore (mais sans doute bientôt). Pour moi, la démocratie – qui n’existe pas, mais dans son pauvre état actuel – est beaucoup plus menacée par le peuple que par ses institutions et ses élites. Tu rappelles l’abolition de la peine de mort. Mais 63 % des Français sont contre son abolition à ce moment-là. Et ces 60 % se retrouvent, je trouve, sur tous les sujets (ce n’est plus – en ce moment – la peine de mort) : il y a toujours – en France – 60 % de ce que j’appelle, moi, « l’extrême droite », mais qu’on appelle aussi « le peuple » qui résistent à toute avancée. Le chiffre ne change pas. Réactionnaire et non pas révolutionnaire. La difficulté de la politique, le faux de la politique, le toc de la politique vient de ce que tous les politiques, de tout bord, doivent puiser, pour être élus, dans ce réservoir sinistre et majoritaire. Je rentre de Suisse où « le peuple » a voté à 53 % pour la reconduite aux frontières des criminels étrangers. Le climat est sinistre en Suisse actuellement. Je ne vois pas ce que « le peuple » peut apporter – actuellement – à quoi que ce soit qui soit de l’ordre de l’espoir. Ainsi je ne différencie pas Jean-Luc Mélenchon de Marine Le Pen et je n’ai pas, pour ma part, attendu que Bernard-Henry Lévy s’exprime de cette façon sur le sujet (à Canal +, avec Manuel Valls, ce qui m’a surpris aussi). Il y a longtemps que je suis saisi d’horreur devant l’extrême gauche tout autant que devant l’extrême droite. Une sensation de cauchemar que j’ose exprimer depuis, en fait, pour moi, le référendum sur la constitution européenne où j’ai fait campagne (ça a été ma première campagne politique) pour le oui alors que tout le monde autour de moi était non. Le peuple résiste et ce sens n’est pas du tout le même que lors de la résistance (pendant la guerre) qui était au contraire très active. Il résiste juste à tout, à ce qui vient. Il conviendrait peut-être d’attaquer les riches et les de plus en plus riches (pour les sauver ?), mais sans compter sur l’aide du peuple qui est de leur côté – pour moi –, du côté de l’oppression... Constat sans doute presque désespéré, mais – bien qu’athée – « je crois aux forces de l’esprit » – et à la surprise de l’esprit et peut-être au messie... Ce n’est certes pas Jean-Luc Mélenchon qui l’incarne à mes yeux ! Mais ça pourrait être toi. Je préférerais

