Sunday, September 05, 2010

Belle de nuit

"Tu sais, Neville, tu devrais écrire ta vie.

J'aurais l'impression de tricher. Ce sont les tricheurs qui écrivent leur vie."

Labels:

Belle de nuit

"C'est une humeur melancolique, et une humeur par consequent tres ennemie de ma complexion naturelle, produite par le chagrin de la solitude, en laquelle il y a quelques années que je m'estoy jetté, qui m'a mis premierement en teste ceste resverie de me mesler d'escrire."

Labels:

Vernissage, jeudi 9

Voyager dans son jardin

Deuxième jour

Aujourd'hui, Papi me donne un papier quand j'arrive. Il est assis dans l'herbe, moi aussi, je trouve tout très bien, je dis "très bien", ou "magnifique" ou "parfait" à chaque phrase que je lis. Aujourd'hui aussi - il faut peut-être que je précise un peu ce qui se passe - Philippe Chamaux et Frédéric Seguette m'ont proposé de travailler dans un jardin de Versailles avec deux danseurs africains (congolais) pour le festival Plastique Dance Flore qui aura lieu les 18 et 19 septembre - donc aujourd'hui aussi, à l'heure du spectacle, Papi et Dino ont dansé une des plus belles choses que j'ai vues de ma vie, c'était juste un cadeau immense, ce sont des danseurs exceptionnels, magnifiques, ils se connaissent extrêmement bien, ils sont reliés comme c'est pas permis, il peuvent être à la fois séparés par des années-lumière et ensemble, ils peuvent jouer la sagesse extrême et la nature, civilisation et sauvagerie, il faut imaginer que c'est Versailles, c'est-à-dire, ce que la France a de plus beau à offrir (en tout cas, aux étrangers) et qu'ils dansent dans un jardin, celui de la comtesse de Balbi, maîtresse du frère du roi (Louis XVI, je crois, enfin, bon...), qu'ils dansent là comme si c'était l'Afrique, l'Afrique qui est partout et que, moi, j'ai Tintin au Congo dans la tête et que, eux, ils ont, par exemple, Mozart ou Bach ou Picasso, enfin, ce sont des images, mais c'est ce genre de dimension et d'offrande que Dino et Papi sont capables de fournir...
Alors, ce texte, il paraît qu'il est de Toufik Idrissi, connais pas, mais je le recopie ici :

Comment aborder l'espace sans passer par l'image. Ne créer que de l'espace. De la présence. De l'absence.
Se méfier du dessin qui n'a que deux dimensions, trop complaisant, trop facilement beau.
L'espace du théâtre devrait être une émanation du corps et du mental de l'acteur. Il ne devrait pas exister avant lui.
Définir l'espace, c'est d'abord traiter les confins, les limites, le passage entre le fini et l'infini, entre le visible et l'invisible, le créé et l'incréé.

Restreindre, résorber le décor, le faire en creux.
Faire de la scène un lieu qui ne soit que de l'espace.
Préserver le plus possible de possibles.

Surtout mettre un terme à la catégorisation mutilante qui sépare espace et lumière. Comment peut-on encore travailler séparément.
La lumière, comme le son, comme les mille informations qui nous parviennent du corps vivant de l'acteur, crée l'espace.
Le décor doit laisser libre la place de la lumière, doit l'induire, la susciter, mais se retirer là où elle seule peut suffire : rapport elliptique de l'un à l'autre. Complémentarité. Economie.

Espace sidéral infini que traversent les rayonnements d'astres parfois morts.
Reculer les limites, jusqu'à l'improbable, l'indistinct, l'informe.
Être proche du chaos, toujours plus proche du lieu de la naissance.

L'espace du théâtre est un espace abstrait se nourrissant de la matérialité des éléments qui le constituent : terre, pierre, bois, verre, béton, métal...
Et souffle, geste, regard, désir... Vie.

Virtualité concrète.
Concrétisme et non réalisme.

Atteindre le complexe par le simple.


Ce texte me rappelle, moi, ce qui m'a fait moi, me rappelle presque mot à mot ce que pourrait dire Claude Régy, ce qu'il a dit de multiple fois - et dans les livres - et beaucoup d'autres... Et, tout à coup, il y a une communauté d'art qui va jusqu'en Afrique (jusqu'aux Pygmées dans la forêt) - nous sommes les enfants de Louis XIV.

Labels: