Tuesday, May 20, 2014



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D ieu étant plus seul que soit


Le 20 mai 2014, 

Bonjour Mesdames et Messieurs,

J’ai retouché le texte que j’avais présenté l’année dernière pour le rendre — si possible — plus clair quant à mes intentions. Ce texte, ce n’est pas là où la demande a achoppé puisque j’ai reçu en quelque sorte les « félicitation du jury » (au moment de l’entretien) pour son écriture et son intérêt. Je crois que c’est justement (c’est ce qu’on m’a dit), l’entretien lui-même qui a achoppé. Je pensais, au contraire, que l’entretien n’allait pas être un problème : après tout, je ne suis pas écrivain, mais comédien, l’oral, je m’y connais ! Mais il y a une différence, pour moi, entre jouer (pour moi : la plus haute activité humaine) et se vendre (pour moi : la plus basse) ; c’est ce conflit, sans doute, que je n’arrive pas à dépasser, qui a causé ma perte. Et c’est effectivement ce dont se plaignent souvent les artistes (les vrais) : de l’ambiguïté qu’il y a (de plus en plus, d’ailleurs) à devoir « convaincre » — on ne doit jamais « vouloir convaincre », ça, c’est une activité politique, les choses de l’art existent ou n’existent pas, mais, si elles existent, elles font leur chemin en secret et par affinité, capillarité... Comme ce chemin, on voudrait quand même le vivre avant sa mort (surtout pour un artiste de spectacles vivants !), on est amené à accepter le jeu cruel, scolaire de la compétition — jeu qui n’est, au fond, que l’antithèse de la démarche artistique telle que je la conçois : basée sur le non vouloir, tout au moins sur le non vouloir dominer le monde. C’est absolument antinomique. J’ai conscience de cette difficulté, du paradoxe qu’il y a donc à m’adresser à vous, et je sais aussi que, vous-mêmes, en avez aussi pleinement conscience et que chacun fait ce qu’il peut au mieux (dans des règles qui, de plus, s’ajustent chaque année). Un malentendu s’est produit à l’entretien. On a cru que je m’étais détaché de ce projet parce que je le minimisais et que je me minimisais — signes, au contraire, que mon adhérence à ce projet se précisait — les choses ne se font que dans des « zones » de poésie que l’on n’ « atteint » pas, que l’on invoque tout au plus, mais pas du tout à la surface publicitaire ou même de l’échange avec un jury parfaitement bien intentionné. Bref, j’ai cru que la chose était acquise et j’étais déjà au travail (c’est-à-dire : absent). Je serais ravi que vous me proposiez un entretien bis et je ferai un réel effort de « présence ». Le projet est le même que celui déposé l’année dernière, il me tient toujours à cœur et il est resté d’actualité. Depuis un an, j’ai continué à apprendre l’espagnol, je ne suis pas retourné au Mexique, j’ai crée deux spectacle à Paris, Un petit peu de Zelda, à la Ménagerie de Verre, et 1er Avril, aux Bouffes du Nord, ainsi qu’un spectacle à Marseille, au festival Actoral (et qui a été repris à Toulouse, au Théâtre Garonne), L’invention de la course à pied (et autres trucs). J’ai également donné un stage du Studio-Théâtre de Vitry intitulé « Casser une noix ». Ci-dessous des liens de vidéos courtes très belles pour ceux qui ne connaissent pas mon travail chorégraphique (ou, mieux dit, de « théâtre chorégraphique ») Merci pour votre attention,

Yves-Noël Genod

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