Yves-Noël






Merci de ton mot, Yves-Noël. L'objet de mon article n'était pas de transformer Mélenchon en nouveau messie, tu en conviendras. Je suis pour une union des gauches + les verts, pour un programme commun des gauches, qui serait le programme d’une vraie révolution industrielle verte + mesures drastiques contre les voyous financiers qui attaquent les états et leur refilent des investissements financiers pourris + une vraie politique de relance salariale ; on en est très loin.
Mais deux choses :
1. L'Europe est en train d'imploser et ce n'est pas la faute des « peuples » quelle que soit l'acception que l'on donne à ce mot. La faute en est plutôt que la situation des états est si grave, ils sont si réellement menacés par la financiarisation de l'économie (avidité de profit des plus riches dont les revenus continuent à augmenter et des banques dont les profits continuent également à augmenter) que c'est un retour au chacun pour soi.
2. Si en effet le danger politique en Europe est la montée partout des forces d'extrême droite (discours sécuritaires, racistes, de replis réactionnaires sur tous les plans, etc.), c'est précisément parce que les discours politiques depuis trente ans à gauche ont perdu toute perspective d'égalité et tout contenu de démocratie sociale. La question de la redistribution des richesses est devenue taboue : les pauvres de plus en plus pauvres, les riches de plus en plus riches (et il s'agit d'une très petite frange de la population). D'où exaspération des peuples face à la crise : regarde les chiffres de l'INSEE : en France 50% de la population vit avec moins de 1580 euros par mois ; 80% de la population avec moins de 3000 euros. C'est l'absence de perspective politique et de discours d'émancipation sociale (horizon d'égalité et de culture, temps partagé, etc.) : tout va dans le sens d'une régression sur ce plan : on remet en cause les acquis des années 50 et du programme du Conseil National de la Résistance) ; tous les médias se focalisent exclusivement sur les questions de société, la violence, etc. Des peuples, ça s'éduque ou, au contraire, on peut abrutir. Depuis plus de trente ans, on abrutit. Il n'y a pas eu de politique populaire de la culture dans ce pays depuis Malraux ; on a laissé se dégrader les télés qui sont devenues des poubelles, et tout sauf des instruments d'éducation et de culture, etc.
Bref, j'en tiens à mon idée de « messianisme politique » : pas de messie, personne ni aucun parti ne peut garantir les lendemains qui chantent, je le dis ; ce n'est pas ce que je veux dire ; je veux dire une perspective qui est nécessairement de l’ordre de la croyance, puisque désirer ce qui n'est pas, c'est croire ; je ne tiens pas un discours religieux, mais, au contraire, kantien, rationaliste : il vaut mieux savoir qu'on croit ; et, le sachant, délimiter le champ de cette croyance, ce que je m'emploie à faire : 1. la logique du droit du plus fort se reconstitue toujours, donc il s'agit pas de souhaiter une société purement égalitaire 2. il s'agit, contre les inerties du réel qui vont dans le sens de toujours donner le pouvoir aux plus forts (les mieux pourvus en capitaux symboliques, financiers etc.) de se battre pour qu'il n'y ait pas deux humanités : une humanité qui jouit de la consommation (une petite minorité : voir les chiffres de l'INSEE) parce qu'elle a le temps et l'argent, et une humanité qui bosse, ferme sa gueule, et n'a d'autre choix en rentrant à la maison le soir que de regarder une télé pourrie parce qu'elle n'a pas un rond. Se battre pour la promesse d'égalité sociale, de l'égalité de droit de tous les êtres humains, quels que soient leur couleur de peau, etc. Cette Promesse qui existe comme promesse messianique depuis la révolution française, et qui a eu ses victoires et ses avancées = 1936, le programme du Conseil National de la Résistance de redistribution sociale, de protection des plus démunis, qui est systématiquement mis à mal par ce gouvernement (lis les articles de Mauduit sur Mediapart, ils sont limpides et Médiapart ne roule pas pour Mélenchon) ; Se battre pour qu'on ne régresse pas et c'est ce qui est en train de se passer.
Réhabiliter l'exigence de démocratie sociale, C'EST LA SEULE MANIERE DE FAIRE REGRESSER les fascismes rampants de tous ordres, et la violence – qui va immanquablement monter au profit, comme toujours dans de telles circonstances historiques, des discours d'exclusion et de répression maximale.
Mon discours est un discours désespéré ; ça fait trente ans que ce messianisme politique est mis à mal, et principalement à cause de la faillite du marxisme (ce que je dis, c'est : le marxisme ne se confond pas avec ce messianisme politique, le marxisme a conduit à une idéologie millénariste (le paradis sur terre, c'est maintenant) au service d'un régime autoritaire où le pouvoir était confisqué par une nouvelle oligarchie étatique ; ce que je fustige, ce sont les gens qui mettent tout dans le même sac pour briser l'élan d'aspiration à la démocratie sociale, et j'essaie de remonter ce fil que Duras, par exemple, a vu se rompre, pour voir où ça s'est cassé et comment on peut réparer pour que, la démocratie, ça continue à exister – le désir de démocratie, la promesse démocratique qui a existé, qui a eu ses victoires !
Je vais dormir, bien à toi (Et personne n'est le messie ! C'est le discours qui vise à opposer politique et religion qui est un discours en réalité de retour au religieux : ça a existé, cette séparation des pouvoirs en France, c'était le second empire = église catholique ultra-réactionnaire et surpuissante d'un côté, préchi-préchant à tout va + pouvoir politique oligarchique ; la république s'est fondée contre ça (en passant sur le corps des communards massacrés). Si, si, je vais dormir..............)
Pascale Fautrier






Merci de cette insistance ! Ça me donne une force, si tu savais… Je vais lire aussi les articles de Mauduit. Je te suis à 100 %. En effet, la situation apparaît si extrême, si caricaturale qu’elle emporte mon engagement aussi ! Je cherche toujours ce qui pourrait être neuf pour sauver cette situation. Ton enthousiasme l’est, pas du tout désespéré, heureusement ! Je me demande de temps en temps une chose (une idée qui m’avait passé par la tête)… Bien sûr le luxe est agréable et humain (secteur qui – bien évidemment – ne connaît nullement la crise, en ce moment). Mais la richesse – je ne connais pas assez les riches, mais quand j’en croise, je suis frappé qu’ils ne pensent qu’à ça – mais la richesse, penser à l’argent tout le temps, est-ce que c’est si agréable ? Est-ce qu’il n’y aurait pas une troisième voie qui serait de ringardiser la richesse ? Et, finalement (happy end, ce matin), est-ce que ce n’est pas une des joies du dévoilement Bettencourt que d’avoir transformé Liliane – et François-Marie (l’ami de Sarraute), il en a pris un coup, aussi, c’ui-là ! – en ringarde ? Amasser comme des avares, ça ne peut être que le signe d’une dégénérescence. Là-dessus, peut-être, qu’il faudrait insister : les riches doivent se soigner ! Je rigole… C’est sans doute ce qui est théorisé sous le terme de « décroissance », n’avoir qu’une maison, pas deux, etc. Moi, un jour, j’ai fait un spectacle sur ce thème, sans électricité. A la bougie ? Même pas ! Noir total. Un des plus réussis. En attendant, je suis (enfin) à fond derrière toi et la lutte des classes – et je vais combler mes lacunes (de l’histoire récente et intellectuelle)… Et il se peut qu’un jour, on parle de tout ça en scène, parce que y a pas de raison !

