Tuesday, April 27, 2021

« Moi je ne cherche pas avec mes poèmes à tout dire »

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S ouci de la Terre


Très touché de vous avoir entendu.e.s, comme je vous disais, vos textes faisant chimie avec votre franche présence. Vous pouvez avoir confiance, vos textes sont bons. Mais pour ne pas risquer de les détruire à l'oral, vous devez mettre toutes vos billes dans la vraie vie : vous êtes en train de vivre au présent. Jouir de ça : du bonheur de vivre, de cette plénitude, de cette force (même faibles, même malades : une plénitude). Alors seulement ce qui est vivant dans vos textes (ce qui veut dire ce que ça veut dire, littéralement et dans tous les sens) s'entendra — mais, vous, pour reprendre le titre d'un de mes spectacles (celui sur Baudelaire) lui-même emprunté à Houellebecq, vous devez absolument Rester vivant(.e.s). C’est-à-dire prendre — je le redis — toute la place de tout l'espace de la salle et au-delà des murs, du plancher (jusqu'à la Terre) et du plafond (l'étage au-dessus). C'est seulement — je le redirai — si chacun prend toute la place physiquement que des choses peuvent s'échanger. C'est l’espace, l'échange. Maintenant, dans le Bruxelles-Marseille, je lis les Géorgiques, de Virgile (dans une traduction récente de Frédéric Boyer). Vos textes extrêmement contemporains et le très-ancien, eux aussi, s'échangent chimiquement, car « Le nouveau, c’est en même temps l’ancien. Dans le nouveau l’ancien se reconnaît et devient facilement intelligible » (Adorno). Vous connaissez l'idée du poète (Thoreau) : « Il faut travailler à faire de chaque jour un matin ». Je vous encourage (de nouveau : fortement) à investir cette salle, ce n'est pas n'importe quelle salle, c'est exactement là où vous devrez vous produire. Allez-y dès que vous pouvez pour prendre confiance, en « ouvrir » l'espace, être bien sûr d'en faire un paradis, pas un enfer...


Au plaisir, en tout cas, dans une semaine, 


Yves-Noël

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