Monday, October 05, 2015

S eul devant une salle vide


Photo Marc Domage. Antoine Roux-Briffaud

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D épression


Un de mes spectacles les plus forts et les plus beaux et il n’y a personne. Ce que je redoutais depuis des mois arrive : il n’y a personne. On peut tout faire disparaître au théâtre, mais si le public disparaît, le théâtre lui-même disparaît. C’est quoi un métier qui n’atteint pas son but ? Ce n’est pas que mon métier, c’est aussi tous ceux qui travaillent dans ce théâtre. Personne ne veut venir, personne ne veut même se déplacer… Coiffeur pour chauves. Dentiste pour édentés. Chirurgien sans malades. Pour moi, c’est un spectacle sidérant, mais pendant que je le regardais encore une fois et que je l’admirais, je me faisais la réflexion suivante : Est-ce qu’il vaut mieux donner un spectacle sublime (un spectacle sublime veut dire qui donne beaucoup) à une population disparue ou donner un spectacle simple à des vivants qui le prendront sans histoire ? A qui ces tombeaux, ces leçons de ténèbres (et de théâtre) s’adressent-elles si personne ne nous en donne la contre-clé ? Il reste deux titres à trouver. Les Entreprises tremblées, c’est extraordinaire. Le prochain  s’appelle Or. Je propose pour le quatrième : Des filles à poil recouvertes de chocolat. Pour le cinquième, c’est N°5 et pour le sixième, si Des filles à poil recouvertes de chocolat n’a pas suffit à redresser la barre, je propose : T’as pété dans le micro ? — ce qui devrait nous permettre d’aller jusqu’à Leçon de ténèbres, le numéro sept, voire même jusqu’à l’épilogue, Rester vivant, que nous joueront le 31 décembre devant une salle glacée de vide, d'angoisse et de noir noir.

Les Entreprises tremblées, un de mes plus beaux spectacles, avec Antoine Roux-Briffaud, Odile Heimburger et Anna Perrin, se joue au théâtre du Point du jour, 7, rue des Aqueducs 69005 Lyon, à 20h, tous les soirs jusqu’à ce samedi. Champagne ! 

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V ous attend


Odile Heimburger

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Vincent Villemagne
Bonjour Yves-Noël,

C'est un beau voyage que tu nous proposes avec Les Entreprises tremblées.
C'est délicat et fragile ; ça aiguise notre regard et notre écoute.
C'est tout plein d'une immense douceur, et d'une immense douleur aussi... Les airs de La Traviata n'y sont évidemment pas étrangers.
Très belle image du début, statue christique offerte, dans un désert cru, recouverte d'une pellicule de ténèbres couronnée de blondeur. Au fil du temps et des mouvements, l'obscur se craquelle et la chair se fait jour. Puis la voix et le chant, hier et aujourd'hui, souvenir réhabité, une épure.
Les silences, les creux, un plateau soudain vidé, espaces de résonance.

Tu nous fais entrer dans l'espace du mystère et de la poésie.
On en sort nourri de quelque chose dont on ne se souvenait plus qu'on avait faim.
Depuis hier soir, le monde est différent.

A toi et à toute ton équipe, merci,

Vincent

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