Bien à toi, bonne journée

YN






Je te suis complètement sur la ringardisation de la consommation imbécile et la production de produits immédiatement obsolètes, etc. Ecrit des choses là-dessus dans mon « petit journal politique octobre-novembre » sur mon blog : http://www.mediapart.fr/club/blog/Pascale%20Fautrier
Si tu veux, je t'envoie une petite pièce, Face au mur, que j'ai écrite il y a quatre ans sur des caissières qui se révoltent et brûlent leurs têtes de gondole (c'est comme ça que ça s'appelle) : c'est pas « écrit », c'est plutôt un canevas sur lequel improviser à la commedia dell'arte ; tu peux en faire ce que tu veux.
Bien à toi,

Pascale Fautrier






Ah, oui, envoie !
J'ai déjà fait une pièce politique, celle de Nathalie Quintane, Blektre, dont voici un clip : http://vimeo.com/4197425
J'ai vu que tu avais aimé Les Acteurs de bonne foi. J'ai adoré aussi ! Virtuosité. J'en pleurais. Ce qui ne peut se dire qu'au théâtre parce que c'est le théâtre.
La fille qui joue Colette est une amie, Pauline Mereuze, je l'ai eue en stage en juin. Le gars qui joue Blaise, aussi est un ami récent, Olivier Veillon (il fait parti de l'IRMAR, Institut des Recherches Menant A Rien).

A bientôt

Yves-Noël






Yves-Noël, vu Blektre et j'étais en train de regarder monologue Vénus-Adonis : génial !! (J'en oublie d'emmener Léo à son cours de piano, regarderai fin plus tard...) Blektre très loin de ce que je t'ai envoyé, moins dans le spectacle total-synthèse totale vie-culture, rendre la vie plus intéressante que l'art, etc. mais, enfin, sait-on !






Ah, c'est bien que Léo fasse du piano, il est très doué, ce gamin !...

YN






Je disais donc (le gosse génial dort) : Vénus et Adonis, quelle performance d'acteur !! Quelle diction, quelle atmosphère immédiatement installée, légère, précise, directe, la poésie de Shakespeare toute crue !
Blektre : évidemment je pense à mon Face au Mur, dont le titre dit bien ce qu'il veut dire : on est au contraire de Blektre dans un espace-prison sursaturé de murs mentaux, du genre couple (hétérosexuel), de la misère sociale, 4 murs, du 2 pièces hlm, avec pour horizon l'enseigne clignotante rouge Supermarché et le parking, les têtes de pagode du supermarché, la télé, l'iconisation-stigmatisation des corps (les grands visages affichés en fond de décor à la fin : wanted+pub à l'envers). Donc à l'inverse de ce que je vois là : ce que j'en comprends : provoquer précisément des transgressions spatiales, gestuelles, de genre, de voix, de paroles à la fois minuscules et hénaurmes, très dansé en un sens (du Pina Bausch qui va au sexe) – et finalement des évènements = des clinamen (tu sais ça, Lucrèce, De la nature des choses, ces pluies d'atome qui subissent dans leurs trajectoires des déviations dues au hasard mais qui font que quelque chose se passe).
Ça peut se rejoindre (mais si, mais si : je me parle toute seule, ne t'inquiète pas) dans l'irruption baroque non des sexes (quoique : à scénographier – mais c'est vrai que le sexe et la violence se passent plutôt hors champ) mais des textes modernes anciens (Breton, Nadja/Ariane-Thésée-Bacchus), de la musique (lamento d'ariane Monteverdi) et de la danse – et qu'il faudrait beaucoup de corps, de vraie présence des corps, pour que ça passe, pour que cet espace saturé et clos se fissure. (Je pensais à Balibar pour la grande brune Odette-Anaïs, chanteuse ratée ou réussie/caissière gréviste.)
Je continue à regarder tes vidéos, bien à toi
(mais tout ceci trop long : j'ai peur de peser = en fait, aucune insistance, aucune « réponse » attendue, pure spontanéité bavarde, etc.)






Et aussi (Laurent Mauduit) :

http://www.mediapart.fr/club/blog/laurent-mauduit/021210/vive-cantona-vive-la-revolution

L'article de Pascale Fautrier sur Les Acteurs de bonne foi :

http://www.mediapart.fr/club/blog/pascale-fautrier/031210/les-acteurs-de-bonne-foi-marivauxjean-pierre-vincent

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Le Garçon qui a le don d’invisibilité



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Performance / YVES-NOEL GENOD : 25 et 26/1

Yves-Noël Genod crée des « expériences poétiques », non préméditées et très contextualisées, dans lesquelles il utilise tous les moyens du spectacle, afin de susciter chez le spectateur une expérience d’un ordre poétique « ou amoureux, c’est pareil ». Ses performances parlent de l'expérience d'être en vie, du goût d'exister.

Comédien, danseur, auteur et metteur en scène, Yves-Noël Genod a créé en sept ans une trentaine de spectacles reposant pour une grande part sur la performance et l'art du casting, des références absurdes, du comique, de la rencontre et de sa distribution dans l'espace. Formé au contact notamment de Claude Régy, François Tanguy ou encore Loïc Touzé, son travail et sa personnalité sont intimement liés.






On m'envoie de Bruxelles un projet de présentation pour que je donne mon accord. Je trouve que ce qui est dit est très gentil, parfait, même, mais l'argent qu'on me propose pour faire tout ce qui est annoncé là ne permettra rien. Ni art du casting ni moyens du spectacle (« tous » les moyens) ni références absurdes... La situation le sera. Tout ce que je pourrais faire, ce sera peut-être seulement une lecture, à la rigueur, et de quoi ? Alors ces quelques lignes sont mal venues (publicité mensongère...) Ou alors mes souvenirs.

Un rêve

Pauline Alice Macadré-Nguyen December 4 at 12:18pm
Dedans, on s'embrassait.

Yves-Noël Genod December 4 at 1:02pm
Ah, oui... Faut que j'fasse gaffe, tu ressembles à mon ancienne copine en jeune...

Pauline Alice Macadré-Nguyen December 4 at 2:04pm
Toi, pas tellement. Mais oui, fais gaffe ! Elle est jeune et elle sourit beaucoup.

Pauline Alice Macadré-Nguyen December 5 at 4:58pm
Et bizarrement encore cette nuit.
Il faut que j'en aie le cœur net.
« Le cœur net », marrant d'ailleurs comme expression.

Pauline Alice Macadré-Nguyen December 5 at 5:01pm
Deux rêves improbables, deux nuits de suite, une seule façon de savoir : il faut que tu m'embrasses vraiment, pour comparer.

Yves-Noël Genod December 5 at 5:55pm
T à Lausanne ?

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« « Die Kunst geht knapp nicht unter », qui signifie « L'art s'en sort, de justesse ». »

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Retour à la maison

Maintenant la nature du monde est le monde
Puis rapidement nous étions à Dijon
Et la douleur était anthracite il y avait moins de blanc
Et Julien m’avait mis entre les mains L’Homme approximatif
Alors
L’humanité
Et le reste
Le reste de la vie

La beauté elle ne compte pas
Mais elle existe
Ainsi nous ne pouvons
Que transformer du visible en invisible
– Quand nous y arrivons –
Et pour qui ?
Pour personne
Et cela doit nous réjouir (en plus)

L’existence possible de la force physique

C’est de détruire le cauchemar
Métal déployé
Les chevaux tout à l’heure les ânes
C’est cela la démocratie

Le pays enfin la France
Oui où il n’y a pas à être chauvin
Les autres pays la Suisse racistes chauvins
Nous n’y pouvons rien

Alors je lis cette phrase
Qui décrit parfaitement
L’état dans lequel je suis
« La région perdue des bords du fleuve était mélancolique »

L’état de déréliction

Et il y en avait encore une autre
Parmi tout le paysage
Réel
De toutes les phrases
– Les phases –
Qui disait :
« Le grand fleuve noir avec ses mornes rives se perdait rapidement à sa vue dans les ténèbres »

Et puis j’avançais lentement dans le texte
– Très lentement –
Et je lus encore :
« Le jeune garçon se trouva entièrement accablé »

Et la vie elle était neuve néanmoins
Elle était neuve certainement

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« les routes sourdes perdaient leurs ailes
et l'homme grandissait sous l'aile du silence
homme approximatif comme moi comme toi comme les autres silences »

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Thomas Gonzalez dans La Mort d'Ivan Ilitch. Photo César Vayssié.

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deux ânes d’une demi-crèche

grande folie de la montagne
dans des trous d’eau encaissés
avec nappe de brouillard
voile de brouillard
dilution de vapeur du brouillard
et les pierres et les rochers
sont recouvertes et soulignées
de pétales et de sourcils
d’une neige blanche envahissante

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